Samedi 24 mars 2007 à 21:00

    Impressions mêlées et incertaines. Les larmes dégoulinent le long de cet escalier interminable, c'est un coeur de plomb qui bat entre ses côtes. Elle descend dans les entrailles de la ville, pâle, anonyme, arrogante. Elle plante son regard dans tous ceux qui passent, et ça se crispe à l'intérieur, ça se chiffonne et se contracte. Les murs sont noirs, sous terre, et les gens gris. Déshumanisés. Pas elle. Elle, il y a un vide dans sa vie, et elle voudrait la cracher à la gueule du monde, cette absence. Mais les poings au fond des poches, elle avance, et les rails luisent comme de l'huile sous la lumière sordide. Toute seule. Toute seule pour le voir, tout ça, toute seule pour le ressentir. Et puis merde. Mains qui triffouille la poche, trouve ce qu'elle cherche, crissement du briquet. Elle est là, au bord de cette voie, et tous ces gens qui ne voient rien, tous ces regards perdus, toutes ces solitudes côte à côte, aveugles car ils l'ont choisi ; ces yeux horrible où se reflète la lumière glauque, ces yeux de spectre qui la transpercent comme si elle n'était pas là, juste sous leur nez.
    Elle a froid, mais ce n'est que le vide, ce n'est que le vertige, que cette envie de tourner les talons et de fuir. Oh, ce vide... à en crever. Elle se tient bien droite, toujours aussi arrogante, crachant négligemment la fumée en rejetant légèrement la tête en arrière. Elle crâne, la gamine, elle appelle les regards sans un mot, mais tous les yeux restent absents. Elle n'a que sa solitude pour lui tenir compagnie. Les minutes meurent et s'écoulent au ralenti. Touche d'éternité, l'enfer se trouve bien sous terre ; un sourire l'assombrit, elle est amère, écoeurée, et toujours cette envie de fuir - ou d'hurler ? Elle ne sait plus vraiment, elle n'a jamais vraiment su ; même quand il était là, elle s'effondrait pour un rien, fragile comme une voix qui se brise. C'est sûrement à cause de ce coeur lourd comme le plomb. De toute manière, à quoi bon se poser la question... C'est fini. Elle devrait avoir les pieds sur terre, mais le problème, c'est qu'elle les a déjà six pieds dessous ; et le nez en l'air pour percer le béton et imaginer là-haut, imaginer ses grands yeux qui la voyaient, eux. Elle piétine un peu, les rails vibrent, le train arrive. Les gens se lèvent, s'avancent, longent le train, elle en foudroie quelques-uns du regard, monte et s'installe finalement sur un vieux fauteuil en skaï qui grince. Un comme tous les autres.

[je taperais la suite plus tard. je suis relativement fatiguée, et surtout ces vers "Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main / Et fais-moi des serments que tu rompras demain"]

Jeudi 22 mars 2007 à 20:12

- Ca me dérange de pas passer beaucoup de temps avec toi. Pas toi ?
- Non.
- Ah. Donc, encore une fois, je m'assieds sur ce que je veux, c'est ça ?
- J'sais pas.
- Mais dis-moi...
- J'en sais rien, j'te dis.

C'est trop dur. J'abandonne. J'abandonne. J'abandonne. Je ne suis pas forte. Je ne suis pas exceptionnelle. Je le fais passer pour un salaud, là, je sais. Mais si vous saviez que j'ai réussi à être pire que lui... Ca fait tellement mal. Tellement...

Jeudi 22 mars 2007 à 20:00

    La dernière minute de ma minorité a été belle, allongée nue sur le canapé-lit défoncé, une cigarette au coin des lèvres, et lui, à côté de moi. Mais. Mon père a oublié mon anniversaire. Ainsi que Pop'. Mais le vide, ce vertige immense qui me saisit quand je pense à lui, et la douleur qui me tord le ventre à cause de ce qu'il m'a dit. Putain. Ca fait tellement mal que c'est au-delà des mots. Au-delà de tout. Je suis la douleur. Elle avait dit de moi "une déchirure vivante". Me revoilà. Fidèle à moi-même. Et toute cette haine, cette hargne au creux des tripes. Je le déchirerai, le lacèrerai, et l'aimerai.

So all that's left is the proof that love's not only blind but deaf ?

Ich weiss nicht mehr. Und alles ist einfacher auf deutsch, und ich will nicht mehr sprechen oder schreiben, ich will nur schreien. Es ist alles mehr als Worte, und ich habe nur eine Lust, schreien, schreien, wie ich unter seine Worte leide. Aber er wird es nie verstehen, und ich bleibe allein, und manchmal hab' ich dise Eindruck, dass ich mein ganzes Leben allein sein wird, nur mit dieser Sicherheit, dass ich so viel zu geben habe, aber dass niemand es will. Weisst ihr, wie es weh tut ? Wenn Leben leiden bedeutet, wäre es vielleicht besser, es nur anzusehen, und gar nichts machen oder erfühlen. Ich habe Lust, alles zu sagen, aber ich hab nich genug Worte.

Mardi 20 mars 2007 à 19:37

    Mais dans le fond, serais-tu capable de me dire qui tu es ? Qui je suis ? Démêler le vrai du faux ? Où s'arrête le vrai, où commence le mensonge, à moins que ce ne soit que l'illusion ? Oh, oui, l'illusion... Je l'étreints si souvent, cet amant si puissant... La plus belle chose au monde, et la pire à la fois, celle qui fait être à l'envers, exister en négatif, et crier tous les mots d'une bouche muette. L'illusion qui fait pétiller le regard ou le rend vague ; qui l'éloigne, la Perdue, la Brumeuse, loin du monde, loin des gens, loin du bord, à en basculer dans une folie furieusement délicieuse qui n'appartient qu'à elle. Une fuite ? Non. Un rire. Une trêve. Un moyen de se faire encore plus mal pour mieux affronter le monde, parfois. Mentir, un peu, beaucoup, et finalement passionément, mentir pour ne pas se mettre à nu, pudeur de l'âme, ou peur du jugement. Mais qui est-elle, après tout, je ne le sais même pas, c'est un papillon insaisissable, un courant d'air, qui, même si il disparaît, finit toujours par revenir souffler cette fraîcheur insolente sur notre coeur. Une douceur de boucles, de souplesse et d'esquive, une menteuse toujours pardonnée, mais jamais traîtresse, une arme autant qu'une plaie vivante. Elle est. Elle respire doucement, et sous ses apparences si calmes, elle peut frapper sûrement. Si entièrement elle-même. De qui je parle, peu importe, existe-t-elle seulement ? Un prénom léger et espiègle, un surnom si court, et si doux, tout en rondeur comme les deux courbes qui le commencent, une silhouette brindille, fugitive, discrète, les poings recroquevillés au fond des poches, et le regard si loin que personne ne peut savoir ce qu'elle regarde. Moi en tout cas, je ne le peux pas. Je ne le veux pas non plus. Son monde, sa douleur, sa joie. Je n'ai rien à y faire. C'est à elle.

J'ai oublié de vous dire. Elle est belle, toute en secret, toute en réserve. Un vrai papillon de nuit. Je vous le jure. Légère comme un rayon de soleil fort matinal.

Mardi 20 mars 2007 à 19:16

    La pluie lave le ciel, et son bleu brouillé réapparaît, pour être aussitôt englouti par un énorme troupeau de moutons noirs.  Ma nuit a été jolie, et laide à la fois, quelque chose d'un peu étrange, décalé, un moment où l'on se demande comment on en est arrivé là, à parler de douleur, de souffrance... Enfin, c'est lui qui disait ça. Moi je parlais de la vie, de ce besoin de vie qui explose jusqu'au bout de mes doigts, à m'en coller le vertige. Il me manque énormément. Je me rappelle, au début, on s'est promenés, je ne sais même plus où on est allés, ni quelle ligne c'était, mais on se poursuivait dans les couloirs du métro, on slalomait entre les gens, et l'on riait, comme deux enfants. Et maintenant, je me réveille et il est déjà au travail, et je suis là, je reste au lit, je l'imagine un peu, je me rappelle de lui, de son corps, et je me rends compte que je suis seule, terriblement et désespérément seule, allongée dans ce canapé lit défoncé, avec ce cendar plein à côté de moi, et ça me donne envie de m'appuyer aux murs pour les repousser et respirer, ça me donne envie de l'appeler, envie de croire qu'il va venir, mais c'est faux, tout ça, et je le sais parfaitement. Je ferme les yeux et me berce d'histoires, comme quand j'étais petite. Et là, j'attends sa voix, parce que je vais devoir lui dire que vendredi on ne se verra pas parce que je travaille, et que... Oh, si vous saviez... ça fait quinze jours que nous n'avons pas vraiment passés de temps ensemble... Et ça fait un vide dans ma vie, un vide en forme de lui. Et puis non, c'est trop triste. Vraiment trop triste.

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