Mercredi 14 mars 2007 à 9:35

    Accroche-toi, raccroche-toi aux restes de ton coeur gangrèné par les souvenirs. La lumière jaune coule du plafond au sol, dégouline sur toi, et rampe jusque dans les moindres recoins. Tu souris, tu aimes ? On pourrait aussi bien dire que tu hais. Tu vacilles, chancelles d'un extrême à l'autre, lumineuse et rayonnante, discrète et renfermée. Tu glisses, te redresses, ton coeur palpite, ta main se crispe sur un dos, un souffle dans ton cou, même là, où en es-tu ? Aimes-tu ou hais-tu ? A demi-nue, tu continues d'avancer dans le brouillard, la vapeur t'entoure, t'obscurcis, tes poumons noirs halètent, tu cherches mais rien ne te semble réel, ce n'est qu'une vaste comédie dont tu es spectatrice et qui te laisse indifférente. Les autres valsent autour de toi, tu les vois se faire et se défaire, quelqu'un tient ta main, et tu l'aimes, mais d'une manière si intérieure que même toi parfois tu n'y crois pas. Ferme les yeux, agrippe-le et laisse-toi emporter. Laisse-toi perdre le contrôle, laisse-toi faire confiance, donne-toi une chance, donne-toi le droit, pour une fois.

Mardi 13 mars 2007 à 18:59

    J'ai un nouveau portable, je l'aime bien. C'est si bon d'avoir un portable qui fonctionne vraiment après m'être tapé des portables pourris. Une jolie paire d'escarpins, une belle paire de ballerines et une paire de Converse (fonctionnel). J'ai faim. Demain je dors chez lui. Alors je m'enfuirais vite. Au lieu d'aller à la fac je crois que j'irais me promener, faire un peu les boutiques, ou peut-être aller à Notre-Dame avec un bloc-notes pour tracer les pleins et les déliés de tout ce qui me passe par la tête. Faire la photo que j'ai répérée il y a trois mois avec C., cette photo que j'ai laissé mûrir dans un petit coin de cerveau. Il y a des choses qui demandent de prendre son temps si on veut vraiment bien les réussir. Peut-être même juste prendre le soleil sur un banc. Aller aux Tuileries. Inaugurer mes ballerines dans Paris. Glisser sur les Champs. Faire les boutiques, avec trois euros en poche, mais rire. Prendre le métro. Rentrer chez lui, prendre les clés sous le paillasson, et en deux temps, trois mouvements, m'avachir devant la télé. Oh oui, ce serait chouette...

Mardi 13 mars 2007 à 13:12

Fond musical :

Gorillaz - Last Living Souls

Lundi 12 mars 2007 à 16:01

    J'aimerai pouvoir me réveiller tous les matins pour qu'il me dise au revoir et lui répondre tous les jours "A ce soir !". J'aimerai avoir ma brosse à dents à côté de la sienne, et mes affaires dans sa penderie, et rentrer tous les soirs non pas chez lui, mais chez nous.
    J'ai dix-huit ans dans dix jours. Il fait beau dehors, je m'ennuie, je n'ai plus de clopes, de toute manière, je suis trop seule. Je viens de passer une journée face à cet écran, j'ai mal aux yeux, et envie de sortir. Je ne dors pas chez lui le week-end prochain, pour cause de restaurant avec mes parents, pour lui de visite à ses parents, et de JAPD lundi à Versailles. En espérant que ce coup-ci il n'y ai pas de grèves sur la ligne C. Ma vie est palpitante. Et demain, back to the fucking fac. Rien que d'y penser, j'en fais de l'urticaire, et le pire, c'est que c'est vrai.

Lundi 12 mars 2007 à 14:04

    Lou, tu sais, ces mots, tu ne liras pas. J'écris toujours des lettres à ceux qui ne les liront jamais. C'est comme ça. Je les appelle les lettres avortées. Peut-être que tu la liras, plus tard, quand il sera trop tard pour comprendre encore ce que j'ai pensé, ressenti au moment où j'ai écrit. C'est ainsi, et tu le sais, je suis comme ça. Je me rappelle de Dresde, l'année dernière, et le théâtre. Cette pièce m'a marquée. Engel, Tod und Teufel. Si sombre, et à la fois si lumineux, et cette phrase lapidaire, "das Kind war tot". Et la boîte. Tu t'en souviens, de la petite boîte que tenait l'ange à la voix si pure ? Oui, je sais que tu t'en souviens, à cause de la voix qui s'en échappait quand elle l'ouvrait. Oh non, c'était ça que l'on chuchotait, entre nos dents serrées et nos rires nerveux, et ma main crispée sur ton bras, là, au dernier rang de fauteuils du théâtre, et Pauline qui n'avait pas voulu venir à côté de nous, et Mehdi si loin. Je ne me rappelle plus vraiment des histoires, je sais que c'était sordidement beau, mais je me rappelle de l'angoisse qui nous tordait le ventre et le rire, et du verre de vin si l'on répondait au questionnaire, celui que l'on a pas bu.
    Il y a aussi toute l'année dernière, si chaotique. Je venais te chercher tous les matins, et j'étais en retard tous les matins, et je t'envoyais un sms, et je courrais à moitié en tirant sur ma clope, et j'arrivais avec un point de côté et un rire essouflé. L'hiver, le froid me faisait pleurer, et à travers le brouillard de mes yeux, je te voyais assise sur le bord du trottoir, fixant ou le ciel, ou le sol. On s'écoutait raconter, ou nous nous écoutions nous taire. Nous avons toujours plus su par nos silences que par le reste. Il reste toujours une légère brume dans tes yeux, mais comme je te l'ai déjà écrit, tu es un papillon de nuit, fragile, insaisissable, attiré par la flamme qui danse, quitte à s'y brûler les ailes, et je ne saurai peut-être jamais pourquoi, je ne saurai peut-être jamais ce qu'a été ta vie, ni quels garçons tu as connu. De toute manière, tu es de celles que l'on ne retient pas, fragile et farouche, forte et terriblement vulnérable. Il y a des promesses que je t'ai faites, il est vrai, et je m'efforce de les tenir. Garder un oeil sur toi, que tu restes dans mon champ de vision. Il y a eu la soirée passée dans la cave, et celle des feux d'artifice, et celle du canapé, les soirées MCH où l'on rentrait à pied à la fermeture, il y a eu les après-midi shopping, et les après-midi photo, et les Haribo, les Lucky Strike, les Dark Dog et les Despé, le Martini, le rhum et la Zubrowka, les chicha, ton piano, et les étoiles.
    Si j'écris aujourd'hui ainsi, c'est que c'est toujours pareil. On s'est perdues quelques mois, on ne voulait pas savoir, on ne cherchait pas, on fuyait. Pas spécialement l'une l'autre, non, on fuyait les cinq, ce qui nous apparaissait si faux, comme des amitiés bradées, des réductions arbitraires, injustes et insensées. Et puis, au bout du compte, cela ne change rien. C'est quand on sent quelque chose comme ça que c'est si joli d'aimer des gens, si joli de vivre.

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | Page suivante >>

Créer un podcast