Mercredi 29 septembre 2010 à 0:39

Je reçois des messages durs et méchants.
Moi je m'en fous, c'est la pluie de la nuit de Montreuil sur mes joues, c'est le photographe qui s'avance sous cette pluie que je vois. Un message en italien pour me dire bonne nuit, il m'appelle ragazza.
Je sais la journée dans la pénombre de l'appart' à jouer à la console, un joint à la main, je sais la douceur de la nuit, je sais son visage quand il dort et sa lumière quand il sourit, je sais sa tristesse parfois et souvent son vertige.
Je me fous de la dureté et de la méchanceté. Je me fous des reproches et de la culpabilité.
Il y a trois mois, j'ai juré de ne pas tomber amoureuse, de ne pas envoyer de longs mails d'explications, et de ne pas demander de justifications.
Il y a trois mois, j'ai juré de me taire sur cette relation.
"Qui comprendrait ?" On s'était demandés ça, les yeux dans les yeux, un murmure dans la nuit.
Qui comprendrait cette alliance de paumés, de coeurs ébréchés, de mains avides de contacts, de bouches affamées de baisers, avec pour simple condition : donner et recevoir, sans se poser de questions, sans rien posséder, sans rien retenir ?
C'est une vie au jour le jour, sans certitude aucune, une vie de rêveurs, une vie de fous qui pensent peut-être parfois avoir trouvé la solution, pas de tromperie et pas de rupture, et nos libertés absolues.
Et longtemps, longtemps, quand il sera parti, j'aurais la nostalgie des nuits de Montreuil, et de sa main dans mes cheveux, et de ma bouche au creux de son cou.

Dimanche 26 septembre 2010 à 11:43

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Les jours s'empilent.
Je travaille comme une bête, malade. Toujours debout, je cours entre les tables et me méfie quand le bateau tangue sur la Seine. Mes jambes sont douloureuses, mon dos aussi, je porte des plats toujours plus lourds et il faut aller vite, vite, vite.
Ni' me dit : "Tu vois, May, t'es mieux ici qu'au bureau, je te le dis, May, crois-moi." Je le regarde et je n'ai pas d'avis là-dessus. Ici ou ailleurs je m'en branle, la seule vérité, ma seule religion, c'est le chèque dans la boîte aux lettres à la fin du mois. Le reste je m'en fous violemment, peu importe les heures et le travail à faire, il y a la vérité des chiffres sur mon compte. Mais bon, ça ne fait pas partie des choses que l'on peut dire, ce serait leur dire : "Je me fous de vous, de vos vies nazes, regardez-vous, dans cette boîte on est tous alcooliques jusqu'à la moelle, défoncés à l'occasion, alors quoi, on peut rien faire de nous." Du coup je souris de ma tête de petite poupée à frange, je secoue un peu mes cheveux pour la galerie et m'éloigne.
Je me rappelle d'une conversation avec le photographe.
"Tu vas finir bouffie par l'alcool, comme ma mère.
- Non.
- Si, je te le dis.
- Non. Regarde tout ce que j'ai fait comme conneries, même, regarde, on a dormi 2 heures cette nuit et hier on a bu et fumé comme des porcs. Est-ce que j'ai plus de cernes que ça ? Est-ce que j'ai les yeux rouges, la peau blanche, le visage gonflé ? Non. Et pourtant ça fait des années que je vis comme ça, mais on ne dirait même pas que je suis majeure."
Il m'avait répondu que si ça ne se voyait pas à l'extérieur, en revanche il n'aimerait pas voir l'intérieur de mon corps.
Sur le bateau, ils se mettent à danser le madison, je me marre dans mon coin, serrée dans mon châle. Lo' me dit qu'avant que je ne me change pour travailler j'ai une dégaine de nana louche. A cause du jean noir, de la mini robe noire courte par dessus, du châle, de la casquette, des mitaines et du gros blouson noir. Il m'engueule, d'ailleurs, il me dit : "T'as choisi de pas faire beaucoup d'études alors que t'es intelligente, c'est ça ?
- Bah euh, intelligente, je sais pas. C'était facile, les cours, en tout cas. 
- Bah bravo. Regarde où t'en es : à faire la plonge. Bel avenir."
Je me sens comme giflée et je le regarde, incrédule. Il sort une bouteille du frigo, et me ressert un verre. "Allez, sans rancune."
La journée continue, je suis fatiguée, j'ai froid, Ni' passe et me serre l'épaule, il paraît que j'ai vraiment l'air enfantine quand je suis fatiguée.
On débarque, je croise le photographe qui s'étonne que je n'ai pas eu son message, oui oui on va boire un verre ensemble demain.
Dans le métro, les CRS et les flashballs.

Jeudi 23 septembre 2010 à 12:17

Dansons dans Paris, dansons dans les bars, crions dans la rue, débattons-nous, et les nuits et les nuits de Paris.
C'est vrai que Paris est une pute, on l'aime autant qu'on la déteste.
Et toujours toujours la nostalgie quand on la quitte.
Je suis tombée amoureuse de cette ville, de ses bars, et même de ses banlieues. Je suis amoureuse du Canal St Martin et de la Seine, de la rue Mouffetard, du quai des Grands Augustins, du Marais.
21 ans et la vie au bout des doigts, le métro le matin avec le photographe pour aller prendre un petit dèj', mes yeux endormis, et lui inquiet quand il voit que je me sens mal parce que mon corps se rebelle face à ce que je lui fais subir, il me prend le bras, nerveux, me demande si ça va, je me tais, je ne peux pas parler, il m'entraîne m'assoir plus loin.
Paris et l'indifférence, Paris et l'anonymat.
Tu peux crever dans la masse, tout le monde s'en foutra. Le monde continuera de tourner. Et c'est bon parfois de se sentir aussi insignifiante.

Dimanche 19 septembre 2010 à 11:59

5h30 le réveil sonne, au radar, c'est parti pour 14h de boulot, pas le temps de manger, pas le temps de s'asseoir.
Pas le temps d'oublier l'apéro pourtant, du picolage gratuit, kir cassis, champagne, bière.
00h je pars du travail, le dos broyé, la tête dans le brouillard, j'appelle Blondinet qui me dit que U2 c'était génial, un truc de taré, qui s'étonne de ma froideur et de ma voix blasée, presque agressive, qui ne comprend pas qu'après 14h de taf on a envie de mots gentils et que le concert de U2 on s'en branle carrément, je me mets en colère, de toute façon je ne regagne pas ma banlieue à cette heure-ci, je mets le cap sur Montreuil. Et U2 c'est de la merde.
Dans le métro je me rends compte que j'ai oublié de me changer, alors c'est pour ça le regard des hommes, c'est à cause de ma jupe, je sors mon paquet de tabac et je me roule une clope, j'ai oublié mon feu au boulot, mais ça me calme, ça m'apaise le papier si fin et le tabac entre mes doigts.
Le photographe m'appelle, inquiet de ne pas avoir de nouvelles, il m'attend, il entend ma voix cassée fatiguée, il me dit : "Hé, ragazza, toujours avec le sourire, hein !" Il est chez lui en train de discuter avec sa coloc' et un américain, je me vautre dans le canapé, il me sert un verre de porto et me tend un gros joint, y'a pas à dire, il sait m'accueillir. Je suis éclatée, passive, les écoute parler, mais je n'ai rien à dire, je comate doucement, il a un peu trop bu, comme souvent, il s'anime, se raconte, rebondit, digresse, perd le fil, et conclut par "Anyway, you see what I mean" et éclate de rire.
Dans la journée il m'a déjà dit que je suis jolie habillée tout en noir. Et déjà la dernière fois chez lui, il a dit que j'étais la seule à l'envoyer chier, la seule devant qui il se sent con, la seule qui démonte ses raisonnements, il dit devant Waz et Ludo que je suis fatale.
Quand on est seuls, il dit que je suis inoubliable, magnifique, il me demande de venir le rejoindre aux Etats-Unis après son départ, il me caresse les cheveux avant que je m'endorme et prend ma main, il dit qu'il sait qu'en fait je n'appartiens à personne et que c'est une leçon de savoir qu'on n'appartient jamais aux autres, il dit que parfois il sent mon odeur sur lui, même quand je ne suis pas là, même quand il ne m'a pas vue depuis plusieurs jours ou plusieurs semaines. Je lui demande si on se revoit bientôt, il me dit de ne pas m'inquiéter.

Lundi 13 septembre 2010 à 23:39

L'été agonise.
Moi je compte les jours, je compte les nuits passées avec lui.

Et dis-moi alors 5 nuits à se serrer l'un contre l'autre, et nos corps emmêlés qui n'ont jamais su trouver la jouissance, que ce soit au creux des nuits à peine étoilées ou dans les petits matins gris de Montreuil, dis-moi, 5 nuits si tendres et si connes, c'est quoi ?

On est de sales cons, joli garçon, de très sales cons, des sales gosses trouillards et capricieux, la larme à la joue, l'ironie à l'oeil et le joint à la bouche, et on ne ressemble à rien, et tu fuis et tu reviens et tu t'en iras, et moi je resterai, je resterai dans Paris et je me soulerai encore et encore et je tituberai dans les rues et je me tordrai les chevilles sur les pavés et il n'y aura plus ton bras auquel me rattraper, même plus ton image, il y aura les regrets et l'estomac qui me pliera toujours en deux et je cracherai à nouveau du sang.
Y'aura tout un océan, tout un océan.
De quoi se noyer, en somme.

Ca ne me fait pas peur.

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