Lundi 31 mars 2008 à 22:58

"Tout est à écrire."
C'était sa phrase. Et pourtant face à toutes ces lettres à tracer, je ne parviens pas à me souvenir. Une lettre après l'autre pour faire du sens. Comme si il y avait un sens.
J'ai attendu nuit et après nuit et jour après jour, patiemment. J'attendais que tes mots sonnent en moi et y trouvent un écho. J'attendais de voir tes yeux s'éclairer en me voyant. Je sentais ta main se glisser sous mon t-shirt, le grand que je mets pour dormir, et je souriais et me laissais faire. Mais je savais pertinemment que ce n'était que l'ordre de la vie, que ce n'était pas ce que j'attendais. Je ne faisais pas semblant, je ne me mentais pas. Tes mots semblaient faux, ton indifférence non, et j'ai décidé de m'en moquer. Toi et pas un autre. Toi et moi contre les autres. C'était une bravade de petite fille, vaine et fragile. Je n'aurais pas du m'en moquer, j'aurais du réfléchir un peu. Mais il n'y avait que toi pour moi sur la Terre, et moi qui n'était pas pour toi.
Maintenant, tout est à écrire. Mais j'ai oublié, j'ai oublié ce que c'est de se projeter, de rêver à soi dans dix ans. Une belle maison, un mari, deux enfants et un chien ? Un deux pièces, des amants de passage et un chat qui ronronnera le soir sur mes genoux quand je regarderai la télé seule ? Tout est à écrire mais rien ne vient, parce que je le sais très bien, je n'ai pas le talent, je n'ai pas l'assurance, je n'ai pas les épaules pour ça. Moi sans toi comme une chose qui n'existe pas, une mutilation affreuse sortie d'un cerveau dément. Moi sans toi comme j'ai essayé de me l'imposer plusieurs fois ; mes yeux bruns loin de tes yeux verts, ma main loin de la tienne et nos deux corps à nouveau étranger comme si jamais tes yeux et tes mains et ta bouche ne m'avaient explorée.
Tout est à écrire mais la page a de grandes chances de rester blanche. Coincée loin en arrière dans mon crâne embrumé, dans mes souvenirs mièvres et doux et heureux, les yeux dans le vide et un sourire vague aux lèvres, l'asphalte trempé reflétant la lueur des feux rouges, mes talons obsédants sur le bitume, et pas un mot, juste ma main glissée dans la tienne et toutes deux glissées dans ta poche, comme font les autres, les heureux, les complices, les bénis.

Lundi 31 mars 2008 à 2:19

Le trou là dans le ventre. Dans la tête. Dans le coeur.
Sans importance.
Je peux continuer à marcher les yeux flous. Je peux continuer à halluciner la rue. Je peux continuer à lever le nez et à regarder les étoiles. A m'arracher la peau dans le noir. A vivre aussi normalement que je le peux. Avec tout ce poids là derrière moi.

Il aurait fallu être belle. Au moins un peu jolie.
Il aurait fallu être fière.
Il aurait fallu être digne.
Il aurait fallu ne pas toujours dire oui.
Il aurait fallu être douce.
Il aurait fallu être tendre.
Il aurait fallu être forte.
Il aurait fallu être joyeuse.
Il aurait fallu ne compter que sur soi.

Je peux toujours rire et sourire. Je peux toujours dormir et rêver et chialer des nuits entières. Ca ne me touche pas, ça ne me touche plus.
Ce n'est pas important.

Il faut juste savoir oublier. Fermer les yeux. S'écrouler. Et rire.
Se souvenir des jolies choses.

Dimanche 30 mars 2008 à 21:31

Les ronds obsédants des gouttes dans les flaques d'eau. Le ciel uniformément gris et moi pas à pas vers chez moi, mes pas dans toutes les traces que j'ai laissées sur ce trajet, ces chemins de nuit de rires et d'alcool. Comme un peu de nous partout. Et la longue bande de pelouse vert tendre avec toutes ces petites fleurs multicolores dessus. Juste avancer se souvenir et rire un peu. S'emmerder et emmerder les autres. Par dépit. Se dire que le week-end ne sera pas pour soi. Parce que rien, parce que d'autres ont décidé ainsi. Être amère au début et puis s'en foutre, se dire "Hé mais j'ai la clé de son appart' et il ne sera pas là..." Mais dans le fond se foutre de ça aussi. Travailler trois heures par jour, cinq jours par semaine, dépenser plus de fric que je n'en gagne, être une vraie branleuse. Retourner glander sur un canapé-lit défoncé et mater des films. Finalement ne pas rentrer chez moi. Juste avoir des conversations à la con. Et pas tellement d'espoir quant à une évolution de ma condition. Branleuse tu es, branleuse tu resteras. Parce que pas le courage, pas l'énergie, pas l'envie. Se coucher tard, ne pas entendre son réveil, arriver en retard, à l'ouest, les yeux rouges et cernés, les traits tirés et le teint blafard. Sourire aux clients, mater le joli brun accoudé au bar, envoyer les plats n'importe comment et s'en foutre. Attendre une accalmie pour sortir cloper. Manger à 15h, attendre le blé, me tirer. Et recommencer.

Samedi 29 mars 2008 à 10:45

J'ai la plus belle chose du monde dans un coin de mon crâne. Tellement jolie je ne saurais même pas vous dire.
Le ciel resplendit. Je n'ai besoin de rien d'autre.
Juste peut-être un peu de nostalgie ? C'est vrai il y a eu une époque où le ciel était plus bleu et les jours de pluie étaient beaux quand même, comme quand on partait boire des cafés ou des bières à la sortie du lycée... Les rires étaient plus francs, l'angoisse moins palpable, nous étions toujours tous les quatre, pendant ou en dehors du lycée, nous nous tenions chauds au coeur. On s'envoyait des messages idiots, on mettait au point des systèmes à la con pour que je sois à l'heure pour aller chercher L. : "Bon, quand il est 8h02 à mon four j'te bipe et tu pars." On s'est retrouvés une fois pour boire de la vodka et de la bière dans ma cave, d'autres fois ailleurs, et la dernière fois c'était en mars et il n'y avait que L. et moi dans ma cuisine. Et aussi au bord du lac en train de chanter Santiano. Et Jean-Louis. On parle on parle mais il se fait tard, c'est bientôt la fin du monde et j'ai plus rien à boire ! Et parler à un ancien bûcheron trop bourrées, en avoir marre et lui dire qu'on doit partir et le regarder s'en aller en ricanant sans même avoir levé les fesses du banc. La voir arriver, l'entendre dire "Viens on rigole" et éclater de rire. Paniquer pour elle et l'appeler en pleine nuit au point d'exploser mon forfait. Croiser ses amis, et elle qui croise les miens qu'elle ne connaît pas. Rire, boire, chanter, chialer, se consoler, regarder les étoiles, danser la macarena avant un feu d'artifice, prendre des milliards de photos, courir la nuit en talons, flipper et ricaner, parce que nous on est des grandes gueules : "C'est pas un chemin pour que deux jeunes filles rentrent seules la nuit... - Vous inquiètez pas, j'crois qu'on va réussir à s'en sortir toutes seules !" et ricaner au visage du pervers.

Jeudi 27 mars 2008 à 17:34

Au radar. Chaque jour. Pour rien.
J'aime le printemps et pourtant les fleurs de cerisier me laissent indifférente cette année. Quand j'étais petite je secouais les troncs des plus petits arbres pour faire tomber les pétales en une neige douce. Je me suis perdue quelque part, je ne saurais jamais où. Tant pis si c'est pompeux. Tant pis si ça vous paraît surfait. Ca ne l'est pas. Je laisse les apparences aux autres. Au moins ici.
Je n'ai pas de style particulier, je n'ai rien de remarquable, et ma vie non plus. Je n'ai pas de talent. Je n'écris pas pour vous, j'écris pour moi, et pourtant j'aime vos commentaires. Je suis narcissique sans m'aimer. Je me vautre dans mon marécage mental. Je lis jusque tard dans la nuit. Je bouffe n'importe quoi. Je vais n'importe où, à n'importe quelle heure. Je fais de longues listes de "Il aurait fallu...". Un exemple ? "Il aurait fallu être fière." Je suis peut-être un peu jolie, mais je ne suis pas belle. Le Beau, c'est ce qui plaît universellement et sans concept. Cette phrase n'est pas de moi, je n'aurais jamais pu l'écrire. J'écris en face de chaque lettre de l'alphabet les mots qui commencent par cettre lettre et qui me viennent à l'esprit. Je souffre de multiples addictions. Je fais des articles moches et bêtes. Je le sais et m'en contrefous. Je me trouve également désespérément puérile.

Et je n'ai plus confiance en D. Je ne chercherai plus la vérité. A quoi cela servirait ? Il y a eu trop de mensonges, ce n'est que du gâchis.

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