Vendredi 29 avril 2011 à 18:28

 Le hasard me ramène aux mêmes lieux qu'autrefois, dans une autre vie que je n'aimais pas, où j'étais une autre fille un peu cinglée dans le mauvais sens du terme.
Mon sac à main est plein de livres, Villon, Steinbeck, Vian, Verlaine, poètes ou écrivains, je dévore.
Ma vie se précipite, s'accélère, je bats la mesure de la musique du pied, toujours, tout le temps. Et puis l'atmosphère lourde, encore un orage à venir mais probablement pas pire que celui qui nous a surprises, elle et moi, sur les routes de Vendée, et le mec en costard qui gueule qu'il faut abattre ce monde de milliardaires, poésie de la banlieue parisienne.
Paris, en lettres capitales dans ma vie, Paris que j'aime et que je fuis. Hier encore, on m'a parlé d'un mort.
Je n'ai pas forcément le crâne au beau fixe, qui l'a encore par ces temps qui galopent ? Rester dans la course, se maintenir, peu importe que ce soit en queue ou en tête, l'essentiel, y parvenir.
Lapidaire et parfois elliptique, souvent cynique, je n'ai pas changé, non, mais je sens que c'est maintenant qu'il se passe quelque chose, pas à un autre moment.
C'est maintenant.
Je n'ai pas besoin de raisons pour écrire. Stylo et papier ou clavier, peu m'importe. Du bout des doigts, toujours des choses qui me viennent du fond du ventre, des cris ou des soupirs. 
Le métro vibre sous mes pieds bien que je sois au deuxième étage, une rose fanée, un appareil photo, des clopes, un stylo, un cendrier, un pack de bières éventré, et à côté, la chambre en bordel, le lit aux draps souillés et défaits, les fringues par terre et les livres qui jonchent les meubles, mon univers.

Jeudi 14 avril 2011 à 20:23

"Dis bonjour au 93 et à Paris de ma part, dis-leur que je les aime mais qu'ils ne me manquent pas.
- Si tu veux, je dirai aussi à Paris, de ta part, qu'elle est une putain.
- Paris, c'est plus une pute. Paris, c'est une ex."

Mon short, mes talons hauts, les couloirs du métro, les gens bêtes et ceux au regard salace, envieux, admiratif, absent, triste, au choix.
Le monde au bout des doigts, je rentre plus chez moi, c'est où chez moi, dites-moi ? C'est partout et nulle part à la fois, c'est là où je me trouve, où j'ai été, où je vais, chez moi, tout ça, ma petite tête décoiffée et le tac-tac de mes talons qui résonnent.
Une cigarette calée au bout des doigts, je me lance, l'instant rêvé, je songe éveillée, pas besoin d'orgueil, ni de me battre, les yeux d'Angie sourient, et tout au fond, cette pointe de nostalgie qui trouve un écho dans mon sourire.
Toutes les histoires se ressemblent, les miennes n'échappent pas à la règle, mais quelque part, je ne peux m'empêcher de me dire que nous, on peut. On peut tout faire. Tout. Mettre le monde à nos pieds, à genoux. On peut réussir nos vies, on n'est pas condamnés à rater éternellement ce que l'on entreprend.
Ca n'efface rien, ça ne guérit pas non plus, mais ça soulage.
J'en ai aimé, des mecs, des cons, des beaux, des moches, des intelligents, des sans-le-sou, j'ai grillé les nuits comme des milliers de cigarettes, j'ai été ivre souvent et je le serai encore, d'alcool ou de sentiments. Ou de vie, tout simplement.
Je me tiens bien campée sur mes deux jambes, et j'ai envie de remercier les salauds et les paumés de m'avoir aidée à faire de moi ce que je suis.
Et puis, je gueule toujours la nuit dans Paris, ça oui.
Parce que peut-être que pour moi aussi, elle sera bientôt une ex. Brûler encore un peu sa peau de goudron, et puis la quitter.

Mardi 12 avril 2011 à 18:56

Le Palais de Tokyo, les grands crus dans un chalet au bord d'un étang au milieu des bois, et puis un message qui me demande où est L', je ne sais pas où est L', on me demande si elle est retournée à l'hôpital alors je manque une respiration, cette fille, je l'aime et je ne sais pas ce qu'elle devient.
"Viens vivre avec moi.", oui il prononce ces mots face à la Seine, j'ai plus de papiers, plus de CB, et deux larmes qui roulent sur mes joues, qu'est-ce qu'on fout ?
Je porte un jean de mec et une veste Harrington, mais sur moi ces fringues sont bizarrement androgynes, mes cheveux sont décoiffés, je ne dors plus jamais chez moi, le photographe et moi on se poke plusieurs fois par jour et il raconte qu'aucune fille n'est aussi belle que moi et il écrit : "Ragazza". Trop con, tout ça.
Le Farfadet dit qu'il m'aime, qu'il m'aime plus que tout, qu'avec moi tout ne peut qu'aller bien, je n'aime pas quand il dit ça mais au fin fond de moi je sais qu'il est sincère, et ça m'émeut trop fort.
Je suis de retour dans la même ville que les Yeux Verts, à 15 minutes de l'ancien appartement où il vit encore sans que je n'y ai mis un orteil depuis trois ans, dans cet appartement où on avait choisi la peinture et le papier peint ensemble. Bizarre. Quinze minutes, trois ans, des yeux extraordinaires, des doubles de clés, histoires parallèles qui ne se ressemblent pas.
Là normalement je n'avais pas le temps, j'ai pris le temps, je prends le temps, parce que quand sa main serre ma nuque par moments je ne sais plus où j'en suis, je ne suis pas parfaite loin de là, je connais le prix à payer et suis surprise parce que là, il n'y en a pas (encore ?).
Un type me dit que je suis la Mère, comprenez la Mère de toutes les mères, quelle symbolique. Comme si j'avais le monde au creux des paumes...
Je vais repartir, déjà, je pense sérieusement à déménager, très sérieusement, une fois que j'aurais réglé plein de détails chiants, j'y pense et je flippe très fort en même temps.
Pourtant, chaque fois qu'il me demande où je dors, je lui réponds : "Chez nous." mais peut-être que je fais une très grosse connerie.

Et puis il dit : "Je connais au sûr trois personnes au monde qui regardent en face ce qui fait mal et l'accepte : toi, Dass et moi. Par contre j'suis pas sûr qu'on soit les moins cinglés."

J'ai laissé un message sur le répondeur de L', ma voix tremblotante, L' qui ne rappellera probablement pas, je vous en prie, je ne sais pas qui je prie, je veux juste qu'elle soit heureuse et en vie, L' je l'aime, je l'aime tellement, tellement que j'en ai été lâche, ses ailes si frêles, L', je t'en prie, oui en fait c'est toi que je prie, s'il te plaît, vis.

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