Lundi 31 mai 2010 à 11:11

On m'a souvent dit que j'étais une groupie.
J'aime les guitaristes, les bassistes, les cheveux longs ou la boule à zéro, les blousons en cuir, les baggys déchirés, les piercings et les yeux rouges, la nonchalance, je trouve qu'un mec qui allume ses clopes à son zippo est le summum de ce qui se fait de sexy, les théories à la con, les nuits à ne pas dormir et à parler de tout, à refaire le monde ou plutôt à le démonter mot à mot.
J'aime aussi les informaticiens qui te piratent tout et n'importe quoi en un battement de cils, leurs réponses à tout, leur manière de rationnaliser les choses.
J'aime les photographes qui te montrent une autre réalité, une beauté insoupçonnée, qui se montrent eux-mêmes dans leurs photos, j'en connais un qui me dit souvent "Des nénettes m'envoient leurs photos soit-disant pour faire un book, mais qu'est-ce que j'en ai à foutre moi, c'est pas ça que je cherche, j'm'en fous de leurs p'tits culs, de leurs seins, de leurs cheveux de princesse et de leurs bouches en coeur..."
Peut-être qu'un jour je serai fatiguée de tous ces gens qui se cachent derrière leur guitare, leur ordinateur, leur objectif pour voir le monde autrement. Peut-être que je n'y trouverai plus aucune poésie mais bien de la lâcheté.
Mais toujours on se demande en quoi avoir foi, quand tout paraît tellement vain et que l'on regarde le monde s'agiter absurdement.
J'écoute les histoires de ces garçons, de tous, sans jugement, je les écoute, et les quitte nouvelle et différente à la fois. Parfois je me fais l'impression d'être une éponge, tellement j'absorbe facilement tout ça.
Casper me dit d'arrêter de réfléchir, de tout analyser, de tout regarder, il me dit que c'est dingue d'être comme ça, qu'on peut pas vivre comme ça, en apprenant par coeur un cours en l'ayant lu deux fois et de ne pas être foutu de se rappeler de ce que l'on a fait la veille. Il dit que de tout voir comme ça ça fait trop de mal.
Il me dit d'arrêter mais moi tout ce que je peux voir quand je rentre de chez lui ce sont les tâches de sperme sur mon débardeur ou ma jupe, camouflée sous un de ses sweat à capuche, je regarde le ciel qui pleure et je sais qu'il ment parfois et qu'il n'y croit pas. Et je ne peux pas faire semblant de ne pas le savoir, ou alors il faut que je m'anesthésie le crâne et même là, parfois, ça me transperce la tête.

Vendredi 28 mai 2010 à 13:55

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Je me fais une petite cure bière-somnifère-argile rouge-lexomil-aerosmith pour fêter la fin de mes examens, de mes études et mon entrée dans la vie merveilleuse des chômeurs.
Je perds la notion du temps.
Blondinet me manque mais Casper aussi.
Je suis rentrée sous la pluie hier, je pleurais même pas. Et pourtant vu ce qui tournait dans ma tête ça m'aurait fait du bien. Même quand je regardais par la vitre du bus l'eau qui ruisselait ça ne me donnait pas envie. Je donnais des coups de coude à la grosse à côté de moi qui parlait fort et m'écrasait contre la vitre, j'avais envie de la pousser, de la piétiner.
Même Casper m'a dit : "Allez, pleure un gros coup, ça ira mieux, sors toute cette tristesse et cette colère." J'ai rigolé. J'ai dit que je ne pouvais pas, qu'avant je pleurais tout le temps, pour rien, que je pouvais pleurer une nuit entière, sans exagération, je pouvais pleurer chaque heure, chaque minute, chaque seconde pendant toute une nuit mais maintenant si deux larmes s'accrochent à mes cils et qu'une roule sur ma joue, il faut déboucher le champagne.
Il dit qu'il m'aime. Moi je ne l'aime pas mais il me fait du bien.
Blondinet est revenu me parler. Je lui envoie des messages, de temps en temps, auxquels il ne répond pas. Ou alors il me dit d'aller me faire foutre. Mais il resurgit ensuite.
"Sur les ruines de mon coeur dévasté pousseront bientôt des fleurs sauvages dont le parfum dira un autre nom que le tien."
Je lui ai écrit ça dans la lettre que je lui ai envoyée.
C'était la première fois que j'envoyais une lettre à un garçon.
J'ai signé, tout simplement : "Marie."


Mercredi 12 mai 2010 à 19:32

Les messages qui font peur dans la nuit, comme le filet de sa voix qui m'appelle au loin, et moi qui ne peut rien.
Blondinet est venu, il a pris mon visage dans ses mains, il m'a appelée Marie, il a essuyé mes larmes, il m'a embrassée et je lui ai dit d'aller se faire foutre. C'est dingue de dire comme ça à quelqu'un qu'on aime à en crever : "Va te faire foutre", la clope aux lèvres et l'arrogance à la pupille, campée bien droite sur ses pieds, détacher chaque syllabe et les articuler avec délectation, lenteur et violence.
Ce soir-là je me suis sabotée en ayant pleinement conscience de ce que je faisais. J'ai chuchoté insolemment dans la nuit : "Tu vois, il y a les gagnants et les perdants. Va te faire foutre parce que je n'attends rien, parce que je n'espère rien et que je fais partie des perdants." Je me suis sabotée et il le savait, il me regardait, impuissant, tout foutre en l'air, me foutre en l'air, il me tenait contre lui et m'a repoussée, dégoûté.
Il n'y a rien à espérer de lui, ni de moi.
Et cette joie mauvaise qui est montée en moi.
Et ce sourire amer sur mes lèvres. Quand je disais "Non, reste, t'inquiètes, je vais pas crier, j'ai plus la voix, et je vais même pas pleurer. Ou presque pas. Je vais être sage."
Cette joie mauvaise en moi.
J'aurais voulu mettre le feu au monde et brûler avec lui.
Ca ne m'a pas empêchée de me pointer au bal de promo avec Casper et de me souler au champagne en tailleur Ted Lapidus.

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