Lundi 26 octobre 2009 à 8:58

Je suis debout, en haut d'une colline. Nous sommes en vacances, ou en week-end, quelque chose qui ressemble à ça. Derrière moi, une maisonnette de plein pied, avec la fenêtre grande ouverte. Quelqu'un que je connais s'affaire dedans. En bas de la pente, des chevaux blancs et élégants passent, montés par des petites filles blondes, parfois bouclées. Mais une n'arrive pas bien à tenir sur son cheval, immense, vraiment très haut sur ses pattes, et une autre petite fille n'arrête pas de la pousser, si bien qu'elle finit par tomber.
Derrière moi, depuis la fenêtre, une voix m'apostrophe et m'insulte, un petit vieux chauve et édenté est à la fenêtre de la maison, je me campe sur mes pieds et l'engueule, lui disant, méprisante, qu'on ne parle pas comme ça aux gens. Je m'éloigne, je vais m'asseoir et continue à regarder passer les chevaux à la lisière du bois, puis je me lève et descend le long de la colline, jusqu'à un petit ponton pourri et branlant au bord d'un fossé sur lequel tout le monde finit par se rassembler, les petits garçons poussant les petites filles qui ont laissé tomber leurs chevaux qui s'enfuient en hennissant et les mères poussant tout ce petit monde, indifférentes. Le ciel, jusqu'à présent bleu et paisible, se couvre terriblement, le vent se lève, il ne pleut pas, mais c'est un ciel de fin du monde, toute la foule commence à s'agiter, comme si une catastrophe était imminente, et je m'enfuis en courant à toutes jambes à travers champs, comme si quelque chose me poursuivait.
Plus tard, je suis à l'hôpital, je sais que j'ai quelque chose de grave mais je ne sais pas quoi, je suis allongée sur un brancard, en face de moi un mur de carrelage blanc, à ma droite aussi, et je devine que derrière moi il y a une longue file d'autres brancards. J'entends le bourdonnement des néons, mais bizarrement la lumière est bleue-verte. Je dois me faire opérer mais je ne veux pas, l'infirmière a un chignon sous sa coiffe, elle aussi est blonde, mais son visage est sévère, inhumain, et elle se contente de répéter avec haine "Je dois vous anesthésier", et je pleure, je me débats. Elle m'attrape finalement le bras, et plante sèchement son aiguille plusieurs fois, ratant la veine, mais elle sourit cruellement et je n'arrête pas de pleurer, je la vois planter et replanter la seringue dans mon bras jusqu'à ce que je tombe dans les vappes.
Encore plus tard, je me réveille sur un autre brancard et quelqu'un est à côté de moi, parfois c'est mon petit frère et parfois c'est mon amoureux. Je suis très mal et je vomis, je finis par ouvrir les yeux et vois que je suis en fait dans une baignoire remplie de sang, je hurle, je veux sortir de la baignoire mais je n'y arrive pas, je suis trop faible, et je panique. Il finit par m'aider et nous sortons de la pièce par une ouverture dans le mur masquée par un rideau et tombons nez à nez avec un miroir. Nous sommes trempés de sang de la tête aux pieds, malgré tout je vois que mon visage est blanc, que j'ai des cernes immenses, et je me mets à rire. Je regarde mon compagnon, et je lui dis :
"Heureusement que tu es là, sinon je deviendrai folle, surtout que je sais qu'ils ne m'ont pas encore opérée, ils vont devoir me réanesthésier et j'ai peur, mais heureusement t'es là sinon je serai folle."
Il rit, et à ce moment-là il est mon amoureux. Je regarde autour de moi la pièce rectangulaire, sans fenêtres, je sais qu'elle est en sous-sol, carrelée du sol au plafond, la table d'opération métallique trônant au milieu, et toujours le bourdonnement des néons. Partout, au pied des murs, court une petite marche. Au milieu, sur le mur d'en face, il y a un énorme écran plasma, éteint. Sur la marche qui fait le tour de la pièce, des vêtements de médecins et d'infirmiers : certains sont verts et d'autres sont bleus. Tous sont macculés de sang et jetés par terre, en boule. En fait, tout le sol et les murs sont jonchés de boules de coton imbibés de sang, et de tâches rouges partout, coagulées ou pas, de même pour la table d'opération. Je sens une angoisse folle monter en moi, mais je ris, je me tourne encore vers celui qui m'accompagne et dis :
"Je n'aime pas trop cet endroit, t'as vu tout ce sang... Ca va aller, hein ? Dis, tu restes avec moi ? Ca va aller ?"



Si je m'en rappelle aussi nettement, c'est que je viens de me réveiller.

Dimanche 25 octobre 2009 à 19:31

On roulait et on se taisait, je repensais à la veille, où nous roulions aussi fenêtres ouvertes dans la nuit, il roulait vite, comme toujours. Nous allions dîner et puis dans une fête foraine, encore, j'avais une migraine à me taper la tête dans les murs mais je riais, j'avais le vent dans les cheveux, et toute la vie devant moi.
Mais tout à l'heure nous ne parlions pas, mon regard était tendu droit devant sur la route, nous ne savions quoi dire car je repartais, seules nos mains se parlaient, les doigts s'entremêlaient, se serraient, se caressaient, se disaient toute la tendresse que nous n'arrivions pas à prononcer.
Et encore les quais de gare, que je déteste parfois, quand la tâche blonde de ses cheveux s'éloigne à contre-courant de la foule, et que je n'ai pas pu m'empêcher de me retourner, perchée sur le marche-pied.
J'arrive Gare du Nord, après la campagne, la ville, je reprends un train, cavale après un bus, ce soir attendue dans le cimetière, demain dans l'appart', ce week-end en Picardie, celui d'après à Agen, le temps de rien, de ne me poser nulle part.

Jeudi 22 octobre 2009 à 18:54

Se lancer dans la vie active (pas même 21 ans)
Les billets dans le sac à main
Il était joli, le petit minet dans le métro, avec sa barbe-duvet et ses yeux gris
On serait tout seul, ce serait pareil
Bah alors ma belle, ça faisait longtemps qu'on ne t'avait pas vue !
Excusez-moi, monsieur le banquier, il faudrait que vous leviez l'opposition que vous avez mise sur mon compte (conard)
J'peux te filer quelque chose, mais tu seras dans les vappes (j'ai eu foutrement envie de dire oui, oui, oui)
Et la foule m'écrasait.
Je me suis réveillée à 5h30, je n'ai jamais réussi à me rendormir
T'as une sale gueule, t'es pâle, t'as des cernes
Elle est gentille, mais elle serait pas hyper con ?
Et là, après lui avoir collé deux baffes, ses lunettes sont tombées, et je les ai écrasées d'un coup de talon en rigolant
J'te file les 10 € qui restent la semaine prochaine (mais je ne veux plus te voir après, rends-moi mon fric, et casse-toi, jamais plus tu me regardes de la tête aux pieds et tout ce que tu penses dans tes yeux avides)
Mais Princesse, tu es avec un handicapé
Manu m'appelle Bad Boy, à présent
Dis, Blondinet, tu m'as écrit une chanson ? Appelle-moi Marie. Personne ne m'appelle Marie.
Meuf, j'viens demain à 13h, j'en ai rien à foutre, j'serai devant ton école, et j'aurai une foutue gueule de bois
Do you travel ? - Yes. - How often ? - Every week-end.


"Je voyais à dos raidi que je l'agaçais. C'est étonnant, l'expressivité d'un dos - qu'une nuque crispée puisse vous dire Je ne t'aime plus qand le visage encore n'y arrive pas."

"Je garde ce que je peux de mon moi mauvais mais vivant."

"J'aime le péril... les précipices..., les dés qu'on jette étourdiment en pariant sa vie entière, et je n'attends même pas qu'ils aient fini de rouler pour décider de ma ruine. Me perdre, j'aime aussi, à l'occasion. C'est moi. Rien ne m'en guérira."

"   "Bébé, implorait Scott, arrêtons ce cirque, veux-tu? Accordons nos violons." (...) Mais moi, qui ne connaissais pas la métaphore populaire, j'ai entendu : "Accordons nos violences", et j'ai dit oui, tout de suite."

"Sa poitrine chaud s'étendait tel un continent et sur ce continent j'étais bien.
J'avais la paix, enfin. J'avais l'amour."

"Les gens qui s'aiment sont toujours indécents."

" (...) écrire c'est passer tout de suite aux choses sérieuses, l'enfer direct, le gril continu, avec parfois des joies sous les décharges de mille volts."

"Nous avons commencé par formé un couple homosexuel, brillant, soudé et scandaleux. Scott haussait les épaules quand je parlais de nous ainsi. Pourtant, je suis sûre de ma perception."

"Scott m'avait chargée de draguer les bootleggers là où nous arrivions, afin qu'il ait la meilleure gnôle de tout le comté. Scott ne rigolait pas avec la qualité de sa gnôle. Et je le faisais de bon coeur.
Si je l'avais vraiment aimé, est-ce que j'aurais fait ça ?
S'il m'avait vraiment aimée, m'aurait-il demandé ça ?"

"Retire-leur le mot Dieu, et ils sont tous bons pour l'asile."

"On dit que ma folie nous a séparés. Je sais que c'est juste l'inverse : notre folie nous unissait. C'est la lucidité qui sépare."

"C'est à dire... personne ne sait comment on a pu s'aimer au départ, ni comment on s'est supportés toutes ces annés. Au départ je me foutais de lui, à la fin il se foutait de moi."

Alabama Song, Gilles Leroy


http://smoking.gun.cowblog.fr/images/ZeldaFitzgerald.jpg

Mercredi 21 octobre 2009 à 15:40

j'ai de la fièvre, vacille sur mes talons, mes jambes découvertes sont trempées par la pluie et je titube dans les couloirs du métro.
écrits de train, mots de voyageuse (plus de 1000 kilomètres parcourus en un mois...), je hante les quais de gare et squatte sous les affichages des trains. On me voudrait plus fixe, on voudrait savoir d'où viennent les maigres sous qui partent invariablement en paquets de Lucky Strike, je ne lâche rien.
Je relis Alabama Song entre deux cauchemars et quelques correspondances. Mes doigts frémissent de fièvre et mes yeux brillent, je me glisse sous la douche sans savoir si je tremble ou si je brûle, si l'eau me réchauffe ou me glace.
j'attends une voix qui ne résonne pas, les mots s'envolent trop vite et je reste seule, glacée, épuisée. la logique ne s'en mêle pas, seuls mes pieds restent douloureux de mes trop hauts talons et mon crâne lourd d'heures à veiller en plein milieu de la nuit, luttant contre le sommeil à cause de la foule oppressante.
le moment vient d'ôter mon jean troué pour un pantalon correct, d'enfiler de jolies chaussures, de relever mes cheveux et de partir réclamer mon dû, car je n'y comprends rien et que je continue à frissonner.
idiotie : j'ai un imper, mais pas de parapluie.

Lundi 19 octobre 2009 à 21:57

Elle s'accroche à mon bras, les larmes et la morve coulent, elle me dit :
"S'il te plaît, meuf, s'il te plaît, prends le prochain train."
Et mon coeur flanche, j'acquiesce, je lui dis que je la poserai à son école, je lui dis "Je vais le défoncer, ce fils de pute." et elle me dit non, elle me dit qu'elle l'aime, je lui tends une clope et lui dis de la fermer.
Je finis par prendre le train, arriver beaucoup plus tard, j'ai la migraine, mes mains tremblent, j'ai envie de chialer et de frapper tout ce qui passe à ma portée, de lacérer le monde entier, et je la ferme, je descends, souris, lui fais un petit signe de la main. On voit le haut de mes bas à la limite de mon short, je me fous qu'on me regarde mal. Je passe le week-end dans le noir, lui s'occupe de moi comme un ange, comme un putain d'ange, ça me fait limite un mal de chien.
On finit le dimanche au porto dans le cimetière, j'ai toujours mal à la tête, ils montent sur la table et chantent "Tripote-moi la bite avec les doigts" et je taxe des fins de clopes. La bouteille est vide.
Les étoiles et la nuit sont froides, on passe par des rues que je voudrais éviter, mais c'est plus court, mais il fait froid, mais je me sens vide, mais je me sens morte.

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