Lundi 27 avril 2009 à 22:22

A quoi ça sert d'être trop grande, à quoi ça sert qu'on me dise jolie, à quoi ça sert d'essayer de faire du sens ? Quand le trou dans le ventre n'est jamais comblé, qu'on me l'a juste fait oublier.
Il y a quelque chose que je cherche. Simplement j'ignore quoi. Mais je crois que ce quelque chose ne se niche pas dans les bras trop rassurants des garçons, entre leurs épaules larges et leur cou qui sent bon.
Parfois je crois que c'est quelque chose que je devrais trouver seule, en moi, et je ne trouve pas.
Parfois je me sens déplacée. A côté de la plaque. Et alors j'ai violemment envie qu'on m'oublie.
Et parfois aussi, je me sens comme une merde.
Comme aujourd'hui.

Dimanche 26 avril 2009 à 10:44

La fin est là, je pensais pas que ça pouvait faire aussi mal, je pensais pas. J'aurais voulu que les choses soient différentes, j'aurais voulu qu'il soit capable de me dire "oui". Parfois rien qu'un mot change tout, c'est tellement con et absurde. Moi qui voulais ne jamais rien regretter, je me rends compte que ce n'est pas possible, je me rends compte que l'absence me déchire le ventre, je me rends compte que j'ai encore laissé une partie de moi. Mais jamais je n'avais été malheureuse comme ça, jamais, c'est pire que du chagrin, c'est pire que tout, c'est le trou vertigineux dans le ventre que rien ne peut combler et que lui savait me faire oublier, au-delà des mots et des cris et des larmes. J'ai tout perdu.

Jeudi 16 avril 2009 à 21:26

Il faudrait encore écrire des choses qui touchent, peut-être, mais quand je rentre le soir je suis tellement épuisée que je n'ai même plus la force de penser. Les seules choses qui me viennent parlent de ces phrases qu'on aurait jamais du dire, de celles aussi qu'on aurait jamais du entendre, de celles dont on dit "T'inquiètes pas, ce n'est rien, c'est déjà oublié", et qu'on ne pardonne jamais. Ces phrases qui restent froissées au fond, qui se tassent un peu, qui restent comme des mensonges, comme une rancoeur qui ne dit pas son nom. Qui découpent méthodiquement les liens entre les gens, un petit peu plus froidement. Qui ont un aspect de fatalité, quand on sait que juste là, juste à ce moment précis, quelque chose s'est fêlé.
Je croyais qu'on pouvait surmonter ce genre de brisures, à force de temps, d'amour et de compréhension, à force de conneries comme ça. Je croyais.

Jeudi 9 avril 2009 à 22:12

Il est venu me chercher à Jaurès, il était en retard, je l'ai attendu 30 minutes à la sortie du métro, et puis il a grimpé les marches, mon Frk, mon frangin. Il m'a claqué une bise, et bizarrement a sorti un paquet de clopes de sa poche. Sans commentaire il m'en a tendu une, je l'ai pris par le bras, je lui ai souri, et on s'est éloigné. Il m'a raconté, il m'a expliqué ce qui s'était passé et pourquoi il était là, et je me taisais et je souriais de temps à autre, mais ce n'était pas drôle et je ne savais pas quoi faire d'autre que de hocher la tête de temps à autre et de sourire en tirant sur ma cigarette, je me sentais foutrement conne avec mes sourires à la noix, j'aurais voulu le serrer dans mes bras, lui dire c'est pas grave, t'inquiètes pas, mais ça sortait pas, alors j'ai continué à me taire. Il fumait lentement, il parlait doucement, et ses yeux gris étaient plongés je ne sais où, dans un endroit forcément un peu sombre. On n'avait pas vraiment l'air triste, on allait quand même pas faire une séquence émotion, on allait quand même pas en rajouter à côté du clochard en train de gerber, merde, c'était déjà suffisamment glauque comme ça... On a fini par grimper dans le métro pour rentrer, on a marché aussi, et à un moment ou à un autre j'ai posé ma tête sur son épaule, il n'y avait rien d'autre à faire.

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