- Tu m'aimes ?
- Ouais. Non. Peut-être.
- Tu voudrais faire l'amour avec moi ?
- Oui.
- Pourquoi ?
- C'est comme ça, c'est tout. J'en sais rien. Tu me manques.
- Toi aussi. Mais les choses ne sont plus ce qu'elles étaient...
- Pourquoi ?
- Tu comprends pas. C'est compliqué. Tu peux pas comprendre. Je ne suis plus la même. Toi non plus. C'est tout.
- On s'en fout, on s'entend bien.
- Comme si ça suffisait.
- Ca pourrait suffir.
- Ca pourrait. Mais pas là. Là ça suffit pas. Je ne veux pas te faire perdre ton temps. Je ne veux pas me compliquer la vie. Je veux être sincère, honnête, droite. Une fille bien.
- T'es une fille bien.
- Non. Un an et demi se sont écoulés depuis la dernière fois qu'on s'est vraiment vus.
- Mais on se connaît tellement. T'es dans mon crâne. Tu sais comment je fonctionne. Et moi aussi je sais. Tu es une nana bien. Drôlement bien pour moi.
- Va te faire foutre.
Si on avait été sincères, ça aurait ressemblé à ça.
Samedi 26 avril 2008 à 13:33
Vendredi 25 avril 2008 à 18:39
Comme une vision floue.
Des questions qu'il faudrait savoir se poser. La sincérité, au moins envers soi-même...
On a pas toujours envie de savoir. C'est lâche, tant pis.
Où aller ? Avec qui ?
Pourquoi ? Pour quoi ?
Aurais aimé. Savoir.
Juste l'incertitude. De mon corps à ma tête. Qu'est-ce qui va ? Qu'est-ce qui ne va pas ?
Le manque d'intérêt.
Et si l'on me demande pourquoi je fais ce que je fais, je n'ai pas à expliquer.
Ca me regarde.
La justification... n'existe pas.
Avoir envie d'être à soi. Et rien qu'à soi.
Plus envie d'accourir comme un chien que l'on siffle.
Envie d'un peu plus de dignité.
Lassée. Déjà. C'est si long, et si court... et si triste. Mais pas surprenant.
Un jour, tu verras, je penserai que c'est mort. Cela viendra d'un coup et tu ne comprendras pas. Un jour j'en aurais assez. Et moi non plus je ne comprendrai pas.
Les gens ne sont pas des jouets.
Les gens doivent garder leur dignité. Il faut protéger.
Protéger celui qui ne protège pas.
Pourquoi ?
Parce que. Tu sais. Ca n'a pas de nom, c'est une corde tendue au travers de toi.
Une ligne de conduite ?
Presque.
Un moyen de se racheter ?
Peut-être.
De quoi j'ai envie ?
Aucune idée.
De qui j'ai envie ?
De toi. De moi. De n'importe qui.
N'importe qui tant qu'il y a une ressemblance.
La culpabilité ne suffit plus ?
Non. Elle ne suffit plus. Et pourtant tout n'est pas encore mort.
Tout ne ressemble qu'à des couleurs imprécises.
Et personne à accuser...
Jeudi 24 avril 2008 à 21:00
J'ai une saleté d'envie d'expliquer mais vous ne comprendriez pas. A moins de l'avoir vécu. Ou à moins d'être vraiment tolérants.
Et puis, il y a-t'il vraiment quelque chose à expliquer ?
Si naturel et décomplexé.
Si naturelle et décomplexée.
A l'aise. J'ai enfin été dans ma peau comme dans du satin.
Alors la justification n'a pas d'importance.
Je n'ai rien à expliquer. Et pourtant je voudrais vous le dire. Parce que c'est tellement énorme. Tellement trop gros pour être à l'intérieur de moi, pour mon corps et ma tête et mon coeur.
Et le passé, toujours, toujours, lancinant. Et le rire, si vous saviez comme il était clair et joyeux et libre... Et le présent si lourd et si plombé. La réalité, à moins que ça n'ait été le rêve. Je m'en fous. C'était beau.
Jeudi 24 avril 2008 à 17:27
Ainsi l'hôpital, je l'ai vu. J'en suis sûre. L'hôpital existe à Hiroshima. Comment aurais-je pu éviter de le voir ?
De même que dans l'amour cette illusion existe, cette illusion de pouvoir ne jamais oublier, de même j'ai eu l'illusion devant Hiroshima que jamais je n'oublierai. De même que dans l'amour."
Je me souviens de toi.
Qui es-tu ?
Tu me tues.
Tu me fais du bien.
Comment me serais-je doutée que cette ville était faite à la taille de l'amour ?
Comment me serais-je doutée que tu étais fait à la taille de mon corps même ?
Tu me plais. Quel évènement. Tu me plais.
Quelle lenteur tout à coup.
Quelle douceur.
Tu ne peux pas savoir.
Tu me tues.
Tu me fais du bien.
Tu me tues.
Tu me fais du bien.
J'ai le temps.
Je t'en prie.
Dévore-moi.
Déforme-moi jusqu'à la laideur.
Pourquoi pas toi ?
Pourquoi pas toi dans cette ville et dans cette nuit pareille aux autres au point de s'y méprendre ?
Je t'en prie..."
Oui, c'est long.
On m'a dit que ç'avait été très long.
A six heures du soir, la cathédrale Saint-Etienne sonne, été comme hiver.Un jour, il est vrai, je l'entends. Je me souviens l'avoir entendue avant - avant - pendant que nous nous aimions, pendant notre bonheur.
Je commence à voir.
Je me souviens avoir déjà vu - avant - avant - pendant que nous nous aimions, pendant notre bonheur.
Je me souviens.
Je vois l'encre.
Je vois le jour.
Je vois ma vie. Ta mort.
Ma vie qui continue. Ta mort qui continue (...)
et que l'ombre gagne déjà moins vite les angles des murs de la chambre. Et que l'ombre gagne déjà moins vite les angles des murs de la cave. Vers six heures et demie.
L'hiver est terminé."
Je désire avoir vécu cet instant-là. Cet incomparable instant. (...)
Nous irons en Bavière, mon amour, et nous nous marierons.
Que ceux qui ne sont jamais allés en Bavière osent lui parler d'amour.
Tu n'étais pas tout à fait mort.
J'ai raconté notre histoire.
Je t'ai trompé ce soir avec cet inconnu.
J'ai raconté notre histoire.
Elle était, vois-tu, racontable.
Quatorze ans que je n'avais pas retrouvé... le goût d'un amour impossible.
Depuis Nevers.
Regarde comme je t'oublie...
- Regarde comme je t'ai oublié.
Regarde-moi."
Je me souviens de toi.
Cette ville était faite à la taille de l'amour.
Tu étais fait à la taille de mon corps même.
Qui es-tu ?
Tu me tues.
J'avais faim. Faim d'infidélités, d'adultères, de mensonges et de mourir.
Depuis toujours.
Je me doutais bien qu'un jour tu me tomberais dessus.
Je t'attendais dans une impatience sans borne, calme.
Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu'aucun autre, après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir.
Nous allons rester seuls, mon amour.
La nuit ne va pas finir.
Le jour ne se lèvera plus sur personne.
Jamais. Jamais plus. Enfin.
Tu me tues.
Tu me fais du bien.
Nous pleurerons le jour défunt avec conscience et bonne volonté.
Nous n'aurons plus rien d'autre à faire, plus rien que pleurer le jour défunt.
Du temps passera. Du temps seulement.
Et du temps va venir.
Du temps viendra. Où nous ne saurons plus du tout nommer ce qui nous unira. Le nom s'en effacera peu à peu de notre mémoire.
Puis, il disparaîtra tout à fait."
Peupliers charmants de la Nièvre je vous donne à l'oubli. (...)
Histoire de quatre sous, je te donne à l'oubli. (...)
Une nuit loin de toi et j'attendais le jour comme une délivrance. (...)
Un jour sans ses yeux et elle en meurt.
Petite fille de Nevers.
Petite coureuse de Nevers.
Un jour sans ses mains et elle croit au malheur d'aimer.
Petite fille de rien.
Morte d'amour à Nevers.
Petite tondue de Nevers, je te donne à l'oubli ce soir.
Histoire de quatre sous.
Comme pour lui, l'oubli commencera par tes yeux.
Pareil.
Puis, comme pour lui, l'oubli gagnera ta voix.
Pareil.
Puis, comme pour lui, il triomphera de toi tout entier, peu à peu.
Tu deviendras une chanson. (...)
Dans le quartier de Beausoleil où mon souvenir reste comme un exemple à ne plus suivre l'amour de toi m'est venu.]
[C'est parce que dans le quartier de Beausoleil mon souvenir est resté comme un exemple à ne plus suivre, que je suis devenue, un jour, libre de t'aimer. Je n'aurais jamais osé t'aimer si je n'avais pas laissé à Beausoleil cet inqualifiable souvenir. Beausoleil, je te salue, je voudrais te revoir ce soir. Beausoleil, bête à pleurer.]
Il l'assiste dans l'absence de lui-même. Comme si elle était en danger.
Il la regarde, tandis qu'elle le regarde comme elle regarderait la ville et l'appelle tout à coup très doucement.
Elle l'appelle "au loin", dans l'émerveillement. Elle a réussi à le noyer dans l'oubli universel. Elle en est émerveillée.
[On en est là seulement encore. Et on en restera là pour toujours.] Ton nom à toi est Nevers. Ne-vers-en-Fran-ce."
Mardi 22 avril 2008 à 18:47