Jeudi 31 mars 2011 à 16:21

Lorsque l'on va bien on a plus rien à dire, à vrai dire je n'ai pas le temps ou plutôt ne le prend pas, à vrai dire mon ordinateur dort, à vrai dire je suis partie explorer.
Je m'offre une nuit correcte par semaine, 8h, pile poil, le reste du temps je tourne plutôt autour de 5 ou 6h, occupée, en mouvement. J'ai signé l'armistice et je ris tout le temps, pas un faux rire, non, des éclats, souvent je rougis même sous ses yeux, je ne savais pas que la paix existait. J'oublie orgueil, fierté, j'oublie toute ma vanité parce qu'il ne cherche pas à m'écraser, à m'humilier, à me dominer, à me plier pour que je rentre dans un petit monde étriqué, il m'étire et me défroisse, me met du bonheur au fond des yeux, cela me semble simple bien qu'il ne le soit pas.
Par moments je me dis que je me sens tellement heureuse que je peux crever tranquille, c'est bon, j'en bave plus, je paye pas de prix, je suis pas obligée de passer des nuits à ne pas dormir, au contraire, je dors que trois nuits par semaine chez moi, et les clés de son appart' à mon porte-clés, son appart' où je sème déjà des fringues.
Demain on prend la voiture pour le week-end, le Sud, la mer, et puis je ne suis pas obligée de parler tout le temps, il aime bien quand je me tais aussi, ce mec je croyais que c'était un conard, et au bout du compte c'est le moins salopard.
Il m'épate.

Et Lola est moins jolie qu'avant mais toujours blonde, je lis du Chuck Palahniuk, je porte 15 centimètres de talons, les voisins tapent dans le mur passé minuit alors que je gémis, je mange des légumes, pleure dans la salle miteuse d'un traiteur chinois, souhaite bien du courage au photographe, je porte slim noir, marinière, sandales à talon et grosses lunettes de soleil, je le vois chaque jour, chaque jour de ce foutu quotidien, chaque jour ses yeux bleus qui me transpercent, chaque jour, je sais tellement pas ce que c'est ce truc barge, le monde en plus large, tous les possibles au bout des doigts, j'allume mes cigarettes à son briquet, les gens nous regardent bizarrement dans la rue parce qu'on est jeunes, pas trop moches et plutôt bien habillés et qu'on rigole tout le temps ou que l'on fait semblant d'être très très sérieux, Angie dit "Putain mais ça va vite, anormalement vite" et puis elle ajoute "En même temps vous avez les moyens, ça s'essoufflera pas comme ça", moi je dis j'en sais rien, je sais pas où je vais, je sais pas ce que je fais, mais j'y vais et je le fais.

Lundi 21 mars 2011 à 19:25

Je voudrais bien te raconter, à toi aussi, toutes mes bêtises et mes bravades, ma façon de me passer la main dans les cheveux maintenant qu'ils sont longs, et mes boucles d'oreilles que le garçon retrouve toujours sur l'oreiller, décrochées. Oui, je voudrais te dire où tu t'es foiré, ce que j'attendais, ce que j'étais, et pourquoi c'était dans le fond si triste. Certes, les décharges de bonheur, certes. Plus intense mais pas forcément plus profond.
Maintenant que j'ai perdu le compte des garçons embrassés, effleurés, aimés, que j'ai été malheureuse, que je n'ai jamais retenu personne, je lâche du lest. Je n'ai pas toujours eu tort, contrairement à ce que tu disais.
Non, je n'étais pas fatale, ni glaciale, peut-être un peu, mais c'est ça quand on m'empêche d'être moi et de rire dans les rues, les cafés, quand on m'empêche de danser à en avoir mal aux pieds, quand on m'empêche de crier, quand on m'empêche d'aimer, d'aimer être aimée.
Les premiers jours de printemps, les nuits qui reculent alors que je les aime tant.
Je passe beaucoup de mon temps avec ce garçon étrange, je réapprends à tenir une main dans la rue, les sourires en coin et les baisers sur la joue, et sur les lèvres plus furtivement. Je réapprends à balancer mon rire étrange au travers des salles, des rues, des courants d'air, à le balancer à tous vents, la main devant la bouche, et le nez dans son épaule, je ris tout le temps, et il rit lorsque je ris, il rit vraiment.
Ce type-là, je ne l'attendais pas au tournant, ce type-là je me disais jamais il sera pour moi, et pourtant on rit tellement, tellement simplement. Il le dit, il le fait : "Avec moi, tu n'auras pas à te battre." M'a-t-il vue fragile et fatiguée, usée par une histoire cachée, torturée, oui, probablement, je crois qu'il a vu ce petit air buté et dur de celle qui en a assez.
Je ne rêve pas, j'ai bien les deux pieds dans la réalité, et mes deux yeux dans les siens le matin, j'ai bien vingt-deux ans demain, j'ai bien rendez-vous pour des baisers d'obscurité.

Dimanche 20 mars 2011 à 16:29

Je flotte, une espèce de bulle dominicale où la fatigue se mêle à un léger reste de tout l'alcool ingurgité. Je bats mes propres records, ces derniers temps. Hier, on se marrait en disant que si on crevait, on ne pourrait récupérer aucun de nos organes, à commencer par nos foies.
Je pars en week end au bord de la mer bientôt, l'hôtel a déjà été réservé. D'ailleurs en parlant d'hôtel, j'y étais cette nuit, un quatre étoiles plutôt chouette. A cause d'un pari, j'ai du y rentrer avec une casquette et des mitaines de maîtresse SM, et la tête des gens dans l'ascenseur. Je deviens tarée lorsque je me sens en droit d'être moi-même. Sur le balcon de la chambre, face à face, mes pieds sur son fauteuil et ses pieds sur le mien, on se passe une canette de bière et un joint, il me parle de lui. J'aime sa gaieté, sa bonne humeur, et puis sa tendresse, j'aime qu'il ne m'étouffe pas, et malgré les hôtels, les boîtes, les bouteilles de champagne ou celles de vodka, sa simplicité. J'ai l'impression d'être capable de tout lorsqu'il est là, l'impression qu'il me suffit de tendre la main pour toucher le monde du bout des doigts. Taré, le mot qui lui convient, mes instincts ressortent.
Je ne me plains pas, je suis bien, heureuse, je n'ai plus besoin de traquer les sous-entendus ou de devenir folle à force d'essayer de démêler le mensonge ou la vérité, je n'ai pas à me retenir de rire, de me moquer ou de crier, je n'ai pas à être malheureuse, j'ai juste à me laisser porter, et je dis à Angie : "Putain, dis-moi que je rêve, c'est pas possible, ça peut pas m'arriver à moi ce genre de délire, je suis même pas traitée comme une princesse mais comme une reine..." et elle me dit de juste accepter. Je suis sur orbite, pour ma part.

Samedi 12 mars 2011 à 13:49

http://smoking.gun.cowblog.fr/images/thebirds.jpg

Allez, j'ai été mauvaise langue, il a réellement été gentil.
Il me rejoint dans le bar où je suis avec Angie, il est très classe, nous offre des shooters de son invention (Absolut raspberry + sirop de chocolat blanc), reste discret, et vient me murmurer à l'oreille : "J'ai réservé une table pour deux pour 21h, donc je ne vais pas tarder à t'enlever", alors je ris. En sortant du restaurant je suis déjà faite, je réaligne deux shooters au bar. Nous allons récupérer deux nanas pour la soirée, stoppé par les flics il frôle le retrait de permis. Tandis qu'il négocie dans le fourgon, les filles me demandent : "T'es sa copine ou ?" et je réponds "Non, non, une copine, seulement." Arrivés à la boîte, j'enchaîne les vodka-pomme tandis qu'elles dansent sur le bar.
Après les avoir raccompagnées nous allons chercher un grec, la fringale de 5 heures du matin, et nous finissons par boire du champagne millésimé en fumant un pétard, son chat ronronne, je pars en vrille.
Nous dormons trois heures, il a un bas de pyjama CK en soie, la classe. Je squatte sa douche, malgré ma mine de déterrée il dit que je suis jolie, me prend par la main et m'emmène prendre un petit déjeuner à République. Attentionné, il se rappelle que j'aime le jus de pamplemousse et m'en commande un, je bois un cappuccino, et comme il vient du Sud Ouest il a acheté deux chocolatines. Je lui dis que je n'ai pas l'habitude qu'on s'occupe de moi comme ça, il rigole et dit : "Tu sais, on est pas tous des salauds ! Même si on l'est tous un peu.", du coup c'est moi qui me marre.
Il me ramène en voiture, en mettant Noir Désir à fond, me dit : "A très vite.", vérifie que je rentre bien chez moi, et puis s'en va bosser.

J'ai pu passer une soirée sans trop de cynisme, sans mépris, avec de gros fous rires. Ouais, on peut dire que je me suis bien amusée, et le boxon au matin dans l'appart, ses yeux clairs et son tatouage autour du nombril.

Tu vois, je suis pas si forte que ça, je suis très traîtresse et égoïste, et puis un peu cinglée aussi, mais je me sens bien, ce matin j'ai marché au soleil dans Paris avec un type que je ne complexe pas, que je n'aime pas, mais que j'aime bien, j'ai vu la matinée sur Paris et je souriais en silence.

Toi pour fuir tu pars, moi pour fuir je trahis, chacun son truc.

Jeudi 10 mars 2011 à 23:32

http://smoking.gun.cowblog.fr/images/cigarette.jpg

J'enfilerai mes collants noirs, mon short et mon débardeur noir, je mettrai un gros pendentif en forme de chouette et des boucles d'oreille en forme de feuilles, et puis je partirai oublier puisque trop de temps a passé et que l'amertume s'en mêle, que tu m'écris que tu veux me voir mais que tu ne peux même pas songer à revenir, je redeviens minable. Il ne me reste même plus l'espoir de voir cet été encore avec toi, posés aux terrasses à boire des bières, à t'écouter et puis à rire. Ton animal domestique fait une fugue, pardonne-moi, mais il n'y a rien à pardonner puisqu'on a jamais été ensemble, et que s'aimer ne suffit pas, pourquoi tu reviens pas ?
Je vais aller passer la soirée avec un frimeur, alcoolique, drogué, beau gosse, le genre de type pourri jusqu'à l'os qui n'a aucun point commun avec toi, dieu merci, le genre de type plein aux as qui me prend pour une pauvre fille facile. Et je dînerai face à lui en me demandant ce que je fous là, et puis en pensant beaucoup à toi, j'imaginerai que c'est toi en face de moi et je ne l'écouterai pas, et quand j'aurai assez ingurgité diverses choses plutôt pourries entre sa logorrhée, mon dégoût, l'alcool et mon mépris, quand j'aurais digéré ce ramassis de conneries, alors mon cynisme reprendra le dessus et je rirai, et je protesterai lorsque fatalement, au bout d'un moment, il lâchera : "Mais si t'es comme moi !", et puis je me moquerai qu'il me croit ou pas. Je sais déjà le genre de phrases que je vais entendre, il dira que je suis belle, m'appellera "Miss" mais j'ai toujours eu une sainte horreur des types qui m'appellent "Miss", que ça faisait longtemps qu'il m'avait remarquée, mais que non ce n'est pas un coureur MENTEUR et que je suis différente des autres filles, ça se voit tout de suite, je suis quelqu'un qui a beaucoup de choses à donner et qui a besoin d'affection et de tendresse, et que je suis gaie mais fragile, gentille et douce. Ah, et puis, j'entendrai aussi que je fume trop.
Je chercherai ce qu'une autre fille que moi pourrait lui trouver, je trouverai des réponses et je verrai des brèches où je ne prendrai pas la peine de me faufiler, passive, le sourire aux lèvres et le coeur froid, mon corps prendra le relais, et ces types là je les connais, au bout d'un moment fatalement il lâchera de la tendresse, je me serais imposée tout ça pour ça, tout ça pour quelques secondes de tendresse, apaiser cette bête odieuse qui geint au fond de mon petit être, une minute ou des heures, je m'en fous, je volerai ça, puisque toi, puisque toi...

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