Lundi 28 décembre 2009 à 12:05

Je suis passée la chercher, elle portait une robe blanche et des bottes noires. Ses cheveux bouclés s'échappaient de son chapeau, elle marchait vite comme toujours, la tête droite, haute. On a pris le bus, on est parties boire des bières, la pluie tapait les baies vitrées du bar, elle prenait des photos. La pluie a cessé et nous sommes rentrées à pied, dans la nuit.
Devant son portail, alors qu'elle remontait sa petite allée, j'ai lancé, sans trop réfléchir :
"Te perds pas, hein..."
Elle a répondu :
"Toi non plus... toi non plus..."
La nuit n'avait pas la même saveur, plus douce, rassurante, protectrice.
Je le revois demain après plus de 15 jours de séparation.
Et le meilleur ami arrive aussi demain, 11h45 à Montparnasse.

Samedi 26 décembre 2009 à 21:57

Tu étais plus jolie que la première fois qu'on s'est vus.
T'as vu y'a des photos de nous deux.
Tu vois, je veux toujours ce que je n'ai pas, ce que je ne devrais pas vouloir, ce que je n'ai pas à espérer.
Le bon vieux metal à l'ancienne, comme quand on se vernissait les ongles en noir et qu'on buvait à en vomir, mineures. Maintenant, on ne se peint juste plus les ongles en noir.
Je me doute du sentiment de solitude que tu dois ressentir, parfois.
Les Lucky Strike sont trop chères, on est décheuses jusqu'à l'alcool de merde qu'on achète pour se pourrir le crâne.
Baise-moi, lâchait-elle de but en blanc, la clope à la main, en le regardant droit dans les yeux. Tu vois, c'est plus facile de ne croire en rien.


My sanity wrote a suicide not but
one of us is illiterate
and the other is blind
My first act of treason was picking up a pen
My first act of love was
Finding myself afain
The hardest thing to do
Was standing up to you
Now I'm off on my knees
Now you're begging me please

I've screamed for all the women I've never been but hoped I would be

I once
Dreamed of a world
Without consequences
Without reminders
Of This
Brutal
Gutter
I am collapsed in
Once I dreamed
But then
I
Woke
Up

ART IS WAR.

Mardi 22 décembre 2009 à 11:31

T'sais pas, à quel point je suis loin parfois, et à quel point tu devrais me retenir. Le mal que je me fais et dont tu n 'as pas conscience, la culpabilité latente au fond du ventre, quand ivre et passablement défoncée je rentre chez moi et je me fais vomir, honteuse, minable. Je m'essuie la bouche du revers de la main, me relève, me regarde dans le miroir, j'ai les pupilles éclatées et les yeux rouges, j'ai envie de me casser la gueule, envie que tu sois là et que tu me retiennes, envie que tu me protèges de tout le mal du monde, envie que tu me voies telle que je suis et non telle que je me montre, envie d'abandonner mes apparences que je te reproche de ne pas percer mais que je ne te donne pas les moyens de franchir.
Je m'arrache la peau en dormant et retrouve des traces de sang dans les draps, sur mon t-shirt au matin, ça me donne envie de vomir. Je fais des cauchemars, même passablement éclatée je ne dors que 4 heures, et je ricane, je ricane tout le temps, on me dit que je suis méchante et je continue à rire, même quand Smaïn nous dit qu'il a perdu son père il y a deux mois, parce que oui, je suis une garce, une saloperie.
C'est le revers de la médaille, ce que personne ne voit ou que tout le monde veut excuser, justifier d'une phrase banale et fausse : "C'est toi, t'es comme ça."

Samedi 19 décembre 2009 à 11:42

Le tout est de tout dire, et je manque de mots
Et je manque de temps, et je manque d'audace
Je rêve et je dévide au hasard mes images
J'ai mal vécu, et mal appris à parler clair.


Tout dire les roches, la route et les pavés
Les rues et leurs passants les champs et les bergers
Le duvet du printemps la rouille de l'hiver
Le froid et la chaleur composant un seul fruit


Je veux montrer la foule et chaque homme en détail
Avec ce qui l'anime et qui le désespère
Et sous ses saisons d'homme tout ce qui l'éclaire
Son espoir et son sang son histoire et sa peine


Je veux montrer la foule immense divisée
La foule cloisonnée comme un cimetière
Et la foule plus forte que son ombre impure
Ayant rompu ses murs ayant vaincu ses maîtres


La famille des mains, la famille des feuilles
Et l'animal errant sans personnalité
Le fleuve et la rosée fécondants et fertiles
La justice debout le pouvoir bien planté


Paul Eluard



Mercredi 16 décembre 2009 à 23:08

Manu m'invite au casino, et j'ai envie de tout plaquer et de partir m'installer dans le Sud, loin de tout ce froid qui me bloque, qui me glace.
Dis-moi, Blondinet, tu ne perces pas mes apparences, et qu'espères-tu écraser si tu ne vas pas au fond des choses ? Il est vrai je me tais. Je me tais parce que je n'ai plus l'envie d'expliquer, parce que tu t'en fous, parce que tu oublies.
Oeil pour oeil, dent pour dent. La loi du talion.
Peut-on avoir la voix d'un ange et se conduire comme un pur salaud ?
Fatiguée d'être tendue à me rompre. Les cauchemars, têtes décapitées, cannibales (ça me fait penser que j'ai été voir La Route, j'avais déjà parlé du livre il y a longtemps, le film est bien sûr moins bien, mais je le conseille tout de même, au bout de 30 minutes j'étais déjà submergée), prisons de glace, sourire figés, obsédants. Le froid, -5°C ce matin, on rigole nerveusement, Mily et moi, elle râle parce que je fume et qu'elle a froid, j'ai croisé le premier amour au Mc Do à Luxembourg, 'faut vraiment ne pas avoir de bol, surtout pour que je me retourne à ce moment-là, l'air con dans mon uniforme à la noix, frigorifiée dans mes collants. Le cartilage cicatrise doucement, il ne te plaît pas, tant pis, tant mieux, qu'est-ce que ça peut te foutre, je suis le seul élément presque tangible de ma vie.
Ce matin j'ai rattrapé une silhouette aux cheveux bouclés, je lui ai attrapé l'épaule, elle ne m'a pas reconnue avec ma casquette, j'ai dit : "Je peux vous proposer une clope, mademoiselle ?" et L' a éclaté de rire et m'a serré dans ses bras, on était connes et émues sans trop savoir pourquoi, peut-être de se croiser devant une gare à 8h15 avec nos nez qui coulent.

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