Lundi 29 juin 2009 à 20:48

Je suis retournée Porte de Clichy, un an plus tard, je suis retournée dans l'appart' de Stef. Un an plus tard, il mange toujours chinois avec une fourchette en plastique, il m'offre toujours du rhum du bled dans un gobelet en plastique, mais vu la chaleur, j'ai décliné et opté pour de l'eau. On a pris sa vieille BMW et on est partis au Parc de la Villette, et il a joué des percussions avec ses potes, tandis que ma conscience s'effilochait au son de la rumba, et au fil de la fumée que je m'obstinais à cracher dans le vent.
On est rentrés manger, je me suis retrouvée scotchée face à un concert de Prince, je ne sais pas si c'était parce que j'étais vraiment raide ou si ce n'était pas lui tout simplement, mais je ne parlais plus, je ne pensais plus, je me contentais d'être là et de regarder de tous mes yeux.
Je suis rentrée trop tard, la tête à l'envers, les yeux éclatés.

Je suis également retournée chez mon pseudo-mec qui a perdu son fric au poker durant la nuit, je me suis encore endormie quand le jour était levée, je ne mange même presque plus, il me fait des crises parce qu'il m'a vue avec un mec - mon frère... , et je l'envoie chier, tu parles de rapports normaux.

J'ai des souvenirs qui remontent et me serrent le ventre, il ne me sort pas du crâne, l'angoisse revient au fond de la nuit, et je ne dors pas dans la chaleur mes pupilles restent fixées sur le plafond, tandis que je m'invente mille et une histoires toutes plus abracadabrantes les unes que les autres, tandis que je m'imagine des choses heureuses qui deviennent invariablement très malheureuses.
Ma peau a réussi à atteindre la couleur du caramel, on pique-nique sur les quais de Seine, on écluse des bières en regardant le soleil se coucher, au milieu des bris de verre. Je taxe mes cigarettes allègrement, et je pleure en rentrant avec le dernier train.

Mais il faut cliquer juste ---> ici <---

 

Samedi 27 juin 2009 à 14:30

J'ai rejoint une amie, on a pris le train, on est allées jusqu'à St Paul, elle m'a plantée un poignard dans le dos, on s'est engueulées, elle s'est excusée en me payant une bière et la moitié de son paquet de clopes. On a atterri Place des Vosges, ce qui est loin d'être un coin que j'apprécie particulièrement, un ami à elle nous a rejoint et la journée a enfin commencé à être bien.
Plus tard je suis partie sur les quais avec L', on avait faim et on avait envie de fumer, on avait pas d'argent, alors on s'est seulement assise et on a parlé, je lui ai dit que certains ne méritaient pas ce qu'ils avaient, je lui ai demandé si elle pensait que dans la vie tout se retrouvait et elle m'a répondu que oui, ça m'a soulagée. Elle a écarquillé les yeux devant des réflexions que l'on me fait et a craché "C'est pervers, c'est malsain". On a méprisé ceux qui arrangent la vérité à leur sauce, afin qu'elle leur convienne bien, et qui sont capables d'oublier sans soucis leurs erreurs et leurs travers.
On est rentrées avec le dernier train, elle n'arrêtait pas de prendre des photos, je riais un peu.
Je l'ai raccompagnée chez elle, et en rentrant chez moi, je suis tombée sur un copain. Il était 1h30, nous sommes restés à parler jusqu'à l'aube, il m'a pris dans ses bras et j'étais bien contre lui. Quand je suis rentrée me blottir sous mes draps il faisait jour.

Jeudi 25 juin 2009 à 12:49

Les insomnies me rattrapent au fil des nuits.
L'heure avance inexorablement et mes yeux restent grands ouverts, fixés sur le plafond.
Une jalousie absurde, une jalousie qui n'a pas lieu d'être s'en mêle, et moi je m'emmêle entre différents prénoms, avec différents garçons.
La lumière dans les cheveux d'Angie, hier soir.

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J'ai des bouffées de haine.
La lumière dans les yeux d'Angie, aussi.

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J'ai parfois envie de voir les arrogants, les enfants gâtés et les indécis trébucher et s'avilir.
Eux qui parlent d'une souffrance qu'ils ne connaissent pas, qui arrivent encore à dire "Je me dis que parfois je serais mieux mort(e)" et ne comprennent même pas la vanité de cette phrase. Et qui parfois vont dire ça à des gens qui ont réellement tenté de mourir. On est à la limite de l'obscène, mais surtout en plein dans le mauvais goût.
Je crève parfois d'envie de l'emmener sur mes traces, de lui écraser le nez dans la merde, pour lui donner de bonnes raisons de souffrir et de pleurer.
Certains font des choix de vie, ce genre de choses vertueuses.
J'ai choisi, quant à moi, de ne pas choisir et de suivre ma pente.
Certains crachent sur les erreurs que eux n'ont pas faites, sur les angoisses qu'ils n'ont pas, sur ce que les autres sont, sur leurs chutes et leurs désespoirs.
C'est trop facile quand on s'aime.
Je ne m'aime pas. Je ne me déteste pas. Je suis ce que je suis.
Atteindre la perfection, je ne considère pas cela comme mener une vie particulièrement vertueuse, ou réellement décadente. Non, je considère plutôt que c'est réaliser sa propre nature, sans tabous, sans complexes.
Et personne n'a à juger la violence que l'on exerce contre soi-même.


Mardi 23 juin 2009 à 1:22

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On est partis à Paris, avec des copains de mon frère que je n'avais pas vu depuis une paye, on est allés rejoindre le groupe du pacte des week-ends. On a retrouvé celui sans portable devant la fontaine St Michel, il m'a offert beaucoup de bière et deux crêpes au sucre, quelques cigarettes aussi. On a marché longtemps, on me tendait des bouteilles de vodka, de whisky, de bière ou de téquila, et comme d'habitude, j'ai incliné la tête.
Plus tard sur les quais de Seine, je suis partie fumer avec un copain, une clope dans la main gauche, une bière dans la main droite, je titubais allègrement, et ça a dérapé, mais moins que par la suite.
Au final nous n'avons vu aucun concert, c'était quand même une excellente soirée.

(Ce moment où l'on ne sait plus où est le sens.
Quand tout se confond. Vers où se dirige-t-on ?
Est-ce une chute ? Une ascension ? De l'esclavage ? Une libération ?
Manu, tu m'as perdue. Plus jamais je ne serais la même. A tes yeux. Aux miens.
Tu m'as perdue, parce que tu n'es pas venu.
Est-ce une protestation, un hurlement muet ? Je n'ai pas la réponse.
Le temps passe-t-il réellement si vite ? Tu t'éloignes, parce que tu n'es pas venu. Tu n'es pas venu. Vers minuit, j'ai compris que tu ne serais jamais là, alors j'ai cessé de t'attendre, cessé de t'espérer, cessé de demander "Et il va venir ? Vous avez des nouvelles ?"
J'ai continué à boire, en revanche.
Maintenant je sais que tu ne viendras peut-être plus, je sais que tu ne m'enverras plus de messages, je sais que tu ne m'aimeras jamais, je sais que toi et moi ça n'a jamais été pour toute la vie.
Je sais aussi qu'on efface pas les regards ni les sourires, et qu'ils deviennent parfois aussi douloureux que les cris et la violence du silence.
Je sais que j'en ai moins promis, je sais que pourtant c'était plus important pour moi que pour toi, que toi tu étais plus important que moi. Pour moi et pour toi.
Sans amertume, sans rancune.
Va quand même te faire foutre. Un peu.)

Dimanche 21 juin 2009 à 12:33

"Ils s'étaient créé un enfer, mutuellement, même s'ils s'aimaient. C'était vrai qu'ils s'aimaient, et c'était la preuve que la faute ne venait pas d'eux-mêmes, de leur comportement ou de leur sentiment labile, mais bien de leur incompatibilité parce qu'il était fort et qu'elle était faible. Elle était comme Dubcek qui marquait une pause d'une demi-minute au milieu d'une phrase, elle était comme sa patrie qui bégayait, cherchait son souffle et ne pouvait parler.
Mais c'était justement le faible qui devait savoir être fort et partir quand le fort était trop faible pour pouvoir blesser le faible."

"La trahison. Depuis notre enfance, papa et le maître d'école nous répètent que c'est la chose la plus abominable qui se puisse concevoir. Mais qu'est-ce que trahir? Trahir, c'est sortir du rang. Trahir, c'est sortir du rang et partir dans l'inconnu. Sabina ne connaît rien de plus beau que de partir dans l'inconnu."

"La vie s'est ouverte devant elle comme une longue route de trahisons et chaque trahison nouvelle l'attire comme un vice et comme une victoire. Elle ne veut pas rester dans le rang et n'y restera pas ! Elle ne restera pas toujours dans le rang avec les mêmes gens et les mêmes mots ! C'est pourquoi elle est surexcitée par sa propre injustice. Cette surexcitation n'est pas déplaisante, Sabina a au contraire l'impression qu'elle vient de remporter une victoire et que quelqu'un, invisible, l'applaudit."

"Il est des choses qu'on ne peut accomplir que par la violence. L'amour physique est impensable sans violence."

"Elle l'aima, cette nuit là, avec plus de fougue que jamais auparavant, excitée à l'idée que c'était la dernière fois. Elle l'aimait et elle était déjà ailleurs, loin d'ici. De nouveau, elle entendait sonner dans le lointain la trompette d'or de la trahison et se savait incapable de résister à cette voix. Il lui semblait que s'ouvrait devant elle un espace encore immense de liberté et l'étendue de cet espace l'excitait. Elle aimait Franz follement, farouchement, comme elle ne l'avait jamais aimé."

"- Alors qu'est-ce qui compte ?
- L'amour.
- L'amour ?" s'étonna Franz.
Marie-Claude souriait. "L'amour est un combat. Je me battrai longtemps. Jusqu'au bout.
- L'amour est un combat ? Je n'ai pas la moindre envie de me battre", dit Franz, et il sortit."

"Son drame n'était pas celui de la pesanteur, mais de la légèreté. Ce qui s'était abattu sur elle, ce n'était pas un fardeau, mais l'insoutenable légèreté de l'être."

L'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera

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