Le chaton se promène sur le clavier par moments et a bouffé mes écouteurs. De retour après cette absence, je retourne à la réalité, dommage, c'était bien, entre films à la con, super petits dèj', critiques, soirées alcoolisées et grasses matinées jusqu'à 17 heures. J'ai un peu la tête à l'ouest, mais ça m'a regonflée à bloc, les fous rires et les idioties et tout ça. Parce que finalement, on s'est quand même pas trop mal trouvés. Ca en vaut la peine.
Sur ce je vais peut-être aller dormir, parce que oui, le sommeil est revenu.
Dimanche 31 août 2008 à 11:46
Lundi 25 août 2008 à 22:32
"T'sais qu't'es gaulée comme une Twingo ?", c'est ça qu'il me lance, hilare, je tourne la tête, me marre, dis que c'est un con, et éclate littéralement de rire, il y a des bouts de nous qui rebondissent sur les vitraux de l'église et sur les carreaux du restau, qui ruissellent dans la rue, illuminant le caniveau. ZZ Top en fond sonore, il me porte à bout de bras au sens propre et me fait pleurer de rire.
Vendredi 22 août 2008 à 18:22
Partie chez lui pour longtemps, uniquement de passage, il fallait bien que je récupère quelques affaires tout de même. Il n'y a pas eu d'éclats, pas grand chose de transcendant, j'ai dormi sur un trampoline à la belle étoile à côté d'un garçon, j'étais ivre, je riais, je sentais le vent sur mes bras et mon corps dans la couette et j'étais bien. Je joue au billard en buvant de la bière, un vrai cliché, ça me fait rire, j'écoute Chloé, je vais au restaurant, je bouge beaucoup en dormant, paraît-il, je vais chez Alyz' quelques fois, je suis allée au ciné, en soirée chez un des potes, on a acheté du champagne pour un dîner romantique, je n'arrive pas à arrêter de fumer, L' et Sa' et Angie et Pop' me manquent mais elles reviendront, je saute dans les flaques en ballerines, je ris et souvent je dors.
Dimanche 17 août 2008 à 12:21
Et Colin courait, courait, l'angle aigu de l'horizon serré entre les maisons se précipitait vers lui ; sous ses pas, il faisait nuit, une nuit d'ouate noire, amorphe et inorganique, et le ciel était sans teinte, un plafond, un angle aigu de plus, il courait vers le sommet de la pyramide, arrêté au cœur par des sections de nuit moins noire, mais il y avait encore trois rues avant la sienne.
Chloé reposait, très claire, sur le beau lit de leurs noces. Elle avait les yeux ouverts mais respirait mal. Alise était avec elle, Isis aidait Nicolas qui préparait, d'après Gouffé, un reconstituant certain, et la souris grise broyait de ses dents aiguës des graines d'herbe à décoctions pour le breuvage de chevet.
Mais Colin ne savait pas, il courait, il avait peur, pourquoi, ça ne suffit pas, de toujours rester ensemble, il faut encore qu'on ait peur, peut-être est-ce un accident, une auto l'a écrasée, elle serait sur son lit, je ne pourrais pas la voir, ils m'empêcheraient d'entrer, mais vous croyez donc peut-être que j'ai peur de ma Chloé, je la verrai malgré vous, mais non, Colin, n'entre pas. Elle est peut-être blessée, seulement, alors, il n'y aura rien du tout, demain, nous irons ensemble au Bois, pour revoir le banc, j'avais sa main dans la mienne et ses cheveux près des miens, son parfum sur l'oreiller. Je prends toujours son oreiller, nous nous battrons encore le soir, le mien elle le trouve trop bourré, il reste tout rond sous sa tête et moi je le reprends après, il sent l'odeur de ses cheveux. Jamais plus je ne sentirai la douce odeur de ses cheveux.
Le trottoir se dressa devant lui, il le franchit d'un bond de géant, il était au premier étage, il monta, il ouvrit la porte, pas de gens en noir, pas de religieux, la paix des tapis aux dessins gris-bleu, Nicolas lui dit "Ce n'est pas grand chose" et Chloé sourit, elle était heureuse de le revoir."
" - Ah... dit Colin. Combien vous dois-je ?...
- C'est très cher... dit le marchand. Vous devriez m'assommer et partir sans payer.
- Oh, dit Colin, je suis trop fatigué.
- Alors c'est deux doublezons, dit le marchand.
Colin tira son portefeuille.
- Vous savez, dit le marchand, c'est vraiment du vol.
- Ça m'est égal, dit Colin d'une voix morte.
Il paya et s'en alla. Chick le suivait.
- Vous êtes stupide, dit le marchand de remèdes en le raccompagnant à la porte. Je suis vieux et pas résistant.
- J'ai pas le temps... murmura Colin.
- Ce n'est pas vrai, dit le marchand. Tout à l'heure vous n'étiez pas pressé.
- Maintenant, j'ai les remèdes, dit Colin. Au revoir, Monsieur.
Il marchait de biais à travers la rue, en attaque oblique, pour ménager ses forces.
- Tu sais, dit Chick, je ne vais pas me séparer d'Alise parce que je ne l'épouse pas...
- Oh, dit Colin, je ne peux rien dire... ça te regarde, après tout.
- C'est la vie, dit Chick.
- Non, dit Colin."
" Il suivit l'homme dans un long passage aux virages relevés. Les murs, dans les virages, restaient perpendiculaires au sol et s'inclinaient par conséquent de l'angle complémentaire, et il devait aller très vitre pour garder son équilibre. Avant de se rendre compte de ce qui lui arrivait, il se trouva devant le directeur. Il s'assit, obéissant, dans un fauteuil rétif qui se cabra sous son poids et ne s'arrêta que sur un geste impérieux de son maître.
- Alors ? dit le directeur.
- Et bien, voilà... dit Colin.
- Que savez-vous faire ? demanda le directeur.
- J'ai appris les rudiments... dit Colin.
- Je veux dire, dit le directeur, à quoi passez-vous votre temps ?
- Le plus clair de mon temps, dit Colin, je le passe à l'obscurcir.
- Pourquoi ? demanda, plus bas, le directeur.
- Parce que la lumière me gêne... dit Colin.
- Ah... Hum... marmonna le directeur. Vous savez pour quel emploi on demande quelqu'un ici ?
- Non... dit Colin.
- Moi non plus... dit le directeur. Il faut que je demande à mon sous-directeur. Mais vous ne paraissez pas pouvoir remplir l'emploi.
- Pourquoi ? demanda Colin à son tour.
- Je ne sais pas... dit le directeur.
Il avait l'air inquiet et recula un peu son fauteuil.
- N'approchez pas... dit-il rapidement.
- Mais je n'ai pas bougé... dit Colin.
- Oui... oui... marmotta le directeur, on dit ça, et puis...
Il se pencha, méfiant, vers son bureau, sans quitter Colin des yeux, et décrocha son téléphone qu'il agita vigoureusement.
- Allô !... cria-t-il. Ici, tout de suite...
Il remit le récepteur en place et continua de considérer Colin avec un regard soupçonneux.
- Quel âge avez-vous ?... demanda-t-il.
- Vingt et un... dit Colin.
- C'est ce que je pensais... murmura son vis-à-vis.
On frappa à la porte.
- Entrez !... cria le directeur, et sa figure se détendit.
Un homme miné par l'absorption continuelle de poussière de papier, et dont on devinait les bronchioles remplies, jusqu'à l'orifice, de pâte cellulosique reconstituée, entra dans le bureau. Il portait un dossier sous le bras.
- Vous avez cassé une chaise... dit le directeur.
- Oui, dit le sous-directeur.
Il posa le dossier sur la table.
- On peut la réparer, vous voyez.
Il se tourna vers Colin.
- Vous savez réparer les chaises ?...
- Je pense... dit Colin, désorienté. Est-ce très difficile ?
- J'ai usé, assura le sous-directeur, jusqu'à trois pots de colle de bureau sans y parvenir.
- Vous les paierez ! dit le directeur. Je les retiendrai sur vos appointements.
- Je les ai fait retenir sur ceux de ma secrétaire, dit le sous-directeur, ne vous inquiétez pas, patron.
- Est-ce, demanda timidement Colin, pour réparer les chaises que vous cherchez quelqu'un ?
- Sûrement ! dit le directeur.
- Je ne me rappelle plus bien, dit le sous-directeur, mais vous ne pouvez pas réparer une chaise...
- Pourquoi ? dit Colin.
- Simplement parce que vous ne pouvez pas, dit le sous-directeur.
- Je me demande à quoi vous l'avez vu ! dit le directeur.
- En particulier, dit le sous-directeur, parce que ces chaises sont irréparables, et en général parce qu'il ne donne pas l'impression de pouvoir réparer une chaise.
- Mais qu'est-ce qu'une chaise a à voir avec un emploi de bureau ? demanda Colin.
- Vous vous asseyez par terre, peut-être, pour travailler, ricana le directeur.
- Vous ne devez pas travailler souvent, alors, renchérit le sous-directeur.
- Je vais vous dire, dit le directeur, vous êtes un fainéant.
- Voilà !... un fainéant !... approuva le sous-directeur.
- Nous, conclut le directeur, ne pouvons en aucun cas engager un fainéant.
- Surtout quand nous n'avons pas de travail à lui donner, dit le sous-directeur.
- C'est absolument illogique... dit Colin, abasourdi par leurs voix de bureau.
- Pourquoi, illogique, hein ? demanda le directeur.
- Parce que ce qu'il faut donner à un fainéant, dit Colin, c'est justement pas de travail.
- C'est ça, dit le sous-directeur, alors vous voulez remplacer le directeur.
Ce dernier éclata de rire à cette idée.
- Il est extraordinaire... dit-il. Son visage se rembrunit et il recula encore son fauteuil.
- Emmenez-le, dit-il au sous-directeur... je vois bien pourquoi il est venu... allez, vite... Déguerpis, clampin ! hurla-t-il.
Le sous-directeur se précipita vers Colin, mais celui-ci avait saisi le dossier oublié sur la table :
- Si vous me touchez, dit-il.
Il recula peu à peu vers la porte.
- Va-t'en ! Criait le directeur. Suppôt de Satin...
- Vous êtes un vieux con, dit Colin, et il tourna la poignée de la porte. (...)"
" Colin s'était assis par terre pour écouter, adossé au pianocktail, et il pleurait de grosses larmes elliptiques et souples qui roulaient sur ses vêtements et filaient dans la poussière. La musique passait à travers lui et ressortait filtrée, et l'air qui ressortait de lui ressemblait beaucoup plus à Chloé qu'au Blues du Vagabond. Le marchand d'antiquités fredonnait un contre-chant d'une simplicité pastorale et balançait sa tête de côté comme un serpent à sonnettes. Il joua les trois choruses et s'arrêta. Colin, heureux jusqu'au fond de l'âme, restait assis là et c'était comme quand Chloé n'était pas malade."
L'écume des jours, Boris Vian
Samedi 16 août 2008 à 22:04
J'ai pas menti, je n'ai pas hésité, je n'ai pas cherché plus loin que ça, je n'ai pas halluciné, je ne me suis pas perdue, je ne me suis pas retrouvé dans des bras inconnus, je n'ai pas eu envie de faire mal depuis quelques temps. Il paraît que ça me correspond mieux, moi je te le dis ma vie me semblait plus marrante auparavant, et peut-être un peu plus légère et supportable. Apprendre à être raisonnable, et ta main sous ma robe.
J'ai récupéré les photos de la soirée chez Sue', à bien planquer au fond du portable. N'empêche que cette fille je l'aime bien, on arrive chez le coiffeur dans des états pas possibles, on sent l'alcool à six mètres, nos tatouages ont des significations totalement barrées, et on se fend la gueule comme pas permis.