Je ne suis toujours pas morte. Cela fait un an avec un certain jeune homme.
L'autre nuit, le ciel était tacheté d'étoiles, le froid me mordillait les joues, et il y avait ce silence tout autour de nous. A peine une phrase par-ci par-là.
"Non mais rien ne me prouve ton existence. Si ça se trouve, je suis en train de rêver.
- T'as raison, ce n'est pas réel. C'est juste un rêve, ou une illusion, comme tu veux. Pourquoi tu ris ?
- Pour rien. J'suis juste heureuse."
Nos voix sonnaient claires dans la nuit, nos phrases étaient justes, nos regards aussi. Le bonheur d'abandonner les faux semblants pour quelques minutes. Une trêve avec soi-même, et un garçon qui t'ouvre les bras, t'enferme dans son blouson pour que tu sois bien au chaud, sans rien te demander en retour.
Je me disais : "Laisse tomber, L., je ne suis pas une fille pour toi, je pourris tout, alors non, tu comprends, ce soir c'est parfait, personne ne s'est engagé, prends cette parenthèse pour ce qu'elle est, quelque chose qui sera mort à peine la baie vitrée franchie, quand on sera à nouveau dans la lumière. Tu ne comprends pas, avec lui c'est médiocre, oui mais je l'aime, alors laisse-moi cracher sur ce qui ne vaut pas grand chose, c'est moins culpabilisant. Tu es trop vivant, trop sain, je suis trop amère ; je t'aime bien, je ne t'aime pas."
J'avais envie de lui demander pourquoi il voulait de moi, de mes yeux rouges et de mes cernes. Pourquoi il ne m'en voulait pas à cause de l'année dernière. Pourquoi j'étais là.