On est pas curieuse mais on fouine quand même, on a rien et on donne tout, on rêve à des projets mais on végète.
Le retour des insomnies, du punk, de l'estomac qui tord, mais pas de l'attente, le retour de tout ce qui forme un creux. Trouver 2000€ en une soirée, pas le choix. Se démerder. Envoyer des mails, des confirmations, des avis de virement. Compter le fric des courses, compter les moments seule, la vie en creux, ne pas se sentir suffisante malgré tout ce que l'on fait - et putain, Dieu sait que j'en fais. Ne pas se trouver d'excuses pour ne pas en donner aux autres, être irréprochable, et chiante un minimum, et puis, et puis. Être bonne.
L'amertume me rattrape. Être suffisante, un jour, peut-être, ou jamais.
Savoir de quoi j'ai l'air, prendre le poids des responsabilités sur mes épaules, entendre : "Mais tu sais très bien que t'as pas 22 ans, que t'es jeune et vieille à la fois", savoir la lassitude, savoir le temps qui passe ; les BO des films de Tarantino en fond musical, c'est cool. Refuser d'aller à un vernissage dans le 16ème, je chie à la gueule des bourges. Et, pour la première fois de ma vie, devoir réellement quelque chose à quelqu'un.
Cinq heures de sommeil par nuit et mes pas sur le bitume, mes pas dans le métro, mon cul sur la chaise face à un écran vide, mon boulot n'en est pas un et déjà j'aspire à autre chose, sans pour autant modifier mon CV ni bouger mes fesses. Les cauchemars sont revenus avec l'insomnie, lasse encore, cadavérique, et mes cheveux qui tombent sur mes yeux, coupe d'ado attardée que je déteste.
Prendre ce poids sur mes épaules, sans me demander une seule seconde si j'en suis réellement capable, le prendre en souriant, et faire rire celui qui pleure, encore une fois protéger, protéger comme une tarée, comme une dingue, protéger comme je voudrais tant. Un jour j'atteindrai mes limites, à force de tout endosser en souriant, à force de dire : "T'inquiètes, regarde, est-ce que je pleure ? Est-ce que je m'angoisse ?" et d'entendre "Non.", alors je prends conscience qu'encore une fois j'ai réussi à bien mentir, et que personne ne le saura jamais.
Et être bonne, pour donner le réconfort. Forte et souriante. Ne jamais s'autoriser la faiblesse, jamais, ne pas lâcher prise, se défendre bec et ongles contre soi-même, payer le prix pour que les autres ne le paient pas.
Tout cela me ramène au 12 janvier, à l'appel du photographe depuis l'aéroport, quand je l'ai coupé avant qu'il me dise que je lui manquerai ou qu'il m'aimait, avant qu'il ne le souffle, parce que personne n'avait besoin de se faire cet affront, pour qu'il puisse partir, je crève un peu des mots que j'avais tant espérés et que j'ai étouffés, sciemment.
Être suffisante ? Et tout donner, tout le temps, toujours, en sachant que le moindre de mes faux pas me tordra. Être la putain, la maîtresse, l'amoureuse, l'amie, la soeur et la mère à la fois, un peu le poison, celle qu'on aime et qui agace quand même.
J'suis fatiguée, ce soir. Mais tout à l'heure, tout à l'heure, je relève le nez parce qu'Angie arrive et que je souris toujours pour ses jolis yeux verts.
Le retour des insomnies, du punk, de l'estomac qui tord, mais pas de l'attente, le retour de tout ce qui forme un creux. Trouver 2000€ en une soirée, pas le choix. Se démerder. Envoyer des mails, des confirmations, des avis de virement. Compter le fric des courses, compter les moments seule, la vie en creux, ne pas se sentir suffisante malgré tout ce que l'on fait - et putain, Dieu sait que j'en fais. Ne pas se trouver d'excuses pour ne pas en donner aux autres, être irréprochable, et chiante un minimum, et puis, et puis. Être bonne.
L'amertume me rattrape. Être suffisante, un jour, peut-être, ou jamais.
Savoir de quoi j'ai l'air, prendre le poids des responsabilités sur mes épaules, entendre : "Mais tu sais très bien que t'as pas 22 ans, que t'es jeune et vieille à la fois", savoir la lassitude, savoir le temps qui passe ; les BO des films de Tarantino en fond musical, c'est cool. Refuser d'aller à un vernissage dans le 16ème, je chie à la gueule des bourges. Et, pour la première fois de ma vie, devoir réellement quelque chose à quelqu'un.
Cinq heures de sommeil par nuit et mes pas sur le bitume, mes pas dans le métro, mon cul sur la chaise face à un écran vide, mon boulot n'en est pas un et déjà j'aspire à autre chose, sans pour autant modifier mon CV ni bouger mes fesses. Les cauchemars sont revenus avec l'insomnie, lasse encore, cadavérique, et mes cheveux qui tombent sur mes yeux, coupe d'ado attardée que je déteste.
Prendre ce poids sur mes épaules, sans me demander une seule seconde si j'en suis réellement capable, le prendre en souriant, et faire rire celui qui pleure, encore une fois protéger, protéger comme une tarée, comme une dingue, protéger comme je voudrais tant. Un jour j'atteindrai mes limites, à force de tout endosser en souriant, à force de dire : "T'inquiètes, regarde, est-ce que je pleure ? Est-ce que je m'angoisse ?" et d'entendre "Non.", alors je prends conscience qu'encore une fois j'ai réussi à bien mentir, et que personne ne le saura jamais.
Et être bonne, pour donner le réconfort. Forte et souriante. Ne jamais s'autoriser la faiblesse, jamais, ne pas lâcher prise, se défendre bec et ongles contre soi-même, payer le prix pour que les autres ne le paient pas.
Tout cela me ramène au 12 janvier, à l'appel du photographe depuis l'aéroport, quand je l'ai coupé avant qu'il me dise que je lui manquerai ou qu'il m'aimait, avant qu'il ne le souffle, parce que personne n'avait besoin de se faire cet affront, pour qu'il puisse partir, je crève un peu des mots que j'avais tant espérés et que j'ai étouffés, sciemment.
Être suffisante ? Et tout donner, tout le temps, toujours, en sachant que le moindre de mes faux pas me tordra. Être la putain, la maîtresse, l'amoureuse, l'amie, la soeur et la mère à la fois, un peu le poison, celle qu'on aime et qui agace quand même.
J'suis fatiguée, ce soir. Mais tout à l'heure, tout à l'heure, je relève le nez parce qu'Angie arrive et que je souris toujours pour ses jolis yeux verts.