Le photographe nous entraîne dans les bars du Marais, on finit par s'engueuler bien comme il faut, il me gueule qu'on est SEULS, foutrement SEULS, je lui gueule : "ARRÊTE MAIS ARRÊTE PUTAIN", il crie que je suis naïve et que je l'énerve avec mes tatouages et mes piercings à la con et comme je suis mauvaise je lui crache : "Tu disais pas ça, l'autre nuit, pourtant", je me détourne, je vais pour sortir de ce fumoir, il m'attrape le bras et me dit : "Allez, te casse pas, arrête tes conneries". Je le considère trois secondes et me retourne complètement vers lui. Je me sens triste et conne face à ses vérités qui font mal, j'ai trop bu, lui aussi, il m'étudie, pose sa main sur mon épaule :
- Hé, tu vas quand même pas chialer ?
- Bien sûr que si je chiale.
- C'est bon, je sais que t'es pas conne. T'aimes juste pas voir les choses en face.
Il a l'air un peu ennuyé, un peu gêné, il a l'air du mec qui ne sait pas trop si il a fait du bien ou du mal mais qui sait qu'il ne peut pas revenir en arrière et ravaler ses paroles. Moi je dois avoir l'air foutrement paumée, il a les yeux brillants à cause de l'alcool et de la fumée, il est beau, c'est tout ce que je sais, ou plutôt j'ai oublié ce que je savais d'autre, je ne sais plus si je veux m'enfuir ou rester, alors je m'appuie contre lui.
Il m'entraîne en haut à nouveau, et dans les escaliers déjà je remets mon sourire. Il trace au bar commander d'autres verres, je suis fatiguée, ça fait trop longtemps que je n'ai pas assez dormi et que je bois trop, son pote me colle comme pas permis, parce que bien évidemment personne ne sait, personne ne sait ce qu'il se passe quand la nuit se finit et que le soleil se lève, personne ne sait la tendresse et la douceur, et ça m'énerve, j'ai envie de lui crier la vérité au visage, je sais que le photographe le voudrait aussi mais on se tait, on ne veut pas que ça se sache, il ne veut pas passer pour un conard, ni que je passe pour une salope. On se regarde juste dans les yeux de temps à autre, pas même une seconde, on ne dit rien, on n'en parle pas, pas devant les gens, jamais. Alors il me voit me faire draguer et ne dit rien.
Il revient me prend par la taille et danse un peu avec moi, on finit par partir, mais on perd son pote, on le cherche, le photographe s'énerve, shoote dans tout ce qui passe à portée, il gueule que Paris est une putain, que les gens sont corrompus, hypocrites, cons et moches, qu'il faut qu'il parte tout en nous ramenant vers Bastille. On dirait un fauve en cage, je voudrais gueuler pour qu'il se calme, ou même juste pour gueuler avec lui, mais je suis trop fatiguée alors je m'allume une clope. Il finit par héler un taxi, se laisse tomber sur la banquette et ferme les yeux, j'ai envie de le serrer contre moi, mais je me contente de lui prendre le bras et de le caresser doucement du bout des doigts, la présence anonyme du chauffeur de taxi nous autorisant à nous toucher. Il a l'air tellement fatigué, lassé, tellement seul.
Le lendemain, il me déposera au métro en me demandant dix fois si j'ai passé une bonne soirée quand même, et en m'affirmant quinze fois que oui c'était une bonne soirée, hein, c'était une bonne soirée ? Oui oui oui. Moi je ne dirai pas non, mais il verra bien que je ne dis pas "Oui", il verra bien que je ne dis rien et que je me contente de le regarder et de l'écouter, je saurai qu'il s'en veut un peu quand même, il éludera la question quand je lui demanderai pourquoi il m'a engueulée comme ça, pourquoi il se soucie comme ça de moi. Il me dira "J'espère que cette nuit ne changera rien entre nous" et j'ai envie de lui dire que non, ça ne changera rien à nos solitudes ni à nos mensonges ni à notre violence, j'ai envie de lui dire qu'on est capables de se disputer et de ne même pas s'en vouloir, qu'on est comme un couple sans être un couple, que nos disputes et nos silences ne peuvent pas nous séparer, que rien ne peut nous séparer puisque nous ne sommes pas ensemble, donc que rien ne peut changer. Je me tais, je le regarde en souriant, il me dit de prendre soin de moi et s'en va après m'avoir fait la bise en posant sa main sur ma hanche, moi je ris et je lui dis de faire attention à lui. Je m'éloigne sans me retourner.
Vendredi 30 juillet 2010 à 17:15
Dimanche 25 juillet 2010 à 12:34
Les jours ont été anormaux, distendus par le rêve, la nuit, la lune, les étoiles, et le cri d'un loup en boîte.
Ma petite puce si pure dort encore en haut, moi je les ai raccompagnés à l'arrêt de bus, et quand ils m'ont serrée dans leurs bras j'ai retenu une forte envie de fondre en larmes. Ce n'est pas n'importe qui qui t'apprend à pêcher la sirène.
La maison semble déjà vide sans eux. Il manque le sourire de la californienne et les yeux clairs du loup, son rire et ses pas de danseuse.
Ma petite puce si pure dort encore en haut, moi je les ai raccompagnés à l'arrêt de bus, et quand ils m'ont serrée dans leurs bras j'ai retenu une forte envie de fondre en larmes. Ce n'est pas n'importe qui qui t'apprend à pêcher la sirène.
La maison semble déjà vide sans eux. Il manque le sourire de la californienne et les yeux clairs du loup, son rire et ses pas de danseuse.
Samedi 24 juillet 2010 à 4:49
Les futurs possibles sont avortés au cours de nuits éthyliques. Puisque l'on tombe toujours, je m'attache aux gens pour rien, un photographe me mitraille comme ça, pour rien, sans que je n'ai rien demandé. "Sacré coeur", c'est ça qu'il dit, mais mon coeur n'est pas sacré, il est baisé de tous les côtés, qui tomberait amoureux d'une espèce de putain ?
Le coeur trop large, et toutes ces filles ou ces femmes qui savent combien c'est difficile d'être libres, d'être soi sans faire peur aux hommes que l'on aime, comme c'est mentir quand l'on croit que l'on est libres quand l'on se donne, à tous ces hommes qui se sont essoufflés sur mon corps, vous n'avez jamais su la vérité, à part peut-être un qui ne se reconnaîtrait sûrement pas. Tout ça pour rien, trop de peur et d'angoisses pseudo métaphysiques au fond du ventre, pourquoi c'est si difficile de hurler, peut-être parce que c'est indécent mais surtout sincère, ce que l'on ne ne sait plus être. Parfois je donne mon âme, à tellement peu de personnes, et je finis en sanglots seule dans une véranda avec ma bière et ma clope pour compagnie, "Prost !" Ah ah ah quelle ironie mais surtout quel foutage de gueule, on aime pas les putes qui donnent leur corps trop facilement, qui donne leur corps pour un peu de tendresse, un peu d'amour, toutes ces filles qui crèvent du silence et de la solitude, dont on dit qu'elles sont peu farouches et qu'elles aiment le cul, toutes ces filles si seules qu'elles en crèvent mais elles finissent seules le soir au fond de leurs verres de bière ou de vin. Toutes ces personnes dont on ne saura jamais les drames;
Il ne dit jamais "Je t'aime" et parfois j'en viens même à souhaiter qu'il parte.
La liberté, mais putain qu'est-ce qu'on la paye cher, à se faire taxer de délurée ou d'alcoolique, à sangloter seule comme une merde le soir au fin fond d'un courant d'air froid, sans personne pour nous prendre dans ses bras, à pleurer tellement fort que même le chat finit par flipper et se casser, à souhaiter si fort qu'un jour quelqu'un nous prendra dans ses bras, nous caressera le front, les cheveux, et restera.
A rêver tellement fort que quelqu"un y croira.
Le coeur trop large, et toutes ces filles ou ces femmes qui savent combien c'est difficile d'être libres, d'être soi sans faire peur aux hommes que l'on aime, comme c'est mentir quand l'on croit que l'on est libres quand l'on se donne, à tous ces hommes qui se sont essoufflés sur mon corps, vous n'avez jamais su la vérité, à part peut-être un qui ne se reconnaîtrait sûrement pas. Tout ça pour rien, trop de peur et d'angoisses pseudo métaphysiques au fond du ventre, pourquoi c'est si difficile de hurler, peut-être parce que c'est indécent mais surtout sincère, ce que l'on ne ne sait plus être. Parfois je donne mon âme, à tellement peu de personnes, et je finis en sanglots seule dans une véranda avec ma bière et ma clope pour compagnie, "Prost !" Ah ah ah quelle ironie mais surtout quel foutage de gueule, on aime pas les putes qui donnent leur corps trop facilement, qui donne leur corps pour un peu de tendresse, un peu d'amour, toutes ces filles qui crèvent du silence et de la solitude, dont on dit qu'elles sont peu farouches et qu'elles aiment le cul, toutes ces filles si seules qu'elles en crèvent mais elles finissent seules le soir au fond de leurs verres de bière ou de vin. Toutes ces personnes dont on ne saura jamais les drames;
Il ne dit jamais "Je t'aime" et parfois j'en viens même à souhaiter qu'il parte.
La liberté, mais putain qu'est-ce qu'on la paye cher, à se faire taxer de délurée ou d'alcoolique, à sangloter seule comme une merde le soir au fin fond d'un courant d'air froid, sans personne pour nous prendre dans ses bras, à pleurer tellement fort que même le chat finit par flipper et se casser, à souhaiter si fort qu'un jour quelqu'un nous prendra dans ses bras, nous caressera le front, les cheveux, et restera.
A rêver tellement fort que quelqu"un y croira.
Lundi 12 juillet 2010 à 15:01
Une nana camée maigre comme une enfant court après un type tout aussi défoncé en criant "Bébé, bébé, attends-moi" et je vois trop de fragilité dans sa course désespérée et maladroite, elle voudrait qu'il se retourne et la reconnaisse pour ce qu'elle est, mais l'homme ne ralentit pas, elle s'accroche désespérément à son bras, et lorsqu'il tourne les yeux vers elle, je vois à quel point ils sont vides. Je sais pourtant qu'elle y voit des trésors, des myriades de pierres précieuses, son cri fragile et suppliant vibre encore dans l'air. Je regarde ce couple triste, ils sentent la crasse et la sueur, cette odeur âcre et aigre des corps qui traînent dehors, ils sont maigres, leurs tendons et leurs muscles saillent, ils sont encore un peu beaux dans leur tourmente.
Quelques mètres plus loin l'homme me rattrape, me demande quelques pièces doucement. Je pense à cette fille qui l'aime, qui lui a couru après sur ses tongs usées, je pense à elle et une tristesse me déchire. Je dépose 1€ au creux de sa main, ça ne leur rend pas service, je le sais. Je n'ai pas pitié d'eux, pourtant. Ils sont la réalité cachée du monde, l'expression obscène du néant et de la pauvreté des vies, ils sont ce qui se cache en nous et n'ose dire son nom, après tout il s'en faut peut-être de peu pour que nous aussi basculions et allions les rejoindre. Ils nous sont en réalité bien plus familiers que ces humains en costumes et tailleurs froids, ils sont ce qui nous effraie, la facilité peut-être mais surtout ce gouffre au milieu de nos ventres affamés d'autre chose. En réalité, un rien nous sépare des ces êtres, un choix à peine, et nous avons tous un jour eu le vertige au bord de nous-mêmes, nous avons tous été tentés de nous saboter. Comme ça ou autrement, nous avons tous cherché à nous fuir. Elle m'a émue si fort, cette fille au visage d'oiseau et cet homme qui est venu à moi dans la foule du quai, un geste, une reconnaissance, et il m'a regardée dans les yeux et m'a dit "Bon courage", lui me disait ça. Il a souri, est parti. La fille-oiseau ne trottinait plus derrière lui, il s'est arrêté, a attendu.
Je me suis sentie de l'autre côté de la barrière, du bon côté, en réalité, et déjà l'homme ne prêtait plus attention à moi. Je ne sais pas pourquoi j'ai déposé cette pièce dans sa main, peut-être parce qu'il est la vie de cette fille, mais surtout je crois qu'en un éclair j'ai pensé qu'il avait probablement eu une mère, des frères, des soeurs, parce qu'aujourd'hui quelqu'un l'aimait, parce qu'il aurait pu être un de mes frères, un de mes potes, n'importe qui qui passait près de lui sans le voir. Parce que je n'ai pas supporté cette indifférence autour de lui, et même autour d'elle quand elle lui courait après, je n'ai pas aimé les regards méprisants des hommes et les sourires moqueurs des femmes qui se croyaient mieux qu'eux, je le sais très bien que ni eux ni moi ne leur sommes supérieurs. Je me rappelle de trop de nuits qui jettent dehors à la recherche de l'inconnu, de l'ennui de nos vies, de l'indifférence pour ce qui peut nous arriver, et eux se rassurent dans leurs fringues leur maison leur bagnole et se félicitent de leur confort. Mais quand on a connu le vertige au bord de la réalité, on n'oublie pas si facilement, je crois que ça s'inscrit en nous pour l'éternité, et que l'on porte toujours cette solitude, cette fureur, cette sauvagerie au fond de nous.
Quelques mètres plus loin l'homme me rattrape, me demande quelques pièces doucement. Je pense à cette fille qui l'aime, qui lui a couru après sur ses tongs usées, je pense à elle et une tristesse me déchire. Je dépose 1€ au creux de sa main, ça ne leur rend pas service, je le sais. Je n'ai pas pitié d'eux, pourtant. Ils sont la réalité cachée du monde, l'expression obscène du néant et de la pauvreté des vies, ils sont ce qui se cache en nous et n'ose dire son nom, après tout il s'en faut peut-être de peu pour que nous aussi basculions et allions les rejoindre. Ils nous sont en réalité bien plus familiers que ces humains en costumes et tailleurs froids, ils sont ce qui nous effraie, la facilité peut-être mais surtout ce gouffre au milieu de nos ventres affamés d'autre chose. En réalité, un rien nous sépare des ces êtres, un choix à peine, et nous avons tous un jour eu le vertige au bord de nous-mêmes, nous avons tous été tentés de nous saboter. Comme ça ou autrement, nous avons tous cherché à nous fuir. Elle m'a émue si fort, cette fille au visage d'oiseau et cet homme qui est venu à moi dans la foule du quai, un geste, une reconnaissance, et il m'a regardée dans les yeux et m'a dit "Bon courage", lui me disait ça. Il a souri, est parti. La fille-oiseau ne trottinait plus derrière lui, il s'est arrêté, a attendu.
Je me suis sentie de l'autre côté de la barrière, du bon côté, en réalité, et déjà l'homme ne prêtait plus attention à moi. Je ne sais pas pourquoi j'ai déposé cette pièce dans sa main, peut-être parce qu'il est la vie de cette fille, mais surtout je crois qu'en un éclair j'ai pensé qu'il avait probablement eu une mère, des frères, des soeurs, parce qu'aujourd'hui quelqu'un l'aimait, parce qu'il aurait pu être un de mes frères, un de mes potes, n'importe qui qui passait près de lui sans le voir. Parce que je n'ai pas supporté cette indifférence autour de lui, et même autour d'elle quand elle lui courait après, je n'ai pas aimé les regards méprisants des hommes et les sourires moqueurs des femmes qui se croyaient mieux qu'eux, je le sais très bien que ni eux ni moi ne leur sommes supérieurs. Je me rappelle de trop de nuits qui jettent dehors à la recherche de l'inconnu, de l'ennui de nos vies, de l'indifférence pour ce qui peut nous arriver, et eux se rassurent dans leurs fringues leur maison leur bagnole et se félicitent de leur confort. Mais quand on a connu le vertige au bord de la réalité, on n'oublie pas si facilement, je crois que ça s'inscrit en nous pour l'éternité, et que l'on porte toujours cette solitude, cette fureur, cette sauvagerie au fond de nous.
Vendredi 9 juillet 2010 à 0:53
La magie du rosé chez Alyz'.
Mes mains sentent la pêche, l'air est moite et lourd. Je sens la sueur qui dégouline lentement le long de mon corps, dans la moiteur de ma chambre sous les toits. Je rêve, tellement plus haut, tellement plus fort, tant pis pour ceux qui m'ont blessée en cours de route, tant pis pour l'indifférence, à chaque fois j'y crois, j'ai cette innocence incroyable au fond du coeur.
Tant pis si ça ne donne rien, je vis quelque chose de tellement beau, tellement pur, je suis moi-même.
Enfin je suis en plein accord avec ce que je suis. Et ça me fait un bien fou.
Mes mains sentent la pêche, l'air est moite et lourd. Je sens la sueur qui dégouline lentement le long de mon corps, dans la moiteur de ma chambre sous les toits. Je rêve, tellement plus haut, tellement plus fort, tant pis pour ceux qui m'ont blessée en cours de route, tant pis pour l'indifférence, à chaque fois j'y crois, j'ai cette innocence incroyable au fond du coeur.
Tant pis si ça ne donne rien, je vis quelque chose de tellement beau, tellement pur, je suis moi-même.
Enfin je suis en plein accord avec ce que je suis. Et ça me fait un bien fou.