Mercredi 15 juin 2011 à 18:28

 Et l'atmosphère lourde, si lourde, les sirènes de police ou de pompier en plein milieu de la nuit, ce bruit incessant, sans limite, qui envahit chaque minute, chaque seconde, la rumeur de la ville sans interruption. Les hommes remontent les manches de leurs chemises et les femmes relèvent leurs cheveux, et pas à pas sur le bitume, j'observe.
Je souhaite du fond du ventre un orage terrible, qui oblitère la ville et le bruit, un orage qui muselle la jalousie, les non-dits et parfois les silences inquiétants, un orage qui ferait taire les sourdes pulsations qui parfois m'enserrent, m'enferment. Comme si la violence pouvait libérer, trouver un écho en moi, annihiler ma volonté de parfois tout contrôler.
Il me dit sereinement que je déteste trop les hommes, et moi je le regarde et j'ai envie de dire, tu sais, on peut penser que je ne déteste que les hommes mais les femmes aussi, simplement, c'est avec des hommes que je m'emmêle et non des femmes.
Je ne me mélange pas, toujours sur la tangente, et riche de ce que j'ai déjà, je ne me hâte pas derrière des chimères. Je ne poursuis rien, sans pour autant rester passive. Non, aucun homme que je croise ne me fait réellement envie, aucune personne que je rencontre n'éveille en moi une intense sympathie, à quoi ça rime de continuer à donner des bribes qui n'évoquent rien.
Et mes pas sur le bitume, chaque jour, vide, et pourtant je me sens pleine de pensées qui ne résonnent pas dans le coeur des autres.

Lundi 13 juin 2011 à 1:33

 Sauter dans les flaques, un étang brumeux dans la lueur du phare, le canapé tard dans la nuit et puis les sanglots dans la gorge, le vin, le ricard, le calva, le whisky, tout ça, tout ce qui se mélange et finit par se fondre et se tresser, les "Je t'aime" murmurés ou franchement dits, les yeux dans les yeux ou les jambes emmêlés, les coups bus avec des amies dans différents endroits, le photographe outre-atlantique, le déménagement à Bordeaux, tout ce qui forme une vie, et des gens qui demandent "Mais où tu l'as trouvée celle-là ?", je te le dirai bien mais est-ce que tu as vraiment envie de savoir, moi j'ai envie de te dire au fond d'un bar, il faisait nuit noire et j'avais déjà pas mal bu.
Ca se résume à peu de choses, non Lovecraft ne ressemble pas à Poe, les nuits ne sont jamais les mêmes. Et le matin, les yeux si beaux encore clos et sa bouche entr'ouverte, je discute de la bienséance et de la façon de bien se tenir en société tout en mangeant mes fraises du bout des doigts et en léchant les restes de chantilly à leurs extrémités dans un bistrot. Les yeux en face de moi et puis les mains croisées sur le ventre, le demi-sourire aux lèvres et puis ce bonheur au fond des yeux, un peu torve.
Un peu tout ça, du bien et puis du mal, tout entrelacés, mêlés.

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