Dimanche 30 novembre 2008 à 23:14

Je me suis écroulée sur un trottoir gelé à minuit quinze très exactement, j'ai commencé à chercher un endroit où dormir dix minutes plus tard en grelottant tellement fort que j'avais du mal à aller dans mon répertoire et quand quelqu'un a enfin rappelé j'ai sangloté très fort dans le téléphone "Là je suis vraiment dans la merde" et puis finalement j'ai fini par rappeler et dire "Bébé je t'en supplie viens me chercher" et il est venu mais je le regrette. Comment dire, je n'aurais pas du me brader, et les hurlements me reviennent en tête et les menaces aussi et j'aurais préféré me voir la gueule en sang plutôt que de ramper ainsi, à la réflexion, puisque le lendemain soir entre trois frites et deux nuggets tiédasses je m'entends dire que je ne suis rien. Les histoires de cerisier en fleurs et de Notre-Dame en amoureux ça va cinq minutes. Dans la réalité je me suis fait déglinguer le crâne sous la neige que j'aime tant après un repas fade dans un fast-food minable. Il m'a souri méchamment, m'a tapée sur le bras et est reparti en courant vers sa voiture et j'ai respiré profondément, j'ai sorti une cigarette et j'ai fumé lentement sous les lourds flocons en renversant la tête vers le ciel, les yeux perdus dans le tourbillon à en avoir le vertige.

Lundi 24 novembre 2008 à 21:09

Diverses choses à faire mais aucune envie, aucune motivation, le réveil sonne et en sortant timidement un index de la couette je l'éteins et me rendors, et je sais que c'est stupide puisqu'après je devrai courir perchée sur mes hauts talons pour bondir dans un RER blindé et aller cracher mes poumons coincée entre une paroi et un sac à main ou un dos d'homme. Je sais que quelqu'un filera probablement mes bas avec la fermeture éclair de son sac, que je m'énerverai probablement entre deux stations de métro, que je court-circuiterai mon cerveau à en perdre haleine, que je fumerai comme un pompier, que je m'écroulerai au fond de la salle à côté de Jeff et pas loin de Lu', mais demain Charlie revient et elle a de quoi dépanner les neurones faiblards, bénie soit-elle.

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Dimanche 23 novembre 2008 à 23:22

Les pieds dans les flaques d'eau gelée qui traverse mes chaussures en tissu, ma clope au bec comme toujours, le portable dans l'autre, je prends le raccourci, trois pas plus loin un sifflement me fait me retourner, c'est Arny qui m'appelle Morgane, mais je ne suis pas Morgane, je ne connais même pas de Morgane alors je passe mon chemin en rigolant un peu, j'avais bu un sky chez toi Arny, j'avais passé deux-trois soirées aussi je crois, je ne sais plus bien. Je m'efforce de ne pas me retourner au passage des voitures qui me frôlent, je ne veux pas savoir si il passe ou non, peu importe, il dit que je fais le tapin, je lui montrerais bien à quel point je peux être salope, mais non. Je baisse le nez dans mon écharpe, range le portable, serre mes mains sur mon ventre et glisse sur les feuilles mortes. Et encore cette histoire de bitume détrempé, de rêves écrasés ; ces histoires d'amour bien plus que de cul, ces apparences que je n'abandonne pas. La pluie ponctue mes pensées en tapotant mes cheveux, ma respiration se condense dans la nuit et je pleure de froid.

Vendredi 21 novembre 2008 à 19:03

Les Champs avec Jeff et Stan et les pieds en compote. Je reste elliptique et le temps passe tranquillement et Jm' me donne de ses nouvelles et je suis presque normale, enfin pas selon Stan mais ce n'est pas de ma faute. J'essaye une robe et Jeff me sourit qu'elle me va bien. Je ne sais plus à quoi m'en tenir et me laisse pas toute seule et je fais des choses étranges.
Je suis retournée Porte de Clichy et j'ai revu mes anciens patrons et mon ancien travail. J'y suis tellement allée que même les clochards me reconnaissent encore, et puis j'avais l'impression d'avoir laissé des bouts de moi partout. Quand je suis repartie vers Guy Môquet je me suis rappelée de trop de fois où je faisais ce chemin seule pour finir dans un appartement merdique dans une banlieue merdique, en quelques stations de métro. Je suis partie trop tard, heureusement il y avait le pain au chocolat de Danny, mais quand même, j'avais une sacrée boule dans le ventre. Je suis arrivée à mon école et Jeff m'a dit que Clc lui montrait sa culotte et voulait le baiser et j'ai éclaté de rire en lui disant, t'inquiètes au salon on est ensemble, et si ça se trouve Jm' fera la sécurité et ce sera marrant.
Je m'en vais encore pour tout le week-end et je suis vraiment très fatiguée.
Je ne suis plus sûre d'avoir envie de partir tout à l'heure.

Mardi 18 novembre 2008 à 22:19

Je voudrais faire machine arrière et désavouer le passé. Lui dire que c'était une erreur, que je ne suis pas la fille qu'il croît connaître. A force de ne pas me donner de chance je partirai et d'autres bras m'attendent et je suis trop fatiguée pour penser. Tellement longtemps que je n'ai pas fait une vraie soirée, ça me manque. Je noue des contacts, plus ou moins recommandables. Le business reprend. Quand le chat n'est pas là les souris dansent et jamais je ne raconterais que la vérité, je le jure. Miromesnil, décidément, bien des histoires se blottissent là-bas.
Jamais je ne saurais assez raconter la colère au fond du ventre et le noeud, la morsure du poing pour calmer la rage, quand l'envie me reprend de chausser mes vieilles baskets trouées et de partir dans la nuit les rejoindre, quand je sais que ça ne mènera jamais nulle part. Jm', bodyguard, la princesse s'explose le coeur mais plus la santé, remédions gaiement à tout cela, parce que je n'ai plus la force de me faire passer pour ce que je voudrais être. Peut-être que qu'il me manque la motivation, sûrement aussi, tu ne m'as pas assez donné l'envie. Je demandais juste qu'on s'occupe un peu de moi, le temps de souffler et de me refaire une santé. Rien de plus.

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