C'est vrai, j'ai toujours souri lorsque je suis partie, toujours souri lorsque j'ai trahi.
Mais alors ma vie n'était qu'à moi.
Aujourd'hui, ma liberté je l'ai quittée, pourtant elle m'avait emmenée loin, plus loin que tout, même si j'y ai laissé des plumes, souvent.
Dire adieu à l'ivresse des départs, se "ranger", comme ils disent, bien sage dans sa petite cage.
Je ne me souviens pratiquement d'aucun premier rendez-vous, mais je me rappelle du trac.
Je me souviens du soulagement aussi, la dernière fois que j'avais claqué la porte de l'appartement, mes doigts glissant la clé sous la porte, définitivement.
Comme si je n'avais jamais respiré auparavant.
L'émotion des flirts, les doigts tremblants dans le noir, je me rappelle de tout ça, je me souviens que je n'ai jamais pu me livrer avant d'avoir baisé, c'était plus facile après. Même si souvent je ne trouvais rien à dire, parce que je me foutais de parler ou de l'image de moi dans leurs yeux, oui, souvent je m'en foutais éperdument.
Ils me trouvaient cruelle lorsque j'allumais ma cigarette sans les regarder, et que je me rhabillais pour partir. Dure, lorsque je n'envoyais pas de messages, sauf pour venir. Froide, lorsqu'ils m'appelaient et que je ne trouvais rien à raconter. A leur raconter.
Tu sais, tu m'aurais laissée partir sans café, sans me ramener, sans rien me dire, ça ne m'aurait pas dérangée.
Je me foutais de ne rester qu'une étrangère.
Nous ne nous devions rien.
C'est vrai, je suis partie avec toi, mais pas que pour toi. Je suis surtout partie pour fuir, pour quitter, pour abandonner, pour trahir.
Est-ce que tu comprends ça ?
Je n'ai jamais voulu renier ma liberté.