Lundi 17 mars 2008 à 21:42

Je me suis fait virer de chez lui, j'ai marché longtemps sur l'avenue de la Porte de Clignancourt et un homme a voulu m'attraper par le bras, je ne pleurais pas, non, "on ne pleure pas pour ça", et je l'ai appris par coeur. La haine au fond des entrailles, une haine aveugle et froide, et ma voix pressée, sèche, hâchée, agressive. Le ventre en miettes, les jambes en coton, je marchais à m'en faire mal. Le métro et je raccroche, tombe sur un strapontin, les yeux brûlants et le crâne court-circuité. Et cet orgueil plus fort que tout, cette bravade de gamine : "je m'en fous, je chialerai pas, pas pour tes beaux yeux en tout cas, va te faire foutre." Je cours même, histoire de blesser un peu plus mes mollets courbatus, et j'attrape mon train, me vautre sur une banquette, et la fenêtre est noire, il fait déjà nuit, tant pis, j'aime bien les lumières de la ville dans l'obscurité, et puis, il faut aussi l'avouer, ça cadrait avec l'ambiance, il ne manquait qu'une chanson genre "All by myself" et on sombrait tout à fait dans le pathos. 
Je n'ai rien d'autre à dire, plus rien à ajouter, c'était ta dernière chance et on ne se retrouvera pas, ça me fait souffrir comme une bête mais je n'y peux rien, c'est fini.

Samedi 15 mars 2008 à 15:30

Je suis sortie de la terre et la bruine glacée m'a piquée les joues de ses milliers de gouttelettes, il faisait pourtant bon c'était agréable et j'en oubliais ma cigarette bien calée entre mon majeur et mon index, je marchais juste et dans la rue où siège la Cour des Souris les bourgeons des marronniers devenaient verts et sur certains arbres on pouvait déjà deviner une brume de feuilles. Tout était si calme juste le bruit de mes pas sur le bitume et quelques oiseaux timides, une jolie maison de fou face aux immeubles gris. Je savais que mon maquillage coulait sur mes joues ça m'était égal c'était pour une bonne raison.

Mercredi 12 mars 2008 à 10:30

Le miroir brisé

Le petit homme qui chantait sans cesse
le petit homme qui dansait dans ma tête
le petit homme de la jeunesse
a cassé son lacet de soulier
et toutes les baraques de la fête
tout d'un coup se sont écroulées
et dans le silence de cette fête
j'ai entendu ta voix heureuse
ta voix déchirée et fragile
enfantine et désolée
venant de loin et qui m'appelait
et j'ai mis ma main sur mon coeur
où remuaient
ensanglantés
les septs éclats de glace de ton rire étoilé.


Chanson de l'oiseleur

L'oiseau qui vole si doucement
L'oiseau rouge et tiède comme le sang
L'oiseau si tendre l'oiseau moqueur
L'oiseau qui soudain prend peur
L'oiseau qui soudain se cogne
L'oiseau qui voudrait s'enfuir
L'oiseau seul et affolé
L'oiseau qui voudrait vivre
L'oiseau qui voudrait chanter
L'oiseau qui voudrait crier
L'oiseau rouge et tiède comme le sang
L'oiseau qui vole si doucement
C'est ton coeur jolie enfant
Ton coeur qui bat de l'aile si tristement
Contre ton sein si dur si blanc


Jacques Prévert

Mardi 11 mars 2008 à 18:04

Il faudrait moins fumer. Etre moins fan de cocktails. Arrêter les achats compulsifs. Ne pas ricaner quand on m'en veut. Ne pas hausser les épaules et sourire qu'on verra bien. Ne plus bouffer les boîtes de Doliprane 1000 en une semaine. Arrêter de rêver à la manucure gratuite que j'ai toujours la flemme de me faire faire. Penser plus, se noyer moins, sourire plus joliment - sincèrement ? Ne pas se pâmer quand un historien sexy me propose sa veste parce que j'ai froid. Essayer de ne plus être attirée par R., ami de D., et pourtant c'est cramé dans les 30 secondes vides de mots, vides de tout. Toi-même tu sais et rien d'autre à ajouter, accord tacite. Faire le deuil de quelque chose qui ne naîtra jamais, avorter son désir et en rendre responsable la Terre entière - pourquoi faut-il que nous soyons des êtres moraux ?! Culpabiliser. Pour tout ce qui n'a pas été et aurait pu être, pour tout ce qui est et pour tout ce qui ne sera jamais.
Je crois aussi que je devrais arrêter ces articles qui ne sont que de longues liste de regrets, de remords, l'amertume enfin crachée, mais vainement. Ce sont les mots que je voudrais dire mais que je ne dis pas aux bonnes personnes, ce sont des tentatives avortées de... communication ? Dans un parking tard Cl. m'a dit "Tu as vraiment des problèmes sociaux" et j'ai rétorqué d'une petite voix d'excuse que ce n'était pas ma faute. Juste la trouille, ou un truc approchant.

Dimanche 9 mars 2008 à 19:39

Je n'ai pas de style particulier. Je n'ai pas un sourire éclatant. Je ne dors pas assez. Je me martyrise trop. J'écoute et je souris. Je n'ai jamais grand chose à raconter face aux gens. Pour être exacte : les gens m'emmerdent, à la longue. Mais je les aime bien. Dans le fond. Sous le reste qui a pris trop de place au fil des ans, à cause des J. ou A. ou T. ou C. et puis l'absence et ce qui tourne autour. Ca n'a pas d'importance. Il y a des périodes où l'on peut se payer le luxe d'occulter et je me le paye peut-être même un peu plus que de raison. Je suis une fausse extravertie mais une solitaire confirmée. Ou une handicapée sociale, au choix. Les liens sociaux superficiels sont ma plus grande spécialité.

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | Page suivante >>

Créer un podcast