Mardi 10 avril 2007 à 10:33

    Il fait beau. A midi, je mangerai seule, chinois à une terasse. Pour le plaisir du soleil sur mon visage blême d'insomnies. Hier, j'ai trié toutes mes lettres avortées, et mes textes sur des feuilles volantes, et il y en a un qui m'a laissée interloquée, ne pouvant m'empêcher de le lire et de le relire, n'en ayant absolument aucun souvenir, et choquée que j'ai pu écrire des choses pareilles. Le voilà.

    "Je gratte la peau sèche de mes jambes, ça me brûle, la goutte poisseuse qui roule n'apaise rien. La phrase revient sans cesse, obsédante, le dis-tu seulement ou le feras-tu vraiment, là est tout le problème. J'assassine mon orgueil et refoule mes désirs jours après jour, j'aliène mes désirs aux siens, et ce avec joie. Et sans cesse reviennent sous mes paupières closes nos corps emmêlés sous les draps, lui et moi mais aussi moi et d'autres, dans le fond, j'ai toujours méprisé ceux qui m'ont baisée, jeu bien trop facile, d'une nuit ou de plusieurs qui ne m'a jamais apporté autre chose qu'une satisfaction où résonnait toujours amèrement le même refrain, dans le fond, pourquoi tout ça. Se donner sans passion, c'est éteindre sa flamme. Dans ma frénésie à vouloir resplendir de vie, je ne me rendais compte qu'après que cela ne me suffisait pas, que j'y perdais bien plus que je n'y gagnais. Me revoilà au même point en pire, les autres ne m'ont jamais connue comme lui, je jette en patûre ce que je suis à mes doutes, je mutile mes envies, mes rêves, et ne paraîts plus que ce que je veux bien. Je me cracherai dessus encore longtemps, à moins que non, les temps à venir seront difficiles. Dans le fond à force de me suicider tous les jours, je ne mérite peut-être plus rien de mieux, mais çe ne me suffit pas, il me faut plus, je ne me contenterai jamais de ça, moi je veux vivre."

    J'ai aussi retrouvé une lettre que j'ai apprécié, aussi fidèle à moi-même que mon reflet. Précision, quand je dis dans cette lettre "même si personne ne sait", je parle de mon entourage proche.

    "Oser, le maître-mot. M'étaler impudiquement, cracher ma "personnalité" à la gueule du monde, dans le fond, pourquoi ? Je ne serai jamais Vian, ni Camus, ni Colette, enfermée en moi-même avec tous mes mots, toutes mes lettres avortées  sagement empilées au fond d'un tiroir, je ne serai jamais que moi. Ma plume glisse, valse, virevolte et se perd, mais je ne m'arrêterai jamais, même si personne ne sait. Mes mots sont à moi, et je ne veux pas me mettre à nu, la moindre critique serait une plaie de plus que je devrais laisser cicatriser, mais que je m'évertuerai à rouvrir consciencieusement ; sentir la douleur pour être plus vivante. Laisse-moi mes paradoxes, mon amour, mes gloires et mes abîmes, car je ne ferai jamais partie des grands. ne crois pas, je suis dévorée d'ambition, mais je cherche avant tout à tutoyer la perfection, protégeant jalousement les poussières de moi que j'égrène au fil de ma plume. Au bout du compte, je reste la même, terne, sans éclat, tendant mes sourires à qui en veut et gardant le vrai bien à l'abri. Laisse-moi la facilité du mensonge, du cynisme et du mépris, laisse-moi être aussi fragile qu'une voix qui se brise. Qu'importe ce que tu penseras, je te donne toute ma sincérité, et je m'arrache l'orgueil à me disséquer ainsi de la pointe du stylo.
    Je n'ai peut-être pas l'éclat, mais j'ai la hargne, j'ai ce besoin de vie qui me tourmente et me tord le coeur d'angoisse, et cette peur que tu t'en ailles, et mon vide, là, au creux du ventre, au point que j'en ai le vertige, et que je trouve ça sublime. Tu es le seul qui me désarme et pour lequel je m'arrache les mots, je t'aime à m'en décrocher le coeur. Que tu comprennes ou non, cela m'est égal, j'étale tout ce qui rôde en moi, et tout ce que j'aime laisser exploser lorsque j'écris ; enfin tu me vois vraie et ça fait mal, et ça fait peur, et ça fait du bien. Vois-tu, il m'arrive de sourire de toute ma douleur, et crois-moi, quand je laisse mes larmes s'échapper, ce n'est pas là que j'ai le plus mal, non, c'est quand ça se noue, que ça se crispe à l'intérieur et que je me sens aussi froissée qu'un vieux mot d'amour."

Lundi 9 avril 2007 à 18:47

    On s'en fout. Voilà. C'est tout. Vrai ou faux, je m'en tape. Je suis. Je vis. Mes ongles peints en rouge cerise tapotent mon clavier tout gris, dehors il fait beau, et le cerisier en fleurs, et le cerisier en fleurs, et le cerisier en fleurs. Le reste ce n'est pas important. Ou du moins, il faut faire semblant, voilà. Oublier. Un peu. Et demain je le verrai. Et là, ça recommencera. La douleur, à m'en fendre le coeur. Ca recommencera parce qu'il faut que je dise, que je lui explique que toutes mes actions ont leur "mais" sans rien derrière, leur "mais" que je ne comprends pas, et que si j'écris autant, c'est pour essayer de comprendre. Plus de deux cents textes en deux mois, oui, ça fait peur, ça s'entasse partout, c'est comme mes lettres avortées, elles commencent à déborder de mon tiroir, mais je ne peux pas en jeter, vous comprenez ? C'est trop important. C'est un peu comme si j'avais dit. Ca permet de tenir le coup, de remettre à plus tard. C'est une question de pudeur de l'âme, vous voyez.

Lundi 9 avril 2007 à 18:29

"La jeunesse est un art." / "Un véritable ami vous poignarde en face." / "Le plus brave de nous a peur de son moi." / "La beauté est dans les yeux de celui qui regarde." / "Il est humain de tuer l'être qu'on aime." / "Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée." / "On devrait toujours être légèrement improbable." / "Mon devoir est une chose que je ne fais jamais, par principe." / "Personne ne survit au fait d'être estimé au-dessus de sa valeur" / "La vérité pure et simple est très rarement pure et jamais simple" / "C'est facile d'arrêter de fumer, j'arrête vingt fois par jour" / "Le cynisme, c'est connaître le prix de tout, et la valeur de rien !" / "La vie est une grande désillusion" / "Ce ne sont pas les êtres parfaits qui ont besoin d'amour, ce sont les imparfaits" / "Ces visages qu'il suffit de voir une seule fois pour les oublier à jamais..." / "Vivre est la chose la plus rare. La plupart des gens se contente d'exister." / "La vie est tout simplement un mauvais quart d'heure composé d'instants exquis" / "J'adore les plaisirs tout simples ; ils constituent le dernier refuge des êtres complexes" / "Peut-être ne parait-on jamais si parfaitement à l'aise que quand l'on joue un rôle" / "La société pardonne souvent au criminel, jamais au rêveur" / "Il n'y a pas de péché sinon la stupidité" / "Il me semble parfois que Dieu, en créant l'homme, ait quelque peu surestimé ses capacités" / "Etre le maître de ses caprices est exquis, être leur esclave est encore mieux" / "Aucune carte du monde n'est digne d'un regard si le pays de l'utopie n'y figure pas." / "La vraie vie est si souvent celle qu'on ne vit pas..." / "On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur." / " Toute influence est immorale. Influencer quelqu'un, c'est lui donner son âme." / "Sachez que je puis croire toute chose, pourvu qu'elles soient franchement incroyables." / "L'homme est moins lui-même quand il est sincère, donnez-lui un masque, et il dira la vérité." / "Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles."



Oscar Wilde.

Lundi 9 avril 2007 à 14:17

    Je fais toujours semblant pour de fausses bonnes raisons. J'écris des lettres que les destinataires ne liront jamais. On a plus envie de me voir à la maison. Je me sens seule et perdue et il a encore oublié sa promesse. J'ai les yeux qui brûlent. J'ai mal à m'en fendre le coeur. Je les entends rire et ça n'a rien de drôle. Tout ceci n'est qu'une mascarade.
    Sans queue ni tête. Tout simplement. J'ai perdu le sens, les mots, l'envie. Et un tas de choses. Je voulais lui faire confiance. Mais il y a eu ce soir où. Il m'aime. De loin. Il ne faut pas que je prenne trop de place, vous comprenez. Ses belles phrases n'ont aucun sens, ce ne sont que du vent, si peu importantes que quand je lui demande si il se souvient il me dit que non. Je lui ai tout donné, il m'a tout pris, et chaque fois que j'ai eu besoin de lui, il m'a abandonnée.
    Par contre pour emmêler nos corps il ne m'a jamais oubliée. Et finalement aujourd'hui sera trop long, et j'aurai l'impression que je n'en verrai jamais le bout, je me traînerai lamentablement dans ma chambre, de mon lit à l'ordinateur, je griffonerai sans arrêt. C'est lui qui fait le plus mal. J'avais réussi à écrire la seule lettre qui n'aurait pas été avortée. Mais il n'a pas tenu sa promesse, alors je l'ai déchirée.

Dimanche 8 avril 2007 à 21:05

    Peut-être qu'il suffirait de prendre mon stylo plume et une grande inspiration, alors j'y arriverais. Mais ce serait moi, entièrement moi, et ce serait me livrer sans pudeur et sans mystère, me fragiliser, et remettre mon sort entre ses mains. Il faudrait peut-être, pourtant.
    Hier le métro a commencé à brûler. Il y avait de la fumée et une petite fille pleurait. J'avais peur, tout simplement. J'étais là à cause d'un coup de tête idiot, d'un caprice de petite fille. J'étais là et j'aurais aimé avoir raté le métro. Et puis après un long moment sans savoir quoi faire on a fini par descendre, entre Barbès et Château Rouge. On piétinait. Un long moment. Le quai, les escalators, et la lumière. Il y avait du soleil partout, ça me ruisselait sur les bras et ça me faisait du bien, et j'ai marché jusqu'à la porte de Clignancourt.

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