Samedi 7 avril 2007 à 15:14

    Il a débarqué avec un énorme bouquet de roses. Et là je me suis dit, mais qu'est-ce que je l'aime, avec un sourire bloqué sur les lèvres, au point que j'ai oublié de le laisser entrer. Mais. Toujours un "mais" qui crève le coeur, une petite pointe sournoise. On a pourtant passé une bonne soirée. Je ne sais pas, je ne comprends pas pourquoi ça bloque comme ça. Et sur un coup de tête j'ai envie d'être chez lui ce soir. Mais je ne sais pas. Il est peut-être fatigué, il ne veut peut-être pas. Je n'ai pas envie de lui voler sa liberté. J'ai juste envie de me blottir contre lui et de lui raconter pourquoi je suis mal, desfois. Je veux juste lui raconter que j'ai dix-huit ans et que je ne vais nulle part. Je lui dois mes battements de coeur les plus violents, ma jalousie la plus éclatante, mes larmes les plus amères, et mon bonheur le plus flamboyant.
    Je ne peux pas être seule, il me faut au moins l'illusion que je suis entourée, l'illusion qu'on ne me laissera pas tomber, l'illusion qu'on me protège. Mais je laisse toujours tomber les autres avant qu'ils ne le fassent. Ils m'en veulent, je le sais. Et moi je les aime, comme on aime en secret, et oui c'est bête, mais c'est facile, ça protège. Aimer de loin, regarder de loin, pour tout, laisser ma vie se dérouler comme si ce n'était pas moi qui choisissait. Je ne connais que peu de monde et ne cherche pas à en connaître plus. On me voit toujours avec un grand sourire aux lèvres, mais ce n'est pas ça dans le fond, ce n'est pas toujours ça. Est-ce que c'est vraiment important ?
    Je ne peux pas être seule aujourd'hui. Non... Je ne peux pas rester comme ça. Il ne comprendra pas cette mélancolie qui étreint le coeur, cette envie d'être garçonne, les cheveux de plus en plus courts, alors qu'ils m'arrivaient au milieu du dos, il ne comprend pas que je ne me maquille plus, que je ne mette plus de boucles d'oreilles, plus de talons. Non, j'essaie de me faire petite, discrète. Pourtant, le cerisier est en fleur, dans mon jardin. Je ne comprends vraiment pas, vous savez. Mon article est trop long, comme toujours... Ce n'est pas grave non plus, je suis toujours trop, de toute manière. Trop grande, trop arrogante, trop méprisante, trop insolente, trop passionnée, trop franche. Mais on ne peut pas vivre ainsi, n'est-ce pas ? Et même quand j'essaye de parler, d'écrire, il y a  tout ce sur quoi je n'arrive pas à mettre de mots...

Mercredi 4 avril 2007 à 19:02

    Tu te décroches, les larmes s'effilochent. T'avais le coeur à la boutonnière, un rien le touchait, les caresses du vent, et aussi les coups de revolver. Et maintenant t'es plantée là, seule, amère, et tu souffles tes ronds de fumée qu'un vent imaginaire défait aussitôt. Glisse le long du mur, accroupie sur tes talons, et le regard mordant. Allez, souris, souris, oublie les draps défaits dans le lit, et les flash-backs violemment lumineux, comme des instantanés de vie, ces images que tu gardes de son visage, et la brûlure de deux corps qui s'emmêlent, la musique qui crie dans ta tête devrait chasser tout ça. Ce n'est pas de la musique ?! Oh non c'est ton coeur accidenté, la vie en suspens,  un ralenti dans un mauvais film, mais en gros plan ton palpitant trop rapide. Fends un peu tes yeux, souris d'un coin de bouche, oui, le mépris, tu as la réponse.

Lundi 2 avril 2007 à 19:18

    Il fait chaud à Paris. En rentrant j'ai laissé glisser ma veste de mes épaules et pour la première fois depuis des mois j'ai senti le vent et le soleil sur mes bras nus. J'étais fatiguée, j'avais mal à la cheville, au ventre et à la tête mais dans la banlieue les cerisiers sont en fleurs. Un regard vert a croisé le mien, cela m'a fait plaisir aussi. Un jeune homme m'a rappelé celui de la JAPD qui me rappelait un de mes ex. Celui qui m'avait dit "Attention, tu vas te brûler les doigts", celui avec qui j'avais ri sous les étoiles à l'Ile de Ré, celui avec qui j'avais marché dans le sable et bu plein de verres à la Case à Vents, celui qui était beau et furieusement insolent. C'était à cette époque d'ailleurs, et ça fait un léger pincement au coeur, un peu de nostalgie, mais c'était si léger, si vous saviez, ça me manque, ce parfum de liberté et d'insouciance, cette insolence qu'on avait, ces fous rire qui nous secouaient, sans trop savoir pourquoi. Ca me manque mais c'est ainsi, la vie n'est pas souvent si légère. Il n'y a que ce parfum de printemps qui me rappelle que sous la Grande Ourse, un garçon a pris ma main dans la sienne, et que j'ai posé ma tête sur son épaule, tout simplement, parce que c'était aussi naturel que de respirer.

Dimanche 1er avril 2007 à 18:52

    Je suis fatiguée et la semaine qui s'annonce promet d'être chargée... Standardiste toute la semaine, voir mon amoureux en coup de vent, m'engueuler avec lui à cause de cette stupide histoire de colocation, fêter nos six mois, aller au théâtre, chercher un autre boulot, aller chez le médecin, aller chercher ma carte bleue et mon chéquier, trouver mon orientation.  Le tout en faisant 8h30 - 17h30 tous les jours. Et le week-end, c'est lui qui bosse. Comme on dit, putain, c'est chaud, la vie. Ah il faut aussi que je pense à économiser pour le cadeau que j'ai prévu de lui faire.
    Sinon, j'en ai marre de pas le voir. Et plus ça va, pire c'est. Ah. Et puis j'ai oublié : mon grand-frère va s'engager dans l'armée. On est vraiment chez les fous. Un chouette ami m'a offert une chouette rose. Je suis rentrée sous les étoiles avec elle, et dans le raccourci un homme nous a dit "C'est pas un chemin pour les jeunes filles", on lui a dit ah bon, z'inquiètez pas, on va survivre. "Ca vient d'où ces roses ?" Alors j'ai répondu euh ouais, c'est nos copains qui nous les ont offertes, ah ben vous en avez de la chance moi j'en offre pas à ma copine. "Ouais ben elle a pas d'bol." Et on est parties en chantant. J'ai eu le droit à mon cocktail rituel, j'ai nommé le Sex on the Beach, et puis chicha pomme, les banquettes, les volutes de fumée, tout comme avant, vraiment, il n'y a que le barman qui a changé. Cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas mis les pieds là-bas avec eux.

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