Lundi 16 avril 2007 à 23:04

    Finalement pour ce soir on se décide d'aller prendre un café vite fait bien fait au P-E. Je passe la chercher, on se marre, et je lui raconte un peu, elle aussi. On retrouve cette chère Pauline. On se pose. On rit. "Non parce que tu vois quand j'pince ma joue y'a d'la graisse." Mais ça on s'en fout. On repart. Pauline rentre. Nous, on a encore de la marche. "Oh tiens j'ai des chansons à te faire écouter. On s'pose au bord du lac ?" Les fesses sur le béton. Un écouteur chacune. Le lac, devant, et la nuit qui commence à tomber. Des oiseaux s'envolent. On ne dit rien, assises, là, en tailleur, les yeux dans le vague, le coeur résonnant comme des pas dans les couloirs vides du métro. Simplement. A la fin, elle me dit je suis en retard, mais je veux faire une photo de toi. Je dis d'accord. Son appareil galère, je lui prête le mien. Elle mitraille, et je ris, je regarde dans le vague et elle, elle sourit. Le lac et les barques. Je lui dis que c'est à mon tour. Alors pareil. Et puis on décide de changer de chemin pour rentrer. Nouveau décor. Nouvelles photos. Pour rire, pour jouer à celles qui ont vraiment du talent. Insouciantes comme les enfants.



C'est moi. Prise par elle. J'aime bien cette photo. V'là.
(Et non, je ne porte pas de slim, ni de ballerines, oui j'ai de longues jambes, oui comme elle dit si je maigri je perds un os, oui je kiffe mon sac, oui j'ai la peau mate, non je n'ai pas l'impression de faire dix-huit ans, et oui je suis mélancolique.)

Lou, j'la kiffe grave.

Lundi 16 avril 2007 à 11:08

    La vie nous entraîne toujours dans son tourbillon, à n'en plus finir. Et l'on se précipite étourdiment, avides de nouvelles choses, du sordide au sublime, voulant tomber pour sentir le vertige, et voler pour la même raison, sentir tout simplement que la vie peut être extraordinaire, bien au-delà d'un quotidien morne. Le magnifique réside dans les émotions, il faut qu'elles soient violentes, sinon, je ne les tolèrerai pas. Il y a cette colère que je porte comme un enfant, cette rage qui me fait siffler entre mes dents serrées que je veux mieux, que je veux vivre. Et toute ma violence m'empêche de ne pas être, il faut juste que je ressente toujours.
    Il m'a dit "Pars en Allemagne, je sais qu'il te manque quelque chose, tu le trouveras peut-être là-bas... Je sais que je ne te rends pas heureuse..." Oh non mon amour tu ne me rends pas heureuse mais je dégouline de vie, ne le vois-tu pas ? Il te suffirait de regarder dans mes grands yeux sombres quand je ris, et tu comprendrai. Cette pulsion, à l'intérieur, comme une vague qui emporte, une lame trop forte pour y résister. Oui, l'Allemagne me manque, bien sûr, mais peu importe. Ma vie n'est pas là-bas, et j'ai trouvé comment tenir sur le fil ici. Alors ? Il suffirait que tu me vois quand j'écris, que tu vois à quelle vitesse mes petites mains se déplacent sur le clavier, sans penser, chaque mot, chaque phrase se contentant de tirer un peu plus le fil de l'énorme pelote de mes pensées qui se promène dans ma tête, il suffirait que tu me regardes un peu mieux quand je baisse ma garde.
    Mais le vrai, je te le dissimulerai toujours, désolée, mon amour, mais tu as ton monde, et j'ai le mien. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance, c'est que l'essentiel est à moi, et que je ne l'ai jamais partagé avec quelqu'un de proche. C'est ainsi.

Samedi 14 avril 2007 à 10:24

    J'ai envie d'écrire, pourquoi, je n'en sais rien. Peut-être parce que la musique danse autour de moi, que les oiseaux y rajoutent leurs froissements d'ailes, et que le soleil baigne le tout. Ma mère a planté des ancolies dans le jardin. Il ne manque plus que l'anémone, et ce sera comme dans la tête d'Apollinaire. Comme dans ce si beau poème :

Clotilde

L'anémone et l'ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la mélancolie
Entre l'amour et le dédain

Il y vient aussi nos ombres
Que la nuit dissipera
Le soleil qui les rend sombres
Avec elles disparaîtra

Les déités des eaux vives
Laissent couler leurs cheveux
Passe il faut que tu poursuives
Cette belle ombre que tu veux

Et la musique, quand j'entends "partir, aimer, mourir, à n'en plus finir, ne goûter de la vie que la sève", cela me fait penser à celui-là :

La tzigane

La tzigane savait d'avance
Nos deux vies barrées par les nuits
Nous lui dîmes adieu et puis
De ce puits sorti l'Espérance

L'amour lourd comme un ours privé
Dansa debout quand nous voulûmes
Et l'oiseau bleu perdit ses plumes
Et les mendiants leurs Ave

On sait très bien que l'on se damne
Mais l'espoir d'aimer en chemin
Nous fait penser main dans la main
A ce qu'à prédit la tzigane

Et j'aimerais savoir pourquoi, pourquoi j'ai tous ces mots qui tournent en permanence, pourquoi j'écris toujours des histoires dans ma tête, pourquoi je ne me contente pas de ma vie, douce et un peu amère comme elle est, pourquoi il me faut toujours plus, sans savoir exactement ce qu'est ce "plus".

Sur la route un arbre pleure
Ses bras déchirent le brouillard
Les oiseaux chers à son coeur
Sont partis un beau soir...

Vendredi 13 avril 2007 à 22:21

    Combien de nuits, combien d'heures j'ai passé dans cet appartement ? Vingt-cinq mètres carrés. Le canapé-lit défoncé, les mégots, le carrelage sale, les bouteilles vide sur la table, les culs de joints, et mon maquillage qui dégouline tandis que, serré contre moi, tu te débats dans ton sommeil. Et cette peur du vide, les bras serrés autour de ma poitrine, à demi-nue, misérable. Ces moments où l'on a peur de tout et de rien. D'aimer, de regretter, d'oser, de mourir. Ces heures en suspens, à se battre contre soi-même en silence, pour ne pas trop sombrer, à se forcer à être en colère pour se raccrocher à quelque chose, des sanglots de haine dans la gorge, et mes petits poings serrés, serrés, serrés, à en avoir mal.
    Combien de nuits, combien d'heures je passerai encore ainsi ?

Vendredi 13 avril 2007 à 21:57

    La fatigue, plus lourde que d'habitude. La nuit a été longue, agîtée, bousculée, ratrappée par mon futur trop conditionnel pour être bien sérieux. Alors j'oublie, je me saoûle de mots, je me rends ivre de vie, d'amour et de douleur, et je glisse dans mes oreilles des paroles comme des perles précieuses (Bratsch. <3) Je pense à d'autres. Invente d'autres choses auxquelles penser. Pas très courageux, je le sais. Mais je n'ai plus envie d'être courageuse. Je me laisse faire doucement, je vais à la dérive, souriant calmement. Comme quand on fait la planche sur l'océan, un peu trop loin. Et qu'on finit par revenir vers le bord quand le secouriste souffle de tous ses poumons dans son petit sifflet. Mais moi je n'ai pas de secouriste. Juste le bleu infini, la fraîcheur de l'eau, les cris des mouettes, le soleil et le vent. Alors ? Alors partir aussi loin que possible. Me laisser bercer doucement. J'aimerais que cette quiètude dure toujours, peu importe où j'irai.

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