Mardi 6 mars 2007 à 11:00

    J'étais un petit bout de petite fille, née un peu en avance, un peu en avance aussi à l'école, un an, pas grand chose dans le fond, mais c'est toujours un an de vie de petite fille perdu. Dommage, ce sont les plus belles années... J'avais des couettes et les dents du bonheur, je portais un polo de mon grand-frère sous les salopettes de mon grand frère, j'avais déjà les oreilles percées, et les cheveux longs "parce que ça fait princesse !" J'étais forte à la corde à sauter, mais ça ne m'empêchait pas d'aller avec mon grand frère, le mercredi après-midi, sur la place pour jouer au foot avec ses copains. Ma maman nous emmenait au parc tous les jours pendant les vacances, et je trouvais toujours moyen de trouver une petite fille ou un petit garçon et de lui poser la question fatidique : "Dis, tu veux bien être mon ami ?" ou alors je jouais avec mon grand frère. Mon petit frère, il était encore trop petit, il restait dans sa poussette. En primaire j'ai eu des tonnes d'amoureux, je ne savais pas que les garçons, ça pouvait être méchant. Enfin, si, quand il y en a un qui m'a dit "J'suis plus amoureux de toi, t'as changé de coupe de cheveux." mais ça c'était pas très grave, de toute manière, ça m'était un peu égal, c'était surtout que j'avais six ans et lui huit, et que ses parents avaient une super grande maison au bord du lac, et que sa mère était américaine, alors ça m'impressionait drôlement. En grandissant, j'ai de moins en moins joué avec les copains de mon grand frère, et de plus en plus avec les gamins de mon âge. Le mercredi après-midi ou le samedi, on ne se donnait jamais rendez-vous, mais il y en avait toujours pour venir sonner à l'interphone, et ma mère ne disait jamais non pour que je descende. J'étais heureuse comme seuls les enfants savent l'être.
    Et maintenant... Je me réveille dans son lit, certains matins, embrumée de sommeil et de fumée, je le vois se préparer pour aller travailler, et, à moitié dénudée, je m'assieds sur le lit défoncé pour mieux le regarder. Son regard s'attarde sur moi, me détaille, me sourit, me promet, et je souris aussi, espérant un peu qu'il viendra à nouveau s'étendre à côté de moi. Dans le doute, j'étire le bras, attrape le paquet, me colle une cigarette entre les lèvres et l'allume, histoire d'essayer de prolonger le moment. Les volutes nous entourent, et nos sourires sont amers, dans le fond, on se demande ce qu'on fout à être comme ça, aussi perdus. Il m'embrasse et s'en va, j'attrape mon portable, appelle ceux qui sont peut-être disponible pour aller prendre un café l'après-midi. Avec eux, je suis heureuse, ou presque, nous ne sommes pas innocents, encore moins insouciants, mais nous savons mettre entre parenthèses le temps, et disséquer le passé, raconter les jours heureux et nos déchéances. Mais dans nos cafés-clopes quotidiens se cache le vague regret qu'un jour cela n'avait pas été ainsi... L'impression d'avoir mal grandi, mal poussé, d'avoir trahi, abandonné l'enfant que j'ai été, de m'être laissée me perdre dans tous les coins et recoins sans jamais retrouver mon chemin, partir m'égarer plus loin, donner mon corps et un peu de mon coeur à ceux qui me plaisaient, tout ça pour rien...

Lundi 5 mars 2007 à 18:44

    Huit mois de non célibat. Je ne suis pas une marie couche toi là, non. Je prends un semblant de tendresse là où je peux le trouver, et si c'est dans un pieu, c'est déjà ça... Bien sûr que je rêve à mieux, et parfois je me dis que je l'ai trouvé, quand, soufflant dans mon cou, il me murmure qu'il m'aime en me serrant fort contre lui, alors je ferme les yeux, et je ris doucement, ma main dans ses cheveux. Je l'aime. Simplement. Trois mots laissés sur sa table basse, il les trouvera d'ici quelques minutes, et ça me fait sourire bêtement.


Dimanche 4 mars 2007 à 17:30

    Je lui ai écrit vingt et une lettres avortées. Je l'ai attendu des heures. J'ai parlé, crié, pleuré, hurlé, souri, frappé pour qu'il m'entende. Et il disparaît à nouveau. Il reviendra, s'excusera, et la même chose recommencera, toujours. J'étouffe lentement, et soupçonne un sadisme latent de sa part. Dans trois jours cela fera cinq mois que je souffre. Tout à l'heure la chienne aboie, ce n'était pas lui, pourtant mon coeur s'est décroché, et je suis vide d'espérer sans raison.

Dimanche 4 mars 2007 à 17:11

It's a mystery to me - the game commences
For the usual fee - plus expenses
Confidential information - it's in a diary
This is my investigation - it's not a public inquiry

I go checking out the reports - digging up the dirt
You get to meet all sorts in this line of work
Treachery and treason - there's always an excuse for it
And when I find the reason I still can't get used to it

And what have you got at the end of the day ?
What have you got to take away ?
A bottle of whisky and a new set of lies
Blinds on the window and a pain behind the eyes

Scarred for life - no compensation
Private investigations



Il devait m'appeler, me voir, je devais dormir chez lui. Son portable coupé, hier soir, il était à une de ses soirées bizarres. et aujourd'hui, je ne sais pas où il est. Je ne le revois pas avant samedi prochain.

Samedi 3 mars 2007 à 12:27

Il n'y a pas d'amour heureux

Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir les bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit saisir son bonheur il le broie
Sa vie n'est qu'un étrange et douloureux divorce

Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de ce lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes

Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte en moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans comprendre nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent

Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare

Il n'y a pas d'amour heureux

Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs

Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux

L. Aragon

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