Je t'emmerde. J'en ai marre de toi et de ce monde de cons et d'emmerdeurs. J'en ai marre de me faire traiter de salope si je marche seule la nuit à vingt-trois heures. J'en ai marre des gens gris dans les couloirs du métro, pressés, stressés, stéréotypés, ils écrasent un pied, grognent un vague pardon, et foncent bousculer une épaule plus loin. Il y en a pas un qui regardera un autre dans les yeux. J'en ai marre du vide, de cette douleur dans le ventre, de mes cauchemards glauques, j'en ai marre de me casser les ongles à force de me gratter les jambes, je ne suis pas belle, je ne me maquille même plus. J'en ai marre de son silence, de son absence, j'en crève de sa voix qui crie dans ma tête mais de mon portable muet, je crève des sms auxquels je n'ai aucune réponse, et j'ai vraiment mal au ventre, mon dieu, j'ai l'impression que ça me ronge. Dans ce sang qui s'échappe de mes cuisses aurait pu vivre un enfant pendant neuf mois, et ça me fait mal de penser qu'il n'y a rien. Demain ça fera cinq mois, nous ne serons pas ensemble, je tournerais en rond et j'aurais toujours autant mal, pliée en deux. Je penserai à tout ce qu'il m'a promis, et je serai toute seule, avec ces larmes amères qui dévaleront toujours la courbe de mes joues. J'aurais envie de hurler, de l'appeler à n'importe quelle heure de la journée, mais je ne le ferai pas. Je resterai là. Et j'attendrai sa voix.
Mardi 6 mars 2007 à 22:21
Mardi 6 mars 2007 à 16:30
Maman. Toujours à vouloir savoir ma vie. Sauf que c'est le néant. "Tu ne dis jamais rien." Il n'y a rien à dire. C'est seulement ça. Je ne peux pas faire semblant. Je ne veux pas faire semblant. Ma vie est vide. Les autres ont au moins leurs études. Moi, même pas. C'est le vide intégral depuis qu'il bosse à nouveau. C'est la solitude, les appels sans réponse parce qu'ils sont en cours, ou au travail, c'est le trou, tourner en rond entre mes quatres murs, un oeil sur le pc, et rien. Si, cette douleur au ventre qui me tient compagnie, lourde, sourde. La pluie tapote à mes carreaux. J'ai envie de sauter par la fenêtre. Comme ça. Pour le vertige. Pour la pluie comme des aiguilles glacées sur ma peau. Pour me dire "Tiens, je vais mourir". Comme ça. Comme on se dit "Tiens, il y a un trou à ma chaussette".
Mardi 6 mars 2007 à 11:00
J'étais un petit bout de petite fille, née un peu en avance, un peu en avance aussi à l'école, un an, pas grand chose dans le fond, mais c'est toujours un an de vie de petite fille perdu. Dommage, ce sont les plus belles années... J'avais des couettes et les dents du bonheur, je portais un polo de mon grand-frère sous les salopettes de mon grand frère, j'avais déjà les oreilles percées, et les cheveux longs "parce que ça fait princesse !" J'étais forte à la corde à sauter, mais ça ne m'empêchait pas d'aller avec mon grand frère, le mercredi après-midi, sur la place pour jouer au foot avec ses copains. Ma maman nous emmenait au parc tous les jours pendant les vacances, et je trouvais toujours moyen de trouver une petite fille ou un petit garçon et de lui poser la question fatidique : "Dis, tu veux bien être mon ami ?" ou alors je jouais avec mon grand frère. Mon petit frère, il était encore trop petit, il restait dans sa poussette. En primaire j'ai eu des tonnes d'amoureux, je ne savais pas que les garçons, ça pouvait être méchant. Enfin, si, quand il y en a un qui m'a dit "J'suis plus amoureux de toi, t'as changé de coupe de cheveux." mais ça c'était pas très grave, de toute manière, ça m'était un peu égal, c'était surtout que j'avais six ans et lui huit, et que ses parents avaient une super grande maison au bord du lac, et que sa mère était américaine, alors ça m'impressionait drôlement. En grandissant, j'ai de moins en moins joué avec les copains de mon grand frère, et de plus en plus avec les gamins de mon âge. Le mercredi après-midi ou le samedi, on ne se donnait jamais rendez-vous, mais il y en avait toujours pour venir sonner à l'interphone, et ma mère ne disait jamais non pour que je descende. J'étais heureuse comme seuls les enfants savent l'être.
Et maintenant... Je me réveille dans son lit, certains matins, embrumée de sommeil et de fumée, je le vois se préparer pour aller travailler, et, à moitié dénudée, je m'assieds sur le lit défoncé pour mieux le regarder. Son regard s'attarde sur moi, me détaille, me sourit, me promet, et je souris aussi, espérant un peu qu'il viendra à nouveau s'étendre à côté de moi. Dans le doute, j'étire le bras, attrape le paquet, me colle une cigarette entre les lèvres et l'allume, histoire d'essayer de prolonger le moment. Les volutes nous entourent, et nos sourires sont amers, dans le fond, on se demande ce qu'on fout à être comme ça, aussi perdus. Il m'embrasse et s'en va, j'attrape mon portable, appelle ceux qui sont peut-être disponible pour aller prendre un café l'après-midi. Avec eux, je suis heureuse, ou presque, nous ne sommes pas innocents, encore moins insouciants, mais nous savons mettre entre parenthèses le temps, et disséquer le passé, raconter les jours heureux et nos déchéances. Mais dans nos cafés-clopes quotidiens se cache le vague regret qu'un jour cela n'avait pas été ainsi... L'impression d'avoir mal grandi, mal poussé, d'avoir trahi, abandonné l'enfant que j'ai été, de m'être laissée me perdre dans tous les coins et recoins sans jamais retrouver mon chemin, partir m'égarer plus loin, donner mon corps et un peu de mon coeur à ceux qui me plaisaient, tout ça pour rien...
Et maintenant... Je me réveille dans son lit, certains matins, embrumée de sommeil et de fumée, je le vois se préparer pour aller travailler, et, à moitié dénudée, je m'assieds sur le lit défoncé pour mieux le regarder. Son regard s'attarde sur moi, me détaille, me sourit, me promet, et je souris aussi, espérant un peu qu'il viendra à nouveau s'étendre à côté de moi. Dans le doute, j'étire le bras, attrape le paquet, me colle une cigarette entre les lèvres et l'allume, histoire d'essayer de prolonger le moment. Les volutes nous entourent, et nos sourires sont amers, dans le fond, on se demande ce qu'on fout à être comme ça, aussi perdus. Il m'embrasse et s'en va, j'attrape mon portable, appelle ceux qui sont peut-être disponible pour aller prendre un café l'après-midi. Avec eux, je suis heureuse, ou presque, nous ne sommes pas innocents, encore moins insouciants, mais nous savons mettre entre parenthèses le temps, et disséquer le passé, raconter les jours heureux et nos déchéances. Mais dans nos cafés-clopes quotidiens se cache le vague regret qu'un jour cela n'avait pas été ainsi... L'impression d'avoir mal grandi, mal poussé, d'avoir trahi, abandonné l'enfant que j'ai été, de m'être laissée me perdre dans tous les coins et recoins sans jamais retrouver mon chemin, partir m'égarer plus loin, donner mon corps et un peu de mon coeur à ceux qui me plaisaient, tout ça pour rien...
Lundi 5 mars 2007 à 18:44
Huit mois de non célibat. Je ne suis pas une marie couche toi là, non. Je prends un semblant de tendresse là où je peux le trouver, et si c'est dans un pieu, c'est déjà ça... Bien sûr que je rêve à mieux, et parfois je me dis que je l'ai trouvé, quand, soufflant dans mon cou, il me murmure qu'il m'aime en me serrant fort contre lui, alors je ferme les yeux, et je ris doucement, ma main dans ses cheveux. Je l'aime. Simplement. Trois mots laissés sur sa table basse, il les trouvera d'ici quelques minutes, et ça me fait sourire bêtement.
Dimanche 4 mars 2007 à 17:30
Je lui ai écrit vingt et une lettres avortées. Je l'ai attendu des heures. J'ai parlé, crié, pleuré, hurlé, souri, frappé pour qu'il m'entende. Et il disparaît à nouveau. Il reviendra, s'excusera, et la même chose recommencera, toujours. J'étouffe lentement, et soupçonne un sadisme latent de sa part. Dans trois jours cela fera cinq mois que je souffre. Tout à l'heure la chienne aboie, ce n'était pas lui, pourtant mon coeur s'est décroché, et je suis vide d'espérer sans raison.