J'ai écouté les Beatles à chacun de mes déplacements.
Je suis encore passée à mon ancien boulot, là où j'étais serveuse et où je reconnais si peu de choses. Fini, le trip-hop en fond sonore, le barman gay version grande folle, la patronne speed, le patron nonchalant. Fini, tout ça.
Désormais, ça sent la bière, le tabac froid, le bar de miséreux. Un ancien habitué est au comptoir et me crie "Ho ! Ma fiancée !", je ris un peu pour la forme, fais la bise, pivote sur mes talons, fais un signe de la main au cuistot. J'achète mon paquet de Lucky Strike et je m'enfuis, le coeur serré, un peu nostalgique.
Désormais je déjeune au restau d'à côté, parfois avec un des anciens habitués. On se marre, on se chamaille, on se lance des vannes, c'est marrant, il a bien 60 ans, mais on s'entend comme larrons en foire.
J'ai émietté des souvenirs un peu partout, j'ai envie de partir en week-end à la mer ou à la campagne, de rouler fenêtres ouvertes le vent dans les cheveux, de pic-niquer quelque part dans un champ, de laisser passer le temps doucement, de me reposer beaucoup. Et puis de revenir, avec un peu de recul, un peu de souffle, un peu de combativité, de revenir avec des souvenirs dans lesquels puiser, des souvenirs d'où il serait absent, des souvenirs sûrs.
Jeudi 10 février 2011 à 19:45
Lundi 7 février 2011 à 19:45
Je regarde les autres passer, défiler, pressés.
Et mon pas nonchalant, les yeux baissés sur la pointe de mes bottines, ce murmure intarissable au fond de ma petit tête de linotte, les pieds dans une flaque, comme les enfants, un pan de mon écharpe glisse de mon épaule et j'esquisse un geste que je n'achève pas.
Il a fait beau aujourd'hui, beau et doux, j'ai ri de sentir de timides rayons si peu tièdes sur mon visage, mes cheveux. Il y avait des odeurs dans l'air qui me faisaient penser à toi, très fort.
J'aurais tant voulu que tu n'aies pas besoin de fuir, que tu te dises qu'on pouvait s'abriter tous les deux, que tu penses un peu moins que je suis quelqu'un de très très bien. Je n'ai pas été capable de te dire, regarde, je suis fragile, et lâche aussi, je fuis sans bruit, sans mots, sans gestes, je fuis tout simplement en ne faisant rien, passive.
Comme j'ai voulu croire que tu serais plus heureux là-bas, sans moi, sans rien, je t'ai laissé partir mais il n'y a pas pas plus de rire.
Je sais que forcément, je me suis trompée quelque part. Je sais que c'est de ta faute aussi. Que c'est notre faute, à nous, ensemble, on aura vraiment fait quelque chose ensemble, au moins, je susurre ça cyniquement, sourire aux lèvres. Aigre-douce, douce-amère, douce, douce, douce, même cette tristesse l'est. Cette faute comme un chardon.
Depuis le début, depuis le commencement, c'était fait pour être ainsi, et mon dieu, j'ai l'impression que cela fait très longtemps que tu ne m'as pas dit que je suis jolie, fatale ou glaciale, n'importe quoi, tes photos me manquent, ta musique me manque, tes mains me manquent, ton sourire et ton regard toujours grave, tes idioties et surtout tes râleries interminables où tu gueules après le monde entier, dis-moi, as-tu encore le courage de tempêter ? De dire que la vie est une pute ?
Je t'écoutais longtemps, je me rappelle certains soirs à marcher à tes côtés en silence sous la pluie, le nez baissé, juste à marcher à tes côtés et à t'écouter, longtemps. J'étais heureuse.
Dimanche 6 février 2011 à 23:31
En cette fin de week-end, j'écoute passivement les Eagles of Death Metal. Et puis je te parle.
Je mélange tout, en ce moment. Je confonds tout, les regrets et les souvenirs, surtout. Je tousse.
Je me laisse porter, parfois on en a assez de vouloir tout contrôler. En me regardant nue dans le miroir de la salle de bains, je me suis demandée effectivement si ce corps suffisait, je me suis demandée comment toi tu le voyais, et puis j'ai eu cette pensée saugrenue, une illumination, je t'ai gardé loin de la seule personne qui aurait pu en dire bien plus sur moi que moi, qui aurait pu aider, oui je t'ai gardé loin de tout ça, sans savoir vraiment pourquoi.
J'ai enfilé un shorty en dentelles, un soutien-gorge noir, un jean déchiré, un pull noir court, et un gilet d'homme gris par-dessus. J'ai attaché ma tignasse en une queue de cheval, et j'ai rasé les cheveux qui tombent sur mon tatouage, derrière l'oreille.
J'ai chantonné toute la journée, malgré ma voix cassée.
Je mélange tout, en ce moment. Je confonds tout, les regrets et les souvenirs, surtout. Je tousse.
Je me laisse porter, parfois on en a assez de vouloir tout contrôler. En me regardant nue dans le miroir de la salle de bains, je me suis demandée effectivement si ce corps suffisait, je me suis demandée comment toi tu le voyais, et puis j'ai eu cette pensée saugrenue, une illumination, je t'ai gardé loin de la seule personne qui aurait pu en dire bien plus sur moi que moi, qui aurait pu aider, oui je t'ai gardé loin de tout ça, sans savoir vraiment pourquoi.
J'ai enfilé un shorty en dentelles, un soutien-gorge noir, un jean déchiré, un pull noir court, et un gilet d'homme gris par-dessus. J'ai attaché ma tignasse en une queue de cheval, et j'ai rasé les cheveux qui tombent sur mon tatouage, derrière l'oreille.
J'ai chantonné toute la journée, malgré ma voix cassée.
Mardi 1er février 2011 à 21:59
J'ai ressorti le look de mes dix-sept ans, ça m'a fait sourire. J'ai juste échangé les Van's par des Converse, question de commodité. J'écoutais du bon vieux punk rock, les yeux maquillés, les ongles peints, je me suis sentie proche de mon adolescence.
Ma gorge me râpait mais je tirais quand même sur ma clope ; j'ai rechargé ma carte Orange, privilège de salariée, 100 € s'envolent et la puce de ma carte bleue a l'air de fumer.
Je regarde autour de moi, pas mal d'étudiants, étudiante j'ai oublié, ça ne suffisait pas à mon porte-monnaie, j'en avais marre de me priver ou de compter toujours, j'en avais marre de me restreindre ne serait-ce que pour boire un verre avec des amis.
J'ai mes projets aussi, me racheter un pc portable, rembourser un putain de prêt étudiant, mettre des sous de côté pour un appartement, enfin, un studio, ne rêvons pas trop haut. J'ai réussi à mettre ma vie sur des rails, malgré mes innombrables beuveries, j'ai réussi malgré mes vices et mes faiblesses, j'ai réussi à être plus forte que moi.
Je continue même si il part, je continue envers et contre tout, je continue parce que ce serait trop facile de rester à se lamenter, je continue parce que chialer ne ramènera pas les absents et ne ressuscitera pas les morts, parce que je ne sais pas faire autrement que d'oublier ma peine en buvant, en fumant, ou en travaillant, trop à chaque fois, quitte à répéter parfois à la limite de l'hystérie que je suis une grande fille et que je suis sage, que c'est bon, ça va aller, ça va aller.
Et ça va aller.
Je ne me laisse pas le choix, ça va aller.
Ma gorge me râpait mais je tirais quand même sur ma clope ; j'ai rechargé ma carte Orange, privilège de salariée, 100 € s'envolent et la puce de ma carte bleue a l'air de fumer.
Je regarde autour de moi, pas mal d'étudiants, étudiante j'ai oublié, ça ne suffisait pas à mon porte-monnaie, j'en avais marre de me priver ou de compter toujours, j'en avais marre de me restreindre ne serait-ce que pour boire un verre avec des amis.
J'ai mes projets aussi, me racheter un pc portable, rembourser un putain de prêt étudiant, mettre des sous de côté pour un appartement, enfin, un studio, ne rêvons pas trop haut. J'ai réussi à mettre ma vie sur des rails, malgré mes innombrables beuveries, j'ai réussi malgré mes vices et mes faiblesses, j'ai réussi à être plus forte que moi.
Je continue même si il part, je continue envers et contre tout, je continue parce que ce serait trop facile de rester à se lamenter, je continue parce que chialer ne ramènera pas les absents et ne ressuscitera pas les morts, parce que je ne sais pas faire autrement que d'oublier ma peine en buvant, en fumant, ou en travaillant, trop à chaque fois, quitte à répéter parfois à la limite de l'hystérie que je suis une grande fille et que je suis sage, que c'est bon, ça va aller, ça va aller.
Et ça va aller.
Je ne me laisse pas le choix, ça va aller.
Lundi 31 janvier 2011 à 19:29
J'arpente les mêmes quartiers, en jean-baskets pour une fois, lassée de mes mini-jupes et de mes talons hauts.
Mon vernis s'est encore écaillé, une migraine me cisaille le crâne depuis trois jours, il me demande pourquoi je dis que je suis abandonnée. Et moi je me demande pourquoi on a pas été foutu d'être heureux à temps, pourquoi il a toujours fallu fuir ou se défier, et pourtant un soir sur les Grands Boulevards, je disais "S'il te plaît, s'il te plaît, laisse-moi tranquille", détresse de fille fragile.
J'ai le visage mort de ma grand-mère dans la tête, j'ai mal un peu partout, souvent envie de vomir, mais cette envie a probablement un rapport avec la dose excessive d'alcools forts ingurgitée ce week-end au fin fond d'un pub de banlieue. Pub où j'ai croisé le visage de L', si triste, elle m'a brisé le coeur, me l'a brisé pour de vrai, j'ai encore trop pleuré.
J'ai écouté Love me tender et j'en ai encore l'estomac chiffonné, un cliché de fille, toujours.
Je l'imagine au milieu des gratte-ciels, si loin de moi, qu'est-ce qui nous lie encore, je voulais qu'on me rende ma guerre mais je suis fatiguée de lui parler comme une amie, égoïste ces derniers temps, une amie qui pleure, qui crie, une amie qui dit "Je veux que tu reviennes", une amie qui dit "Fais-moi sourire", une amie qui aurait tant voulu le "petite" qui aurait pu aller devant.
Qu'est-ce qu'il n'a pas compris, allez savoir, qu'est-ce que j'ai mal fait, pourtant, j'ai fait du mieux que je pouvais.
Il dit : "J'aimerais tellement qu'un jour tu sois juste heureuse.", j'hésite entre sourire tendrement ou amèrement.
Un type m'a montré sa bite dans la rue, retour à la trivialité de l'existence, s'il me voulait choquée ou gênée il ne s'est pas adressé à la bonne cliente, qu'est-ce que j'en ai à foutre de sa bite, très certainement rien, qu'est-ce que j'en ai à foutre de sa tentative d'humiliation avec sa petite phrase à la con "C'est pas la première que tu vois, hein ?", encore moins que rien, je passe à côté de lui sans le regarder, en l'ignorant de toute ma hauteur et de toute ma superbe, il faut plus qu'un sexe pour me déstabiliser.
Il paraît que je n'ai pas de bol, je sais juste que je suis souvent au mauvais endroit au mauvais moment, dieu merci j'ai du sang froid, et malgré mon tabagisme je prends mes jambes à mon cou sans difficulté, je ne compte sur personne pour me protéger.
Pourtant je voudrais juste ça, je crois, mais il prend un appart' à Montréal et je reste ici, je savais très bien que mon sourire n'allait pas suffire.
Ragazza, du pipeau, ragazza est seule à Paris et pleure toutes les larmes de son corps, de son corps qui ne suffisait pas, de son coeur qui ne suffisait pas non plus, insuffisante, je repasserai plus tard, on se revoit un jour à Montréal, New York ou Paris, je t'aime.