Jeudi 14 avril 2011 à 20:23

"Dis bonjour au 93 et à Paris de ma part, dis-leur que je les aime mais qu'ils ne me manquent pas.
- Si tu veux, je dirai aussi à Paris, de ta part, qu'elle est une putain.
- Paris, c'est plus une pute. Paris, c'est une ex."

Mon short, mes talons hauts, les couloirs du métro, les gens bêtes et ceux au regard salace, envieux, admiratif, absent, triste, au choix.
Le monde au bout des doigts, je rentre plus chez moi, c'est où chez moi, dites-moi ? C'est partout et nulle part à la fois, c'est là où je me trouve, où j'ai été, où je vais, chez moi, tout ça, ma petite tête décoiffée et le tac-tac de mes talons qui résonnent.
Une cigarette calée au bout des doigts, je me lance, l'instant rêvé, je songe éveillée, pas besoin d'orgueil, ni de me battre, les yeux d'Angie sourient, et tout au fond, cette pointe de nostalgie qui trouve un écho dans mon sourire.
Toutes les histoires se ressemblent, les miennes n'échappent pas à la règle, mais quelque part, je ne peux m'empêcher de me dire que nous, on peut. On peut tout faire. Tout. Mettre le monde à nos pieds, à genoux. On peut réussir nos vies, on n'est pas condamnés à rater éternellement ce que l'on entreprend.
Ca n'efface rien, ça ne guérit pas non plus, mais ça soulage.
J'en ai aimé, des mecs, des cons, des beaux, des moches, des intelligents, des sans-le-sou, j'ai grillé les nuits comme des milliers de cigarettes, j'ai été ivre souvent et je le serai encore, d'alcool ou de sentiments. Ou de vie, tout simplement.
Je me tiens bien campée sur mes deux jambes, et j'ai envie de remercier les salauds et les paumés de m'avoir aidée à faire de moi ce que je suis.
Et puis, je gueule toujours la nuit dans Paris, ça oui.
Parce que peut-être que pour moi aussi, elle sera bientôt une ex. Brûler encore un peu sa peau de goudron, et puis la quitter.

Mardi 12 avril 2011 à 18:56

Le Palais de Tokyo, les grands crus dans un chalet au bord d'un étang au milieu des bois, et puis un message qui me demande où est L', je ne sais pas où est L', on me demande si elle est retournée à l'hôpital alors je manque une respiration, cette fille, je l'aime et je ne sais pas ce qu'elle devient.
"Viens vivre avec moi.", oui il prononce ces mots face à la Seine, j'ai plus de papiers, plus de CB, et deux larmes qui roulent sur mes joues, qu'est-ce qu'on fout ?
Je porte un jean de mec et une veste Harrington, mais sur moi ces fringues sont bizarrement androgynes, mes cheveux sont décoiffés, je ne dors plus jamais chez moi, le photographe et moi on se poke plusieurs fois par jour et il raconte qu'aucune fille n'est aussi belle que moi et il écrit : "Ragazza". Trop con, tout ça.
Le Farfadet dit qu'il m'aime, qu'il m'aime plus que tout, qu'avec moi tout ne peut qu'aller bien, je n'aime pas quand il dit ça mais au fin fond de moi je sais qu'il est sincère, et ça m'émeut trop fort.
Je suis de retour dans la même ville que les Yeux Verts, à 15 minutes de l'ancien appartement où il vit encore sans que je n'y ai mis un orteil depuis trois ans, dans cet appartement où on avait choisi la peinture et le papier peint ensemble. Bizarre. Quinze minutes, trois ans, des yeux extraordinaires, des doubles de clés, histoires parallèles qui ne se ressemblent pas.
Là normalement je n'avais pas le temps, j'ai pris le temps, je prends le temps, parce que quand sa main serre ma nuque par moments je ne sais plus où j'en suis, je ne suis pas parfaite loin de là, je connais le prix à payer et suis surprise parce que là, il n'y en a pas (encore ?).
Un type me dit que je suis la Mère, comprenez la Mère de toutes les mères, quelle symbolique. Comme si j'avais le monde au creux des paumes...
Je vais repartir, déjà, je pense sérieusement à déménager, très sérieusement, une fois que j'aurais réglé plein de détails chiants, j'y pense et je flippe très fort en même temps.
Pourtant, chaque fois qu'il me demande où je dors, je lui réponds : "Chez nous." mais peut-être que je fais une très grosse connerie.

Et puis il dit : "Je connais au sûr trois personnes au monde qui regardent en face ce qui fait mal et l'accepte : toi, Dass et moi. Par contre j'suis pas sûr qu'on soit les moins cinglés."

J'ai laissé un message sur le répondeur de L', ma voix tremblotante, L' qui ne rappellera probablement pas, je vous en prie, je ne sais pas qui je prie, je veux juste qu'elle soit heureuse et en vie, L' je l'aime, je l'aime tellement, tellement que j'en ai été lâche, ses ailes si frêles, L', je t'en prie, oui en fait c'est toi que je prie, s'il te plaît, vis.

Jeudi 31 mars 2011 à 16:21

Lorsque l'on va bien on a plus rien à dire, à vrai dire je n'ai pas le temps ou plutôt ne le prend pas, à vrai dire mon ordinateur dort, à vrai dire je suis partie explorer.
Je m'offre une nuit correcte par semaine, 8h, pile poil, le reste du temps je tourne plutôt autour de 5 ou 6h, occupée, en mouvement. J'ai signé l'armistice et je ris tout le temps, pas un faux rire, non, des éclats, souvent je rougis même sous ses yeux, je ne savais pas que la paix existait. J'oublie orgueil, fierté, j'oublie toute ma vanité parce qu'il ne cherche pas à m'écraser, à m'humilier, à me dominer, à me plier pour que je rentre dans un petit monde étriqué, il m'étire et me défroisse, me met du bonheur au fond des yeux, cela me semble simple bien qu'il ne le soit pas.
Par moments je me dis que je me sens tellement heureuse que je peux crever tranquille, c'est bon, j'en bave plus, je paye pas de prix, je suis pas obligée de passer des nuits à ne pas dormir, au contraire, je dors que trois nuits par semaine chez moi, et les clés de son appart' à mon porte-clés, son appart' où je sème déjà des fringues.
Demain on prend la voiture pour le week-end, le Sud, la mer, et puis je ne suis pas obligée de parler tout le temps, il aime bien quand je me tais aussi, ce mec je croyais que c'était un conard, et au bout du compte c'est le moins salopard.
Il m'épate.

Et Lola est moins jolie qu'avant mais toujours blonde, je lis du Chuck Palahniuk, je porte 15 centimètres de talons, les voisins tapent dans le mur passé minuit alors que je gémis, je mange des légumes, pleure dans la salle miteuse d'un traiteur chinois, souhaite bien du courage au photographe, je porte slim noir, marinière, sandales à talon et grosses lunettes de soleil, je le vois chaque jour, chaque jour de ce foutu quotidien, chaque jour ses yeux bleus qui me transpercent, chaque jour, je sais tellement pas ce que c'est ce truc barge, le monde en plus large, tous les possibles au bout des doigts, j'allume mes cigarettes à son briquet, les gens nous regardent bizarrement dans la rue parce qu'on est jeunes, pas trop moches et plutôt bien habillés et qu'on rigole tout le temps ou que l'on fait semblant d'être très très sérieux, Angie dit "Putain mais ça va vite, anormalement vite" et puis elle ajoute "En même temps vous avez les moyens, ça s'essoufflera pas comme ça", moi je dis j'en sais rien, je sais pas où je vais, je sais pas ce que je fais, mais j'y vais et je le fais.

Lundi 21 mars 2011 à 19:25

Je voudrais bien te raconter, à toi aussi, toutes mes bêtises et mes bravades, ma façon de me passer la main dans les cheveux maintenant qu'ils sont longs, et mes boucles d'oreilles que le garçon retrouve toujours sur l'oreiller, décrochées. Oui, je voudrais te dire où tu t'es foiré, ce que j'attendais, ce que j'étais, et pourquoi c'était dans le fond si triste. Certes, les décharges de bonheur, certes. Plus intense mais pas forcément plus profond.
Maintenant que j'ai perdu le compte des garçons embrassés, effleurés, aimés, que j'ai été malheureuse, que je n'ai jamais retenu personne, je lâche du lest. Je n'ai pas toujours eu tort, contrairement à ce que tu disais.
Non, je n'étais pas fatale, ni glaciale, peut-être un peu, mais c'est ça quand on m'empêche d'être moi et de rire dans les rues, les cafés, quand on m'empêche de danser à en avoir mal aux pieds, quand on m'empêche de crier, quand on m'empêche d'aimer, d'aimer être aimée.
Les premiers jours de printemps, les nuits qui reculent alors que je les aime tant.
Je passe beaucoup de mon temps avec ce garçon étrange, je réapprends à tenir une main dans la rue, les sourires en coin et les baisers sur la joue, et sur les lèvres plus furtivement. Je réapprends à balancer mon rire étrange au travers des salles, des rues, des courants d'air, à le balancer à tous vents, la main devant la bouche, et le nez dans son épaule, je ris tout le temps, et il rit lorsque je ris, il rit vraiment.
Ce type-là, je ne l'attendais pas au tournant, ce type-là je me disais jamais il sera pour moi, et pourtant on rit tellement, tellement simplement. Il le dit, il le fait : "Avec moi, tu n'auras pas à te battre." M'a-t-il vue fragile et fatiguée, usée par une histoire cachée, torturée, oui, probablement, je crois qu'il a vu ce petit air buté et dur de celle qui en a assez.
Je ne rêve pas, j'ai bien les deux pieds dans la réalité, et mes deux yeux dans les siens le matin, j'ai bien vingt-deux ans demain, j'ai bien rendez-vous pour des baisers d'obscurité.

Dimanche 20 mars 2011 à 16:29

Je flotte, une espèce de bulle dominicale où la fatigue se mêle à un léger reste de tout l'alcool ingurgité. Je bats mes propres records, ces derniers temps. Hier, on se marrait en disant que si on crevait, on ne pourrait récupérer aucun de nos organes, à commencer par nos foies.
Je pars en week end au bord de la mer bientôt, l'hôtel a déjà été réservé. D'ailleurs en parlant d'hôtel, j'y étais cette nuit, un quatre étoiles plutôt chouette. A cause d'un pari, j'ai du y rentrer avec une casquette et des mitaines de maîtresse SM, et la tête des gens dans l'ascenseur. Je deviens tarée lorsque je me sens en droit d'être moi-même. Sur le balcon de la chambre, face à face, mes pieds sur son fauteuil et ses pieds sur le mien, on se passe une canette de bière et un joint, il me parle de lui. J'aime sa gaieté, sa bonne humeur, et puis sa tendresse, j'aime qu'il ne m'étouffe pas, et malgré les hôtels, les boîtes, les bouteilles de champagne ou celles de vodka, sa simplicité. J'ai l'impression d'être capable de tout lorsqu'il est là, l'impression qu'il me suffit de tendre la main pour toucher le monde du bout des doigts. Taré, le mot qui lui convient, mes instincts ressortent.
Je ne me plains pas, je suis bien, heureuse, je n'ai plus besoin de traquer les sous-entendus ou de devenir folle à force d'essayer de démêler le mensonge ou la vérité, je n'ai pas à me retenir de rire, de me moquer ou de crier, je n'ai pas à être malheureuse, j'ai juste à me laisser porter, et je dis à Angie : "Putain, dis-moi que je rêve, c'est pas possible, ça peut pas m'arriver à moi ce genre de délire, je suis même pas traitée comme une princesse mais comme une reine..." et elle me dit de juste accepter. Je suis sur orbite, pour ma part.

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