Samedi 3 février 2007 à 23:23

    Je l'ai retrouvé et il m'aime. On va pouvoir recommencer à jouer. Je prends le poison. Tu prends le poignard, mon coeur ? Je veux qu'on parte au bord de la mer, dans la maison de tes parents. Qu'on se poursuive la nuit sur la plage et qu'on s'écroule de rire, qu'on reste dehors à compter les étoiles. Il fera froid, et alors ? Comme tu me l'as écrit, "quand on aime, il ne fait pas froid..."



Et puis, tu vois, j'aimerais aussi qu'on aille s'asseoir là
Tu ne connais pas mais moi je sais
Ca me rappellera que "Attention tu vas te brûler les doigts"
Ca me rappellera. Et j'oublierai après.

Samedi 3 février 2007 à 12:36

    Et à la fin, on a tellement mal que l'on se résigne à préférer savoir. Mais le silence reste. A tous les coups il était en boîte hier soir. Je ne veux pas savoir si il a ramené une fille chez lui. Je ne veux pas savoir si il s'est blanchi le nez, ni quels cachtons il a avalé. Je veux juste savoir si oui ou non, on existe tous les deux.

Stop smoking those cigarettes baby
Next time it's your turn to save me
Splash some water on your little face
'Cause you're a mess, you're a mess, you're a mess

    J'ai passé six mois sans avoir de ses nouvelles l'année dernière. Et quand je l'ai revu, j'ai quitté mon copain pour lui, je l'ai fait souffrir. Et je crois que je récolte les fruits de ma connerie. Pourtant, c'est mon drogué aux yeux verts que j'aime. Que je le vois, et j'oublie tout ce qu'il m'a fait. Il m'a pourtant déjà laissé poireauter quatre heures trente dans son appart' sans une thune pour manger, sans que je sache où il était. Et impossible de partir puisque c'est moi qui avais les clés. Mais je l'ai vu plus tard, il m'a souri et j'ai craqué.   
    Et ce sera toujours ainsi.

Vendredi 2 février 2007 à 21:38

    Je charme les autres et tu n'aimes pas ça. Et alors tu penses bien à elle au point de confondre nos prénoms. Je ne t'ai jamais conquis, je ne t'ai jamais saisi, comment ai-je pu le croire ? On s'est emmêlés, démêlés, on a crié, pleuré, on s'est serré les mains à s'en faire blanchir les jointures, on a rêvé au-dessus de Paris, on a courru dans la ville la nuit, ivres, la vodka dans mon sang, et la vie à plein régime, la vie, mon moteur. Maintenant je t'appelle et c'est ton répondeur laconique, lapidaire, et le bip juste après, et ma voix usée, désabusée. Où es-tu ce soir ? Où traines-tu tes vieilles godasses ? Avec qui es-tu ? Je n'en ai aucune idée, tout ce que je sais c'est que je suis là, mes chaussures trouées aux pieds par habitude, pour me donner l'impression que je peux partir à tout moment. La vie, la vie, la vie... J'en suis assoiffée. Je suis fatiguée d'écrire la chronique de mon naufrage, je veux ouvrir les yeux, respirer et sourire, avec ta main dans la mienne. Si je pleure autant c'est de te voir si peu vivant, et après tout, qu'est-ce que j'y peux, je suis comme ça, je pleure comme d'autres rient, je n'y peux rien si je t'aime à en avoir mal, je n'y peux rien si ça me semble démesuré. Tu te rappelles, c'est toi qui m'a parlé d'habiter ensemble. On a même dit qu'on aurait un chien ou un chat, on ne sait pas encore exactement... Tu te souviens comme on a parlé d'aménager ton appartement ? Ne me quitte pas... "Et quand vient le soir, pour qu'un ciel flamboie, le rouge et le noir ne s'épousent-ils pas ?" Je suis vivante, tu ne le vois pas ? Jusque dans ma douleur je hurle à la vie. Dis-moi ce que tu veux, je te le donnerai. Je peux te donner n'importe quoi, je peux tout supporter pour toi. Rappelle-moi, appelle-moi "mon coeur", dis-moi que tu as pensé à moi, que je t'ai manqué, même si tu me mens, ça m'ira, tu sais. Dis-moi que tu m'aimes, que tu n'aimes pas être loin de moi.
    Je suis pathétique, je le sais, je perds toute fierté, je le sais, et alors... Il ne partira pas une deuxième fois, c'est pas possible, rien ne me l'enlèvera, non, je ne pourrais pas sinon, vous comprenez, je ne pourrais pas... Ce serait trop dur de me réveiller tous les matins et de me dire que je n'ai pas su le retenir, que deux fois, il a préféré partir. Je sais que je ne dormirai pas cette nuit. Tant que je n'aurais pas eu un signe qu'il fait attention à moi. Je veux vivre, vivre, vivre.

Vendredi 2 février 2007 à 11:35

    Quand j'en aurais marre de me cracher dessus je ferais signe. J'en ai assez de me poser toujours dans le même café sur la même banquette bordeaux et ses yeux verts en face de moi qui regardent ailleurs, ses yeux qui montrent qu'il n'est pas là, ma main qui traîne sur la table et qu'il ne prend pas, et je le regarde, et je souris, de tout mon mépris, et puis, qu'est-ce que j'ai mal, il le voit, il me demande pourquoi je souris je ne réponds pas. C'est juste pour lui faire mal, pour lui faire peur. Il y a une larme qui s'enfuit mais je la laisse couler en souriant, je sais qu'il ne l'aime pas se sourire, qu'il lui donne envie de partir. Mais il sait que si il s'en va je ne le lui pardonnerais pas, il sait que j'aurais raison.  Dans le fond c'est peut-être moi qui ai tort. Je me raccroche à certaines phrases en forme de promesses, mais qu'est-ce que ça deviendra tout ça ? J'ai tellement peur parfois, je n'en dors pas. J'ai tellement peur de n'être rien qu'une de plus, ou rien qu'un moyen de l'oublier. On ne peut pas se battre contre un fantôme... Elle me l'a déjà enlevé une fois, pas une deuxième, pas une deuxième...

Vendredi 2 février 2007 à 10:57

    J'ai perdu mes mots un soir d'hiver. Il neigeait mais je voulais que ce soit des fleurs de cerisier qui tombent du ciel, les yeux écarquillés de ne pas voir d'étoiles, le corps gelé de rester debout devant la fenêtre. C'est ainsi que je suis tombée malade ; mes mots m'ont quittée petit à petit, sans un bruit, aussi feutrés que les pattes d'un chat sur l'épais manteau blanc. Il ne m'en restait que des traces, le souvenir qu'un jour j'avais su.
    L'hiver s'étale et dégouline du ciel sale. Je me plante toujours à la fenêtre, à regarder le gel faire scintiller les branches noires du cerisier. La fièvre ne m'a pas encore quittée, elle, et parfois, il me semble que mes mots se sont faits flocons pour voler élégamment dans le ciel. Ils sont si beaux, si libres, comme si ils n'avaient jamais été miens. Oh, ce que j'aimerais que ce soit le printemps... Mais il me semble parfois que je ne le verrais jamais. Il ne me reste que mes pensées vagues, incertaines, et mes mots qui tournoient dehors, hors de moi, ailleurs...
    Je les reconnais tous : les flocons les plus légers, les plus grâcieux, ce sont mes mots d'amour ; les frivoles qui volent en tout sens, ce sont mes mots de bonheur ; il y a aussi les lourds, qui chutent comme des pierres, ceux-là sont pour la haine et la colère ; et puis, il y a les tous petits, ceux que l'on voit à peine, mais qui se désposent sur les manteaux, les cheveux et s'accrochent aux cils, ceux-là, ce sont mes larmes...
    L'hiver finira peut-être un jour, alors mes mots fondront, et il me faudra tout réinventer...

<< Page précédente | 108 | 109 | 110 | 111 | 112 | 113 | Page suivante >>

Créer un podcast