Je n'ai pas trouvé phrase plus convenable.
Veuillez m'en excuser.
Dimanche 6 mai 2007 à 20:33
Dimanche 6 mai 2007 à 11:09
Vendredi 4 mai 2007 à 16:37
Impressions mêlées et incertaines. Les larmes dégoulinent dans cet escalier interminable, c'est un cœur de plomb qui bat entre ses côtes. Elle descend dans les entrailles de la ville, anonyme, pâle, arrogante. Elle plante son regard dans tous les yeux qu'elle croise, et ça se crispe à l'intérieur, ça se chiffonne et se contracte. Les murs sont noirs, sous terre, et les gens gris. Déshumanisés. Mais pas elle. Elle, il y a un vide dans sa vie, et elle voudrait la cracher à la gueule du monde, cette absence. Mais les poings au fond des poches, elle avance, et les rails luisent comme de l'huile sous la lumière sordide. Toute seule. Toute seule pour le voir, tout ça, toute seule pour le ressentir. Et puis merde. Main qui trifouille la poche, trouve ce qu'elle cherche, crissement du briquet. Plantée là, au bord de cette voie, et tous ces gens qui ne voient rien, tous ces gens aux regards perdus, toutes ces solitudes côte à côte, aveugles car ils l'ont choisis ; ces yeux horribles, où se reflète la lumière glauque, ces yeux de spectres qui la transpercent comme si elle n'était pas là, devant eux. Elle a froid, mais ce n'est que le vide, ce n'est que le vertige, que cette envie de tourner les talons et de fuir. Oh, ce vide… à en crever. Elle se tient pourtant bien droite, toujours aussi arrogante, crachant négligemment la fumée en renversant la tête légèrement en arrière. Elle crâne, la gamine, elle appelle les regards sans un mot, mais tous les yeux répondent absents. Elle n'a que sa solitude pour lui tenir compagnie ; les minutes meurent et s'envolent au ralenti. Touche d'éternité, l'enfer se trouve bien sous terre. Un sourire l'assombrit, elle est amère, écoeurée, et puis, toujours cette envie de fuir - ou d'hurler. Elle ne sait plus vraiment, elle n'a jamais vraiment su. Même quand il était là, elle s'effondrait pour un rien, fragile comme une voix qui se brise. C'est sûrement à cause de ce cœur lourd comme le plomb. De toute manière, qu'est-ce que ça peut encore faire… Elle devrait avoir les pieds sur terre, mais le problème, c'est qu'elle les a déjà six pieds dessous ; et le nez en l'air, pour percer le béton et imaginer là-haut, la vie, au-dessus, et puis sa vie, à lui, et ses grands yeux qui la voyaient, eux. Elle piétine un peu, les rails vibrent, et dans un grand crissement, le long serpent blanc, rouge et bleu freine. Les gens se lèvent, s'avancent, longent le train. Elle en foudroie quelques-uns du regard, juste parce qu'il n'est pas là. Elle aimerait pourtant arrêter quelqu'un et lui dire sa solitude, lui dire ce que c'est que d'être elle. Mais non, toujours ces regards fuyants, elle monte finalement, et s'installe sur un vieux fauteuil en skaï qui grince. Un comme tous les autres. Le train démarre avec un violent à-coup, et toutes les têtes dodelinent ensemble, vides, vides, vides. Son regard se fait plus franc, plus méprisant, plus mordant, mais les murs noirs derrière la vitre s'en foutent. Elle resserre ses mains contre elle. Toujours ce froid, pénétrant, et ce pull trop fin, et ses mains si froides qui restent blotties dans ses poches et ne sont même plus prises au piège des siennes, qui n'ont plus une nuque à agacer, ni une joue à caresser. Ces mains qui sont là, serrées fort contre elle, et qui ne se referment que sur du vide. Elle se tasse sur le fauteuil, petite masse contractée, apeurée, farouche. Une sonnerie la sort de sa torpeur, elle s'aperçoit que cela vient de son sac.
« Oui ?
- Marie ?
- Si c'est mon numéro que t'as fait, oui, il y a des chances
que ce soit moi…
- Ca va ?
- La forme. Et toi ?
- Pareil. Si tu fais rien ce soir, on a prévu un truc avec
les autres. Ca te dit ?
- Ok. Rendez-vous comme d'hab' ?
- Oui. A ce soir alors, bisous.
- Bisous. »
Elle sourit. C'est tellement absurde. Tellement facile, aussi. Après quelques crissements et quelques à-coups, la banlieu apparaît derrière la vitre, et elle la regarde défiler en grands habits de deuil. C'est à son tour de descendre, elle jette son sac sur son épaule, et se sent lourde. Sur le quai, le crachin raye le monde et les gens foncent tête baissée vers le souterrain. Elle remarque parmi eux le garçon qui lui a sourit, tout à l'heure, à un moment où ses yeux commençaient à boire la tasse. Ca la déçoit. Elle, elle en a soupé de cet air vicié mêlant à l'odeur âcre de la pisse les relents de bière. Elle se dirige vers la passerelle, au milieu d'une marée de parapluie. Ses talons claquent sur l'asphalte, et les réverbères laissent déjà dégouliner leur lumière sale.
Jeudi 3 mai 2007 à 19:07
Jeudi 3 mai 2007 à 10:33