Dimanche 6 mai 2007 à 20:33

"Oh mon Dieu."

Je n'ai pas trouvé phrase plus convenable.
Veuillez m'en excuser.

Dimanche 6 mai 2007 à 11:09

"David ?
- Mmmm ?
- T'avais raison, l'autre nuit.
- Raison ?
- Ouais, j'suis pas heureuse.
- Ben qu'est-ce qu'y'a ?
- Rien.
- Ben alors ?
- C'est ça le problème. Y'a rien. Ma vie m'emmerde."
  

    Je l'ai attendu cinq heures dans son studio pourri, il finissait à minuit et demi, j'y étais à 20h, il est arrivé à 1h, le compte est bon. Il m'a appelée sur le chemin, je n'ai fait semblant de rien, mais quand je l'ai entendu derrière la porte, mon coeur cognait fort, je ne savais pas si il serait heureux de me voir, et puis il a ri et il m'a dit que j'étais tarée. Il m'a aussi demandé qu'est-ce que je foutais là, je lui ai dit que je n'en savais rien, et le pire c'est que c'était vrai.
    Des mails restent sans réponse, et certaines choses ont l'air de se faner. Les amitiés deviennent infidèles au fil du temps, mais on le savait bien, qu'après le lycée, ce ne serait plus jamais comme avant. Ca fait mal, mais peut-être qu'il faut en passer par là, je n'en sais rien, je n'ai plus vraiment confiance. Certaines personnes arrivent à rayer d'autres de leur vie, comme ça, ils bradent le passé. Je ne pourrai jamais faire ça.
    Des promesses restent sans suite, mais ça ne dérange personne. "Les promesses n'engagent que ceux qui y croient", on me l'a tellement dite, cette phrase, et je n'avais jamais voulu y croire. Mon ex m'avait promis d'être toujours là pour moi, et il fait son maximum pour m'éviter tandis que son père me dit "Tu peux passer à la maison quand tu veux, même si N. n'est pas là." Oui, je sais, j'ai trop de chance. Pourtant il m'avait dit que je compterai toujours pour lui, mais c'était un mensonge, c'est mon souvenir qui comptera peut-être un peu. Quant à David, il m'a très clairement avoué ne pas vraiment culpabiliser quand il me voit triste et ne fait rien pour moi.
    Cet article n'est pas beau, ni bien écrit, mais je m'en branle total. Il y a des jours où c'est la rancoeur qui prend le dessus, et où l'on se dit qu'il y a des tartes qui se perdent. Sur ce, je vais aller me préparer et partir voter. Là encore c'est trop de bonheur.

Vendredi 4 mai 2007 à 16:37

    J'ai commencé à écrire une nouvelle. Une vraie. Peut-être. J'en ai déjà quelques-unes en stock. J'aimerais pourtant avoir votre avis... Désolée, le prénom peut paraître bateau, mais pour moi, il signifie beaucoup. En réalité, c'est mon premier prénom. Toute critique est bienvenue, bien évidemment.



            Impressions mêlées et incertaines. Les larmes dégoulinent dans cet escalier interminable, c'est un cœur de plomb qui bat entre ses côtes. Elle descend dans les entrailles de la ville, anonyme, pâle, arrogante. Elle plante son regard dans tous les yeux qu'elle croise, et ça se crispe à l'intérieur, ça se chiffonne et se contracte. Les murs sont noirs, sous terre, et les gens gris. Déshumanisés. Mais pas elle. Elle, il y a un vide dans sa vie, et elle voudrait la cracher à la gueule du monde, cette absence. Mais les poings au fond des poches, elle avance, et les rails luisent comme de l'huile sous la lumière sordide. Toute seule. Toute seule pour le voir, tout ça, toute seule pour le ressentir. Et puis merde. Main qui trifouille la poche, trouve ce qu'elle cherche, crissement du briquet. Plantée là, au bord de cette voie, et tous ces gens qui ne voient rien, tous ces gens aux regards perdus, toutes ces solitudes côte à côte, aveugles car ils l'ont choisis ; ces yeux horribles, où se reflète la lumière glauque, ces yeux de spectres qui la transpercent comme si elle n'était pas là, devant eux. Elle a froid, mais ce n'est que le vide, ce n'est que le vertige, que cette envie de tourner les talons et de fuir. Oh, ce vide… à en crever. Elle se tient pourtant bien droite, toujours aussi arrogante, crachant négligemment la fumée en renversant la tête légèrement en arrière. Elle crâne, la gamine, elle appelle les regards sans un mot, mais tous les yeux répondent absents. Elle n'a que sa solitude pour lui tenir compagnie ; les minutes meurent et s'envolent au ralenti. Touche d'éternité, l'enfer se trouve bien sous terre. Un sourire l'assombrit, elle est amère, écoeurée, et puis, toujours cette envie de fuir - ou d'hurler. Elle ne sait plus vraiment, elle n'a jamais vraiment su. Même quand il était là, elle s'effondrait pour un rien, fragile comme une voix qui se brise. C'est sûrement à cause de ce cœur lourd comme le plomb. De toute manière, qu'est-ce que ça peut encore faire… Elle devrait avoir les pieds sur terre, mais le problème, c'est qu'elle les a déjà six pieds dessous ; et le nez en l'air, pour percer le béton et imaginer là-haut, la vie, au-dessus, et puis sa vie, à lui, et ses grands yeux qui la voyaient, eux. Elle piétine un peu, les rails vibrent, et dans un grand crissement, le long serpent blanc, rouge et bleu freine. Les gens se lèvent, s'avancent, longent le train. Elle en foudroie quelques-uns du regard, juste parce qu'il n'est pas là. Elle aimerait pourtant arrêter quelqu'un et lui dire sa solitude, lui dire ce que c'est que d'être elle. Mais non, toujours ces regards fuyants, elle monte finalement, et s'installe sur un vieux fauteuil en skaï qui grince. Un comme tous les autres. Le train démarre avec un violent à-coup, et toutes les têtes dodelinent ensemble, vides, vides, vides. Son regard se fait plus franc, plus méprisant, plus mordant, mais les murs noirs derrière la vitre s'en foutent. Elle resserre ses mains contre elle. Toujours ce froid, pénétrant, et ce pull trop fin, et ses mains si froides qui restent blotties dans ses poches et ne sont même plus prises au piège des siennes, qui n'ont plus une nuque à agacer, ni une joue à caresser. Ces mains qui sont là, serrées fort contre elle, et qui ne se referment que sur du vide. Elle se tasse sur le fauteuil, petite masse contractée, apeurée, farouche. Une sonnerie la sort de sa torpeur, elle s'aperçoit que cela vient de son sac.

 « Oui ?
- Marie ?
- Si c'est mon numéro que t'as fait, oui, il y a des chances que ce soit moi…
- Ca va ?
- La forme. Et toi ?
- Pareil. Si tu fais rien ce soir, on a prévu un truc avec les autres. Ca te dit ?
- Ok. Rendez-vous comme d'hab' ?
- Oui. A ce soir alors, bisous.
- Bisous. »

 Elle sourit. C'est tellement absurde. Tellement facile, aussi. Après quelques crissements et quelques à-coups, la banlieu apparaît derrière la vitre, et elle la regarde défiler en grands habits de deuil. C'est à son tour de descendre, elle jette son sac sur son épaule, et se sent lourde. Sur le quai, le crachin raye le monde et les gens foncent tête baissée vers le souterrain. Elle remarque parmi eux le garçon qui lui a sourit, tout à l'heure, à un moment où ses yeux commençaient à boire la tasse. Ca la déçoit. Elle, elle en a soupé de cet air vicié mêlant à l'odeur âcre de la pisse les relents de bière. Elle se dirige vers la passerelle, au milieu d'une marée de parapluie. Ses talons claquent sur l'asphalte, et les réverbères laissent déjà dégouliner leur lumière sale.



Jeudi 3 mai 2007 à 19:07

Elle passe ses nuits sans dormir
À gâcher son bel avenir
La groupie du pianiste
Dieu que cette fille a l'air triste
Amoureuse d'un égoïste
La groupie du pianiste
Elle fout toute sa vie en l'air
Et toute sa vie c'est pas grand chose
Qu'est-ce qu'elle aurait bien pu faire
À part rêver seule dans son lit
Le soir entre ses draps roses

Elle passe sa vie à l'attendre
Pour un mot pour un geste tendre
La groupie du pianiste
(...)
Elle le suivrait jusqu'en enfer
Et même l'enfer c'est pas grand chose
À côté d'être seule sur terre
Et elle y pense dans son lit
Le soir entre ses draps roses
Elle l'aime, elle l'adore
Plus que tout elle l'aime
C'est beau comme elle l'aime
Elle l'aime, elle l'adore
C'est fou comme elle aime
C'est beau comme elle l'aime

Il a des droits sur son sourire
Elle a des droits sur ses désirs
La groupie du pianiste
Elle sait rester là sans rien dire
Pendant que lui joue ses délires
La groupie du pianiste
Quand le concert est terminé
Elle met ses mains sur le clavier
En rêvant qu'il va l'emmener
Passer le reste de sa vie
Tout simplement à l'écouter

Elle sait comprendre sa musique
Elle sait oublier qu'elle existe
La groupie du pianiste
Mais Dieu que cette fille prend des risques
Amoureuse d'un égoïste
La groupie du pianiste
(...)

C'est comme si il n'y avait plus rien à dire. Je me suis trompée de monde, de vie, de garçon. Mais c'est lui que j'aime, même quand dans un souffle je lui lâche que je ne le crois plus, même quand je lui lâche mes sarcasmes, et il dit qu'il ne me supporte plus, mais casse-toi alors, tu crois que tu me manqueras, voilà ce que je lui réponds. Lou, je peux répondre à ta question, non, ça ne va pas. Mais ça non plus tu ne le liras pas. Et ça me fait rire, toute cette absurdité.

Jeudi 3 mai 2007 à 10:33

    Et tout de même, dans la vie, t'as beau douiller, tu te relèves toujours. A un point que tu sais même plus si c'est du courage ou de la connerie, que tu ne sais plus si c'est que tu veux arranger les choses ou que tu t'es habitué. Il y a une chanson qui dit "J'me sens tellement seul que j'en ai le vertige, j'sais j'suis pas l'seul, mais toi au moins tu piges... De cette solitude, j'ai fait mon ordinaire, pour prendre l'habitude, j'ai laissé le temps faire" et au bout du compte tu ne sais plus trop, en fait, tu attends, tu attends que quelque chose se passe, tu attends l'élément perturbateur qui commencera ton conte, et tu te dis que peut-être au bout des péripéties, tu auras le happy-end. Tu rajoutes même dans ta petite tête qu'il y en a pour lesquels ça s'est passé comme ça, et occulte ceux pour qui le happy-end n'a jamais eu lieu, tu te dis que pourquoi pas, toi aussi tu as le droit à ta part de rêve et de chance. Et en attendant, tu fais passer le temps comme tu peux.
    Sauf que ce que tu oublies, c'est que les contes étaient à la base pour adultes, et terriblement cruels, sombres. En Allemagne, dans un théâtre, il y a eu une représentation de ce genre de contes, et nous y avions assistés. C'était un spectacle qui mêlait chant, musique et poésie. C'était sublime. Mais une phrase, la chute d'un conte résonne encore, et je vois la scène, le visage du comédien, tout, je me rappelle du regard que j'ai échangé avec la fille à ma droite juste après, du fou rire nerveux. C'était peut-être Erlkönig, à ce moment-là, je ne m'en souviens plus. Juste cette phrase lapidaire qui résonne encore. Das Kind war tot.

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