Vendredi 23 février 2007 à 11:37

    Je n'arrêterai pas. Tant pis si il me piétine, si il me torture. Tous les jours, j'arrive encore à me lever et à sourire toute la journée, bordel. J'essaye de rire de tout, et mon cynisme dépasse les bornes, je le sais, de toute manière, tout le monde me le dit. J'ai revu l'autre mannequin, putain, ce qu'il est beau, juste un battement de cils, et entre mes paupières fermées je nous imagine dans son lit. Je cours après les réponses sans même poser les questions, je joue à la fille forte qui ne souffre pas, à celle qui se fout de tout, et qui refoule tout ce qui lui crie qu'il faut vivre. Je fais de ma bouche une blessure insolente et indécente en un coup de pinceau rouge, et les billes sombres de mes yeux aguichent à loisir. Et pourtant je ne reste qu'à lui. Je n'ai pas toujours eu autant de scrupules par le passé, pourtant. Si seulement il se rendait compte. Conard.

Jeudi 22 février 2007 à 15:45

    Tu vois, mon coeur, moi je suis le genre de fille à qui un inconnu offre un bouquet de fleurs dans le métro. Fais attention, mon lit ne sera peut-être pas toujours ouvert qu'à toi si tu continues comme ça. Ca me détruira ? Oui, et alors ? Ca te détruira. Peut-être que tu auras alors mal comme moi j'ai mal.

"Elle ne savait pas que l'Enfer, c'est l'absence." Verlaine

    Dommage que moi je le sache par coeur. Je me tire de ce pas pour aller traîner avec eux dans un bar.

Jeudi 22 février 2007 à 12:48

Tu n'étais pas là hier soir. Mais là tu n'es toujours pas là. Je t'appelle. Ne réponds pas surtout. Ca t'arracherait la gueule.

En six lettres, commençant par un c et se finissant par un d.

Mon frigo est vide, rien à foutre. J'ai l'ambition de devenir un courant d'air. De toute manière demain je revois mon ex, alors c'est bon, je me fous en l'air, c'est sûr. J'avais pourtant dit que cela suffisait, mais pas encore, apparemment.

Putain. Dire qu'il va débarquer tout sourire. Et que j'aurais envie de hurler, mais je me tairai et je sourirai, parce que dans le fond, je sais parfaitement que je n'ai pas le droit de lui en vouloir. Juste ma jalousie.

"Toutes ces conneries qu'on raconte sur l'amour, toutes ces sornettes comme quoi ça fait du bien..." C'est bon, je n'y crois plus. Il paraît que lui et moi on a l'air complices. Ca me fait doucement rigoler.

Jeudi 22 février 2007 à 0:46

J'aimerais arrêter n'importe quel mec dans la rue et lui dire :

"Bonjour. Je m'appelle Maérose, ça vient d'un film sur la mafia, je sais, ce n'est pas courant, c'est pour ça que tout le monde m'appelle Maé. J'ai bientôt dix-huit ans, et je suis triste, parce que je dois grandir, et prendre des responsabilités, et parce que mon amoureux m'a laissée seule à la maison. Je n'ai que ses vêtements, là-bas, quelque part. Il ne faut pas trop que j'en parle, vous savez, sinon, je vais pleurer. Ma mère pleure souvent en ce moment, mon père, je ne l'ai jamais trop vu. Pourtant il est sensé vivre avec nous, mais il rentre tellement tard qu'il s'écoule des semaines entières sans que je ne le vois. De toute manière, ils ne sont pas là en ce moment. Mais personne n'est là, c'est ça le problème, c'est le vide, et ce vide intérieur qui me colle le vertige. Vous devez aussi vous demander combien je mesure, c'est vrai, je suis grande, je fais un mètre soixante dix-huit, et non, je ne suis pas maigre, cinquante-neuf kilos, c'est bien trop, si vous pensez le contraire, c'est parce que vous ne m'avez pas vue nue. De toute manière, ce soir, je suis tellement triste que je suis prête à n'importe quoi pour oublier un peu la misère, et trouver un peu de tendresse, même sous la moiteur des draps. Et puis il m'a abandonnée, alors ce soir j'ai tous les droits. J'ai envie d'une peau brûlante contre la mienne, envie que mes mains dévalent le long d'un torse, et j'ai envie de mains sur mon corps. Je ne suis pas une pute, loin de là. Mais j'ai mal, il faut que j'oublie, vous comprenez ? Non, probablement pas. De toute manière, je pleurerai sûrement, après. Je pleure toujours, de toute manière, mais il ne faut pas regarder, je ne suis pas belle quand je pleure. Voilà. J'aurais plein d'autres choses à dire, mais ça ne sortira jamais. Désolée."

Mais c'est inconcevable.

Mercredi 21 février 2007 à 0:25

    Il dort à l'autre bout du palier. Je me suis glissée hors des draps car la nuit est trop lourde, l'avenir incertain. Le ciel orange, la lumière sale des lampadaires, demain, non. Demain je ne veux pas voir. J'aimerais me dispenser de vivre. Mais il ne faut pas faire mal, survivre doucement, sentir son coeur palpiter un peu, se faire souffrir juste le nécessaire et même un peu le superflu, ne pas oublier de se désinfecter l'âme à coups de grandes remises en question destructrices. Doucement, tout doucement, comme on se glisse hors des draps en pleine nuit, comme une voleuse, comme une amante qui déchante après l'euphorie d'une peau brûlante cherchant la sienne. Je ne sais pas ce que je fous là, ses bras m'attendent pourtant, mais il y a tous ces mots à vomir à des inconnus pour ne pas avoir honte de moi, pour ne pas avoir peur de ce qu'on pense de moi. Montrer ce que j'écris, c'est pour moi comme si je me promenais nue dans la rue ; je vous invite ici à mon autopsie. Dans le fond, mes états d'âme comptent si peu. Je ne suis qu'une petite fille grandie trop vite dans un monde qui pue la charogne, qui grouille d'asticots et où l'air vibre des parasites qui se repaissent... Nous sommes si insignifiants à vivre comme des cons, mais on ne peut cependant vivre autrement. Comment respirer, comment vivre en sentant sa vie tronquée d'avance ?
    Survivre doucement, me prétendre vivante, sourire comme d'autres pleurent, chialer la nuit en lui tournant le dos pour qu'il ne voit rien, me glisser hors des draps pour hurler que j'ai mal sans qu'il ne le sache... Il faudrait que j'arrête de lui mentir.

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