Vendredi 3 septembre 2010 à 14:09
Harcèlement sexuel, il paraît que je devrais porter plainte, moi je m'en fous, je passe la tête haute et mes longues jambes découvertes par mes jupes.
Le photographe en est révolté, révolté de leurs tentatives d'humiliation et de mon insolence.
On tente de m'arracher mon portable dans le métro, je fais volte-face et crie et crache.
On survivra, hein.
On vaut mieux que ces tracas à la con, on va plus loin que ça.
On est plus forts que ce ramassis de conneries.
Et le photographe est au moins aussi insolent que moi.
On finira peut-être pas trop bien, mais on a des idéaux, tout de même.
Mercredi 1er septembre 2010 à 17:56
On compte plus les morts et les malades sur les doigts d'une main.
On est une bande de cons.
On est cons parce qu'on se sent seuls et tristes au point de se serrer fort l'un contre l'autre d'un bout à l'autre de la nuit, il dit que son coeur va merder et qu'il le sait, toute une nuit à ne pas trop dormir, à somnoler, dans une torpeur vague et douce, sans savoir, ses mains sur mon corps sur ma peau, des baisers déposés dans le cou, sur la joue comme des cadeaux, ma main sur sa peau, son dos, son ventre, son torse, à se parler de temps à autre, et son visage à lui enfoui dans mon cou, dans mes cheveux, à cause de mon odeur, c'est ça qu'il me chuchote à l'oreille, il me dit : "C'est dingue, je sais que tu n'as pas de parfum mais tu sens bon...", il parle de mes jambes de mes seins de mes cheveux et de mon rire, moi je ne sais pas quoi lui dire, je me contente de me serrer contre lui et de le serrer contre moi. Il me parle de ses soirées avec des héroïnomanes, il me dit que c'est fou, que c'est flippant, et je suis heureuse d'être juste vautrée dans un canapé à boire de la mauvaise bière en fumant des joints.
On est cons parce qu'on se quitte sans même se faire la bise, à peine un regard échangé à travers le miroir, son corps à demi nu et les gouttes d'eau dans sa barbe de quelques jours, j'ai enfilé mon blouson, mes bottes sans même remettre de collants sous ma mini-jupe alors qu'il est tôt et qu'il fait froid dehors, sur le pas de la porte j'hésite sur une dernière vanne à lancer, peut-être, ou alors je pense que je devrais peut-être lui dire que j'aime quand il parle quand il se raconte, quand il me montre les fleurs de sa grand-mère qu'il garde séchées dans un tiroir, quand il me dit qu'il a trouvé une chanson qui s'appelle comme moi et que j'ai un prénom d'américaine, ses idées et ses gestes qui fusent dans les airs, ses envies d'ailleurs, son sourire qui l'éclaire, mais je ne dis rien, je dis simplement : "Bon bah... à plus", claque la porte, une fois dehors je ne me retourne pas pour voir si il me guette du balcon ou pas, je garde la tête baissée, crevée, encore vaguement défoncée, et triste.
On est des clichés parce qu'on se fait tellement chier dans nos vies qu'on est obligés de se créer des problèmes, on est cons parce qu'on sait parfaitement que ce sera pas sans conséquences, parce que L. commence doucement à se débattre avec un gentil début de cirrhose et qu'on flirte tous avec l'alcoolisme, enfin c'est même plus un flirt c'est une histoire d'amour, parce qu'on est paumés, on traîne nos doutes et notre innocence et notre sensibilité comme des cons, et il dit que je suis fatale et fatalement triste, et moi j'lui dis qu'il est désespérant et désespéré. La folie et la mort rôdent dans les coins, Blondinet a les épaules qui se déboitent et une côte fêlée, L. a failli cramer dans sa maison.
Je voudrais bien finir sur un truc positif, histoire de dire "Allez, c'est bon les gens, j'déconne, c'est pas si grave que ça !" mais on parle de foie jaune, de gens qui s'éclatent le crâne sur le carrelage et d'autres qui vomissent du sang, et aussi de dépressifs suicidaires, j'arrive quand même à trouver ça absurde et foutrement ridicule.