Il fait foutrement froid.
On continue à se demander à quoi bon, en quoi avoir foi ?
Cesse de te comporter comme une adolescente attardée, mais bordel, je suis trop jeune, tu comprends pas, je veux pas je veux pas je veux pas. Je veux continuer à me sentir libre et éternelle, de la merde, on s'est jamais sentis éternels.
Demain au Sénat, payée une misère, payée des mois en retard, probablement.
Arpenter les couloirs du métro, se noyer, anonyme dans Paris, penser à disparaître, à partir sans dire un mot à qui que ce soit, qui saurait où me chercher ?
Il me file toujours des cachetons pour dormir, les seules nuits où je m'anéantis totalement, j'ai même désormais un filon pour de faux certificats médicaux, on va aller loin, on va exploiter le système, et on rit.
Pourquoi pas aller jusqu'à chourer des ordonnances, hein ?
Toujours la même merde.
Il me dit de ne pas abandonner, de ne pas baisser la tête.
Dimanche 13 décembre 2009 à 21:59
Jeudi 10 décembre 2009 à 18:58
Toujours le silence.
Mal au ventre dans les transports, pression sur les profs. "Alors comme ça il paraît que vous voulez me mettre un rapport ?"
Un piercing sur un coup de tête.
"I love you, come and see me in America", mais on était à Epinay, et Dora était soit totalement défoncée, soit foutrement demeurée, ce qui revient presqu'au même.
Un peu de sang sur un mouchoir. Des silences trop longs, quand on guette des mots qu'on attend mais qu'on ne veut pas réclamer. Des visages partout sur les murs.
Mily et moi, on a tendu un panini tout chaud et un pain au chocolat au SDF qui a notre âge et qui a un petit chien. On a cru qu'il allait se mettre à chialer. Ca a fait bizarre.
Angie décroche un CDI.
Et je rame.
Mal au ventre dans les transports, pression sur les profs. "Alors comme ça il paraît que vous voulez me mettre un rapport ?"
Un piercing sur un coup de tête.
"I love you, come and see me in America", mais on était à Epinay, et Dora était soit totalement défoncée, soit foutrement demeurée, ce qui revient presqu'au même.
Un peu de sang sur un mouchoir. Des silences trop longs, quand on guette des mots qu'on attend mais qu'on ne veut pas réclamer. Des visages partout sur les murs.
Mily et moi, on a tendu un panini tout chaud et un pain au chocolat au SDF qui a notre âge et qui a un petit chien. On a cru qu'il allait se mettre à chialer. Ca a fait bizarre.
Angie décroche un CDI.
Et je rame.
Samedi 5 décembre 2009 à 10:29
Il vient tout à l'heure. Je ne sais plus si j'ai envie ou pas.
Je sais que je ne le reconnaîtrai pas.
Quelques phrases et c'est facile de rejeter, de repousser, d'effacer. Il faut me retenir, planter ses ongles dans ma peau, me retenir de toutes ses forces, sinon, sans dire un mot, je m'éloigne. Et mes regards ne sont plus jamais tendres, et ma bouche n'est plus jamais douce, et mes gestes sont brusques et impatients. Je me donne alors comme on s'abandonne.
On commence toujours une histoire, puis, simple question de temps, l'un finit par prendre la décision de glisser de cette histoire dans une autre où nous ne sommes plus les mêmes, et il ne sait pas qu'il ne m'atteint déjà plus, qu'il ne franchit plus la barrière de mes regards et de mon ironie, qu'il ne me touche plus, et quand il me dit qu'il m'aime, je lui dis que moi aussi, en taisant les mots amers que j'ai envie d'ajouter, ces mots :
"Je t'aime, mais pour quoi faire ? Au nom de quoi ? De Chloé, que tu voudrais à toi et à moi ? Je t'aime mais ne veut pas renoncer à ma liberté, ne m'accompagne pas aux soirées, je ne viendrai pas aux tiennes, ne me prends pas dans tes bras quand j'ai envie de pleurer, ne me touche pas quand je regarde dans le vide. Tu as décidé de t'approcher de mes amis, tu t'éloignes de moi, c'était un choix, je t'avais pourtant implicitement prévenu des conséquences, tu n'as pas voulu comprendre, tu es grand, débrouilles-toi, débats-toi, ne te plains plus auprès de moi, car je n'ai aucune compassion, ni aucune pitié à t'offrir. Puisque maintenant, avec toi aussi, je dois me garder A l'Abri, puisque je te regarde et que je ne te reconnais plus, puisque plus de quinze jours sans se voir arrivent et que cela m'est égal, parce que ça t'est égal. La violence du silence et de l'indifférence, de tous ces gestes que tu ne fais pas, de toutes ces paroles que je ne prononce pas."
Je pourrais lui prendre la main, le faire asseoir à côté de moi, lui parler sans lui lâcher la main, en le regardant dans les yeux. Je n'ai pas envie. J'ai passé trop de temps à expliquer, à essayer de me faire comprendre en vain, qu'il se débrouille, que tout le monde se débrouille.
Je sais que je ne le reconnaîtrai pas.
Quelques phrases et c'est facile de rejeter, de repousser, d'effacer. Il faut me retenir, planter ses ongles dans ma peau, me retenir de toutes ses forces, sinon, sans dire un mot, je m'éloigne. Et mes regards ne sont plus jamais tendres, et ma bouche n'est plus jamais douce, et mes gestes sont brusques et impatients. Je me donne alors comme on s'abandonne.
On commence toujours une histoire, puis, simple question de temps, l'un finit par prendre la décision de glisser de cette histoire dans une autre où nous ne sommes plus les mêmes, et il ne sait pas qu'il ne m'atteint déjà plus, qu'il ne franchit plus la barrière de mes regards et de mon ironie, qu'il ne me touche plus, et quand il me dit qu'il m'aime, je lui dis que moi aussi, en taisant les mots amers que j'ai envie d'ajouter, ces mots :
"Je t'aime, mais pour quoi faire ? Au nom de quoi ? De Chloé, que tu voudrais à toi et à moi ? Je t'aime mais ne veut pas renoncer à ma liberté, ne m'accompagne pas aux soirées, je ne viendrai pas aux tiennes, ne me prends pas dans tes bras quand j'ai envie de pleurer, ne me touche pas quand je regarde dans le vide. Tu as décidé de t'approcher de mes amis, tu t'éloignes de moi, c'était un choix, je t'avais pourtant implicitement prévenu des conséquences, tu n'as pas voulu comprendre, tu es grand, débrouilles-toi, débats-toi, ne te plains plus auprès de moi, car je n'ai aucune compassion, ni aucune pitié à t'offrir. Puisque maintenant, avec toi aussi, je dois me garder A l'Abri, puisque je te regarde et que je ne te reconnais plus, puisque plus de quinze jours sans se voir arrivent et que cela m'est égal, parce que ça t'est égal. La violence du silence et de l'indifférence, de tous ces gestes que tu ne fais pas, de toutes ces paroles que je ne prononce pas."
Je pourrais lui prendre la main, le faire asseoir à côté de moi, lui parler sans lui lâcher la main, en le regardant dans les yeux. Je n'ai pas envie. J'ai passé trop de temps à expliquer, à essayer de me faire comprendre en vain, qu'il se débrouille, que tout le monde se débrouille.
Mardi 1er décembre 2009 à 18:25
Suivre des cours de merde, se les cailler en jupe, fumer trop vite ses paquets de clopes, être dans la dèche, attendre les week-ends, guetter une voix au téléphone, sourire dans le vide, s'endormir en cours, faire n'importe quel taf, même mal payé, pourvu qu'il soit payé, supporter la masturbation mentale des autres, porter ceux qui n'y arrivent plus, taire sa déception, pouffer méchamment, éteindre le réveil le matin, se prendre des shots versés directement dans la gorge, tituber, danser à ne plus rien sentir, ne plus rien voir autour, s'asseoir sur le trottoir seule et imaginer les étoiles que je ne vois pas en fumant lentement une clope, se réveiller griffée, les cernes et les poches sous les yeux, jeudi 4h30 du matin, bring your own beers and blunts 'cuz i won't buy you shit, ramenez-vous avec alcool, drogue, nourriture, music , dvds , gens, capotes, lubrifiants, jeux vidéos, poker bref whatever you like et je vous mets bien, sourire encore encore encore, ce type-là t'as volé tes chansons, Blondinet, y'avait une fille elle se faisait taper par un mec elle pleurait, on s'en est foutus, mais tu sais qu'à cause de comportements comme ça des filles se font violer devant des RER entiers ? Rentre dans le tas, merde, rentre dans le tas, qu'importe le prix à payer, il y en a toujours un, et après ? Qu'est-ce que ça peut foutre, au bout du compte, si peu de choses, si peu de choses en lesquelles croire.
Et l'on appelle ça "vivre".
Et l'on appelle ça "vivre".