Mardi 5 juin 2007 à 12:02

    J'ai la colère au creux du ventre. Mes yeux sont gonflés et cernés de bleu ce matin, mes jambes plus griffées que jamais. Des au revoir que je regrette et il préfère voir son ami. Mes crises de nerf ne sont pas des arguments suffisamment convaincants apparemment. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid et que je compte bien déguster, quitte à ce que cela me brûle le coeur. Je vais me pointer plus jolie que jamais, la bouche peinte du même rouge que mes ongles, et le décolleté plongeant, mes yeux bridés soigneusement étirés d'un trait de crayon, les paupières fardées. Et raisonnablement en retard, bien sûr. Trois quarts d'heure devrait suffire. A chacun son tour de se poser cette question : "Mais avec qui était-il/elle avant ?" A chacun son tour pour la jalousie et la peur, à chacun son tour de souffrir. Tu vas payer, chéri. Si il y a une chose qu'il ne faut pas chatouiller trop longtemps chez moi, c'est bien mon amour-propre, et ton mépris n'a d'égal que mon orgueil. Et ne compte pas sur ma compassion ce coup-ci. Ne t'attends pas à ce que l'on se revoit avant lundi prochain. Je te laisse tout le loisir de te faire des films, d'avoir peur, et de souffrir.

Dimanche 3 juin 2007 à 12:50

    Au passage, ce soir je retourne chez lui, talons et débardeur trop décolleté, les ongles peints en rouge et lingerie affriolante. Parce que j'ai envie d'oublier. A chacun ses échappatoires et ses lâchetés. Je continuerai encore longtemps à faire semblant d'être heureuse avec lui. Même s'il faudra que j'attende qu'il s'endorme pour pouvoir me mettre à pleurer. Je ferai encore longtemps semblant de ne pas voir qu'il n'est pas heureux avec moi. J'ai planté mes ongles dans sa peau et mordillé son cou, je ne le laisserai pas s'échapper. De toute manière, mes jambes si longues suffisent à le retenir, ainsi que mes regards faussement innocents. Voilà où on en arrive quand l'amour confine à la haine.

Dimanche 3 juin 2007 à 12:41

    Cha' ton comm m'a donné une petite idée. Bien sûr que c'est égoïste. Mais moi aussi je le suis. J'étale ma vie inintéressante comme si elle avait un quelconque intérêt, et ce n'est pas pour faire partager mon pseudo talent. Non. C'est parce que je m'emmerde, parfois parce qu'il y a un trop-plein, souvent par habitude. Personne n'est altruiste, il faudrait arrêter avec cette illusion. Lorsque l'on fait plaisir à quelqu'un, c'est parce que ça nous fait plaisir, ou que cela nous donne bonne conscience. Pour être réellement et totalement altruiste, il faudrait ne pas avoir de conscience. Alors là, éventuellement, nous pourrions avoir .des intentions absolument gratuites. Seulement, sans conscience, et sans notion du bien et du mal, nous agirions encore dans notre seul intérêt... L'altruisme pur est une chose impossible. Et tant mieux.

Samedi 2 juin 2007 à 14:44

    Je continue à me jeter en patûre à vos yeux peut-être avides, sûrement seulement fatigués, lassés, un peu vidés par l'ennui. Au moins je sers un peu à quelque chose, à part à ce que mon frangin se passe les nerfs sur moi. Oui je sais je me fais bien silencieuse ces derniers temps, mais voilà, je n'ouvre plus mes carnets, je n'écris plus de lettres avortées, je ne fais plus rien d'autre que lire jusque tard dans la nuit et me lover contre mon amoureux pour oublier un peu que trop souvent mes yeux se noient. La solitude, ce n'est rien. Le pire, c'est l'ennui. Je vous le dis, il n'y a rien de pire que de s'ennuyer. Ce terrible silence, à l'intérieur, quand rien ne te parle, quand rien ne te touche, et que ton coeur bat à vide. Je suis blessée à la commissure des lèvres, et ça me fait mal quand je parle ou quoi que ce soit, mais le pire c'est lorsqu'une larme vient s'échouer sur la chair à vif, et comme une idiote je ne l'essuie pas. J'aime bien. Et je hais un peu à la fois.

"Tu vois, j'ai trop aimé, trop dans l'urgence, pressée de vivre, impatiente, franche et insolente. Et j'en ai encore mal, de ces erreurs, de ces égarements et de ces déchéances. Ils ne connaissaient pas la solitude et ne s'attardaient pas sur le pourquoi, me voyaient flamboyante et cela leur suffisait. J'ai trop donné sans attendre grand'chose, non par grandeur d'âme, simplement ce que je fais n'engage personne d'autre que moi. J'ai toujours eu le mauvais rôle, mais être l'officielle ne m'intéresse que si je peux être en même temps la putain du seul que j'aime. J'ai cherché la tendresse, mais surtout l'oubli, et, crois-moi, c'est encore une douleur."

    C'est fou ce que l'on retrouve lorsque l'on trie ses écrits.

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