Lundi 2 avril 2007 à 19:18

    Il fait chaud à Paris. En rentrant j'ai laissé glisser ma veste de mes épaules et pour la première fois depuis des mois j'ai senti le vent et le soleil sur mes bras nus. J'étais fatiguée, j'avais mal à la cheville, au ventre et à la tête mais dans la banlieue les cerisiers sont en fleurs. Un regard vert a croisé le mien, cela m'a fait plaisir aussi. Un jeune homme m'a rappelé celui de la JAPD qui me rappelait un de mes ex. Celui qui m'avait dit "Attention, tu vas te brûler les doigts", celui avec qui j'avais ri sous les étoiles à l'Ile de Ré, celui avec qui j'avais marché dans le sable et bu plein de verres à la Case à Vents, celui qui était beau et furieusement insolent. C'était à cette époque d'ailleurs, et ça fait un léger pincement au coeur, un peu de nostalgie, mais c'était si léger, si vous saviez, ça me manque, ce parfum de liberté et d'insouciance, cette insolence qu'on avait, ces fous rire qui nous secouaient, sans trop savoir pourquoi. Ca me manque mais c'est ainsi, la vie n'est pas souvent si légère. Il n'y a que ce parfum de printemps qui me rappelle que sous la Grande Ourse, un garçon a pris ma main dans la sienne, et que j'ai posé ma tête sur son épaule, tout simplement, parce que c'était aussi naturel que de respirer.

Dimanche 1er avril 2007 à 18:52

    Je suis fatiguée et la semaine qui s'annonce promet d'être chargée... Standardiste toute la semaine, voir mon amoureux en coup de vent, m'engueuler avec lui à cause de cette stupide histoire de colocation, fêter nos six mois, aller au théâtre, chercher un autre boulot, aller chez le médecin, aller chercher ma carte bleue et mon chéquier, trouver mon orientation.  Le tout en faisant 8h30 - 17h30 tous les jours. Et le week-end, c'est lui qui bosse. Comme on dit, putain, c'est chaud, la vie. Ah il faut aussi que je pense à économiser pour le cadeau que j'ai prévu de lui faire.
    Sinon, j'en ai marre de pas le voir. Et plus ça va, pire c'est. Ah. Et puis j'ai oublié : mon grand-frère va s'engager dans l'armée. On est vraiment chez les fous. Un chouette ami m'a offert une chouette rose. Je suis rentrée sous les étoiles avec elle, et dans le raccourci un homme nous a dit "C'est pas un chemin pour les jeunes filles", on lui a dit ah bon, z'inquiètez pas, on va survivre. "Ca vient d'où ces roses ?" Alors j'ai répondu euh ouais, c'est nos copains qui nous les ont offertes, ah ben vous en avez de la chance moi j'en offre pas à ma copine. "Ouais ben elle a pas d'bol." Et on est parties en chantant. J'ai eu le droit à mon cocktail rituel, j'ai nommé le Sex on the Beach, et puis chicha pomme, les banquettes, les volutes de fumée, tout comme avant, vraiment, il n'y a que le barman qui a changé. Cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas mis les pieds là-bas avec eux.

Vendredi 30 mars 2007 à 14:20

    C'est officiel. J'ai perdu les mots. Je m'essouffle. Partir encore une fois, peut-être. Pour aller m'échouer plus loin, et continuer ma petite vie cahin-caha.

Jeudi 29 mars 2007 à 10:43

    Ce matin, le ciel colle à la terre, et seules les fleurs blanches du cerisier ponctuent d'un peu de lumière ce paysage monochrome. Il est peut-être trop tard, je n'en sais rien, il y a si longtemps que je n'ai pas marché sous les étoiles, je ne peux donc pas savoir. J'aimerais lever la tête et voir la Grande Ourse, même en plein jour, ne me dites pas que c'est impossible. J'aimerais rentrer avec elle en lui tenant le bras, lui parler en me taisant, et je sais qu'elle comprendrait la mélancolie, le lac qui serait noir, la lumière sale des lampadaires, et la légère angoisse de rentrer seules, trop tard dans la nuit. Au détour du raccourci, on pointerait le doigt sur une porte, du rire dans la voix, un air faussement interrogateur, et on sortirait cette blague qu'on a sorti au moins cent fois, mais on se marrerait, là, pliées en deux, se tenant les côtes, et riant plus fort si nos regards se croisent. On repartirait en se gondolant, un peu soulagées parce que l'on serait bientôt arrivées, un peu tristes car je repartirai bientôt vers chez moi, un peu inquiètes car j'aurais encore dix minutes à parcourir seule.
    Mais demain peut-être.

Mercredi 28 mars 2007 à 21:27

    Je suis fatiguée, la tête lourde, cotonneuse, ce blog part à vau l'eau, je ne sais même plus comment ça s'écrit, tant pis, on s'en tape le coquillard, mais sévère. Je suis fatiguée, ce portable est muet, et putain, j'en ai marre marre marre. Je m'en fous. De tout. Je suis en pleine crise d'à-quoi-bon, et justement, ce n'est jamais très bon. Je vais encore noircir des pages et des pages, à en avoir mal au dos, au poignet, et aux yeux, à m'endormir sur ma feuille pour me réveiller cassée quelques minutes plus tard. Fragile, moi ? Que de la gueule, oui. C'est in, d'être fragile, genre désabusée, genre je suis qu'un objet que tout le monde manipule mais qui n'a pas la force de dire non. Être cruelle, arrogante et cynique, ça l'est beaucoup moins, ça fait plutôt nana qui pète plus haut que son cul. Mais après tout je lui ai bien dit de partir, parce que je m'en foutais, que tout ce que j'ai fait, je l'ai fait par égoïsme, et il m'a dit que je le dégoûtais, et je lui ai répondu que pendant la nuit ce n'était pas ça qu'il disait, en lui chuchotant tous les mots qu'il avait eu pour moi, et en ricanant. La gifle qu'il aurait du me balancer n'est jamais venue, je l'ai vu repartir, le dos un peu voûté. Ca m'a un peu serré le coeur, mais on est en guerre, mon amour. Je te l'ai dit, au jeu de la douleur infligée, je gagnerais. Plus mauvaise que moi, tumeur. Plutôt crever que de te laisser me bouffer.

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