Jeudi 19 avril 2007 à 19:38

"On parle on parle, mais il se fait tard, c'est bientôt la fin du monde, et j'ai plus rien à boire..." [Jean-Louis] Allez, cliquez, je vous en prie...

J'savais pas, j'aurais p't'être dû mieux me douter, quand il y a ces soirs où je m'évertue à remplacer mon sang par du vin, que j'file un mauvais coton.
J'devrais sûrement le quitter, vous savez. Son ami d'enfance est devenue une personne importante. Ouais. Un trafiquant de drogue.
J'devrais pas être avec lui. Je le sais, qu'il est pas fait pour moi. Mais moi je suis faite pour ça, pour pas être ce que je devrais. Je n'ai plus envie de jouer les écrivains, non, je n'ai pas les mots. Ni le talent. Son oncle, c'est Le Clézio. Immense et écrasant.
J'savais qu'il ne me rendrait pas heureuse. Mais je l'aime. C'est peut-être bien un salaud. Oui, il y a de fortes chances, dans le fond. Je lui ai cherché toutes les excuses. Mais desfois, il ne vaut pas mieux que ses "amis". Y'a d'l'acide dans l'air que j'respire. Mais y'a toujours du sang dans mes veines pour faire battre mon coeur, y'a toujours mes lourdes larmes, et mes faux rires. Je suis amère, c'est tout. Fausse.
Il paraît que j'mérite pas ça. Que je n'suis pas ça. J'n'en sais rien. J'm'en tape. J'ai besoin de me justifier à mes propres yeux. Besoin de me dire que j'ai mes raisons d'me laisser pourir sur pied. Et peut-être bien que j'en ai. Je n'sais pas. Je suis tombée amoureuse comme on s'casse la gueule, maladroitement, et j'me retrouve en sang.
Et ces mots gentils que j'lis ici n'ont pas lieu d'être. Je suis peut-être attachante, ou attendrissante, ou je n'sais quoi. Mais vous devriez partir en courant. Tout n'est pas faux, ici, pourtant. Seulement certaines choses. Seulement moi. Ou pas. Je ne sais plus bien.
C'est une agonie lente. J'aime la vie, mais pas seulement. J'aime tout et son contraire. Pourvu que ce ne soit pas tiède. A défaut de rayonner, je veux au moins briller en négatif. Exister. Comme je peux. Cracher mon arrogance à la face du monde, et rire toujours plus fort.
Tu la sens, cette amertume, au fond de ta gorge, qui t'arrache quelques battements de coeur ?

J'aurais aimé être plus raisonnable.

Jeudi 19 avril 2007 à 14:44

    Ca fait longtemps que je n'ai pas vraiment écrit. Presque une éternité. Les feuilles froissées s'amoncellent sur mon plancher, et quelque chose qui a une énorme ressemblance avec du vague-à-l'âme s'entasse au fond de moi. Quelques heure passées avec lui qui, pour une fois, ont été douces. Mais quand il se lève le matin et qu'il va travailler, il y a cette impression de rupture. Il faut sortir de la bulle, inspirer un grand coup, et replonger dans le monde, sans en avoir l'envie. Et, dans le fond, pour ne rien faire. Ne pas être heureuse, ni malheureuse, ne pas avoir d'envie, de motivation. Et attendre. Attendre la prochaine fois où je prendrai le bus, et puis le train, et puis le métro, et encore le bus pour aller glisser le double de ses clés dans sa serrure, tourner lentement la clé, et pousser la porte, et sourire bêtement. Je n'aurais plus qu'à l'attendre, je m'allongerais sur le canapé-lit, je ramasserais mon bouquin là où je l'avais laissé la dernière fois, et je lirai juste pour passer le temps, guettant les pas dans l'escalier, jusqu'à ce que je reconnaisse le sien.

Mercredi 18 avril 2007 à 10:58

    Vous savez, il me semble qu'ici ce n'est pas comme ça devrait être. Un peu différent. Réel et irréel à la fois. Je ne sais pas vraiment comment dire. Je raconte ce qui m'arrive, comment je vois les choses, mais c'est bien plus réel quand j'écris la vie que quand je la vis. Ce n'est pas grave si c'est un peu incompréhensible, flou, ou vague... Ca me convient même parfaitement.
    L'oncle de mon amoureux, c'est Le Clézio. Pour de vrai. Et mon amoureux il fait un métier où il voit plein de stars. Mais ça le fait marrer, il s'en fout. Lui, il fait son boulot, et le reste, ça le regarde pas. J'aime bien ce côté désinvolte, à côté de la plaque. Mon amoureux, tout le monde l'aime bien, mais lui aime très peu de gens. Mon amoureux ne sait pas discuter, il a une carapace épaisse comme ça. Il est capricieux, aussi, et c'est une vraie tête de mule. Mais peut-être que ce n'est pas vraiment important. Non, ce qui compte, c'est ce que me disent ses grands yeux verts. Je sais que c'est vrai car quand je suis tout contre lui je sens son coeur qui cogne.

Lundi 16 avril 2007 à 23:04

    Finalement pour ce soir on se décide d'aller prendre un café vite fait bien fait au P-E. Je passe la chercher, on se marre, et je lui raconte un peu, elle aussi. On retrouve cette chère Pauline. On se pose. On rit. "Non parce que tu vois quand j'pince ma joue y'a d'la graisse." Mais ça on s'en fout. On repart. Pauline rentre. Nous, on a encore de la marche. "Oh tiens j'ai des chansons à te faire écouter. On s'pose au bord du lac ?" Les fesses sur le béton. Un écouteur chacune. Le lac, devant, et la nuit qui commence à tomber. Des oiseaux s'envolent. On ne dit rien, assises, là, en tailleur, les yeux dans le vague, le coeur résonnant comme des pas dans les couloirs vides du métro. Simplement. A la fin, elle me dit je suis en retard, mais je veux faire une photo de toi. Je dis d'accord. Son appareil galère, je lui prête le mien. Elle mitraille, et je ris, je regarde dans le vague et elle, elle sourit. Le lac et les barques. Je lui dis que c'est à mon tour. Alors pareil. Et puis on décide de changer de chemin pour rentrer. Nouveau décor. Nouvelles photos. Pour rire, pour jouer à celles qui ont vraiment du talent. Insouciantes comme les enfants.



C'est moi. Prise par elle. J'aime bien cette photo. V'là.
(Et non, je ne porte pas de slim, ni de ballerines, oui j'ai de longues jambes, oui comme elle dit si je maigri je perds un os, oui je kiffe mon sac, oui j'ai la peau mate, non je n'ai pas l'impression de faire dix-huit ans, et oui je suis mélancolique.)

Lou, j'la kiffe grave.

Lundi 16 avril 2007 à 11:08

    La vie nous entraîne toujours dans son tourbillon, à n'en plus finir. Et l'on se précipite étourdiment, avides de nouvelles choses, du sordide au sublime, voulant tomber pour sentir le vertige, et voler pour la même raison, sentir tout simplement que la vie peut être extraordinaire, bien au-delà d'un quotidien morne. Le magnifique réside dans les émotions, il faut qu'elles soient violentes, sinon, je ne les tolèrerai pas. Il y a cette colère que je porte comme un enfant, cette rage qui me fait siffler entre mes dents serrées que je veux mieux, que je veux vivre. Et toute ma violence m'empêche de ne pas être, il faut juste que je ressente toujours.
    Il m'a dit "Pars en Allemagne, je sais qu'il te manque quelque chose, tu le trouveras peut-être là-bas... Je sais que je ne te rends pas heureuse..." Oh non mon amour tu ne me rends pas heureuse mais je dégouline de vie, ne le vois-tu pas ? Il te suffirait de regarder dans mes grands yeux sombres quand je ris, et tu comprendrai. Cette pulsion, à l'intérieur, comme une vague qui emporte, une lame trop forte pour y résister. Oui, l'Allemagne me manque, bien sûr, mais peu importe. Ma vie n'est pas là-bas, et j'ai trouvé comment tenir sur le fil ici. Alors ? Il suffirait que tu me vois quand j'écris, que tu vois à quelle vitesse mes petites mains se déplacent sur le clavier, sans penser, chaque mot, chaque phrase se contentant de tirer un peu plus le fil de l'énorme pelote de mes pensées qui se promène dans ma tête, il suffirait que tu me regardes un peu mieux quand je baisse ma garde.
    Mais le vrai, je te le dissimulerai toujours, désolée, mon amour, mais tu as ton monde, et j'ai le mien. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance, c'est que l'essentiel est à moi, et que je ne l'ai jamais partagé avec quelqu'un de proche. C'est ainsi.

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