Mardi 9 novembre 2010 à 17:51

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Et quand tu partiras, que restera-t-il à dire ?

Il y aura le désert de l'hiver, l'impossibilité de t'imaginer, et le monde entier continuera de tourner.
C'est dingue comme on croit tous nos histoires uniques, extraordinaires.
Trois semaines, une volée de jours.
Et des mois derrière que rien ne peut résumer, aucun mot, à part peut-être un rire fragile comme le tintement d'un grelot.
Notre possessivité dévorante. On ne se voit plus que tous les deux, dès 16-17h, dans le noir de ton appartement, et la vie qui tourne autour, qu'on entend, mais qui nous est étrangère. Toutes ces heures à lover mon corps contre le tien, et à sentir tes bras se refermer sur moi.
Notre possessivité malsaine. Ce monde dans lequel on ne peut qu'à peine se regarder, qu'à peine s'effleurer, et jamais jamais s'embrasser, ce secret qui nous a lié. On ne nous voit plus ensemble dehors.

Ton corps, si parfait. Ta peau douce, ton sourire d'enfant, ton rire un peu rauque, la moquerie au fond de tes yeux.

Tu vois, je sais qu'il n'y a pas de mots pour dire l'absence et la frustration, le désir et le manque.
Je suis restée là, sage, patiente, docile.
J'ai finalement ravalé ma fierté, et j'ai confiance en toi.

Tu t'en vas.
On a jamais été capables de dire les bonnes choses au bon moment, on a toujours navigué à l'intuition, on a évité les écueils grâce à une confiance aveugle et inconsciente, on s'est tendu des perches en forme de sous-entendus quand on se noyait, mais jamais, jamais, nous n'avons été capables de dire une phrase plus forte que : "Je me sens bien." ou "J'ai envie de dormir avec toi.", et même pour ça, il nous a fallu des mois.

Bien sûr, tu m'as fait des tonnes de compliments, mon cul, mes seins, mes hanches, ma nuque, ma bouche, mes yeux, mon humour, ma candeur, ma liberté, et même ma colère et ma mauvaise humeur, tout y est passé. Mais ce n'est pas ça que je garderai.
Je garderai ton air gêné et perplexe, quand tu m'as dit sans savoir ce que cela signifiait : "Je sens ton odeur sur moi, même quand tu n'es pas là."
Je garderai la fois où tu t'es retourné vers moi avec un demi-sourire, torse nu dans la pénombre, et tu étais tellement beau que j'en étais perdue.
Je garderai la douceur de tes caresses dans mes cheveux, et l'image de nos doigts entremêlés.
Et ton odeur.

Il nous reste trois semaines, et tu t'en vas.
Les mois passeront ensuite, tout doucement, ils passeront sans que l'on s'en rende compte, ils s'écouleront parce que le temps est indifférent, il se fout que les amants veuille le retenir entre leurs doigts pour quelques heures et l'accélérer pour quelques mois, le temps se fout de la douleur et de la séparation comme du bonheur et de la joie dévorante.

Je voudrais te mettre un collier et une laisse, mais je te laisse partir.

Au bout d'un moment, tu seras de retour.
Je ne serai peut-être plus une princesse, alors, peut-être que je ne dirai plus des choses bizarres comme : "J'en ai assez de mes cheveux, s'il te plaît, rase-moi le crâne." et toi tu seras peut-être un peu plus calme, et tu ne diras plus que tu pisses au cul du monde entier.
Ou peut-être qu'on ne sera pas si différents.

Jeudi 4 novembre 2010 à 15:01

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Je marche, pressée, il fait nuit, il est tôt pourtant.
Un homme traverse et marche derrière moi. Je l'entends parler, je me dis qu'il est au téléphone. Mais sa voix enfle et gonfle, tendue, je n'écoute pas ce qu'il dit, je continue à marcher en fumant ma clope.
"Salope, j'vais me branler sur ta gueule, tu vas voir si j'te chope, j'vais te bouffer la chatte, j'vais te défoncer le cul, tu vas chialer ta mère, j'vais te défoncer par tous les trous, tu vas me sucer la queue, tu vas voir, p'tite pute."
Mon premier réflexe est de ralentir pour ensuite me retourner et l'insulter, lui hurler dessus à m'en péter les cordes vocales, je tremble de colère et de dégoût, j'ai envie de le frapper.
J'inspire. Je réfléchis. Je suis dans une rue sombre et déserte, bordée de grands arbres, on ne voit rien sur les trottoirs, je suis seule, les maisons sont très en retrait par rapport à la rue. Il peut m'arriver n'importe quoi, personne n'en saura rien. L'autre derrière accélère et sa voix devient de plus en plus agressive et rauque.
Et soudain, je ne cherche pas plus loin : je détale.
Je l'entends courir derrière moi, il dit : "Ho, p'tite pute, t'as pas intérêt à ce que je te chope"
J'arrive sur une grande rue éclairée, des voitures sont au loin, je suis bien en vue. L'homme ricane : "T'as d'la chance, salope." et fait demi-tour en courant.

Sur le moment, je n'ai pas peur. Je suis juste étonnée et en colère.
J'arrive à l'arrêt de bus, il n'est même pas 19h.
Soudain, je prends conscience que je n'ai même pas vu cet homme. Je l'ai entr'aperçu, je peux seulement dire qu'il était petit et corpulent, 45-50 ans. Rien d'autre. Rien. Ce qui veut dire qu'aller voir les flics ne serait d'aucune utilité. Ce qui veut dire que moi, j'ai sauvé mon cul, mais qu'une autre fille aura peut-être moins de chance que moi. Et que je ne peux rien faire.

Plus tard, tard dans la nuit, quand je rentrerai à pied, je prendrai la mesure de ce à quoi j'ai échappé, et je me rappellerai de trop de choses qui elles sont vraiment arrivées. Je me pencherai entre deux bagnoles pour gerber l'alcool que mon estomac rongé ne supporte plus et ma terreur et mon dégoût. Je ne serai pas ivre pourtant, j'aurai juste l'estomac retourné.

Mardi 2 novembre 2010 à 15:31

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J'en ai assez des kikoolol, des dépressifs de la life qui disent "Je viens de me rendre compte que dans la vie on est seuls et qu'on ne peut compter que sur soi-même", bah putain d'bordel, t'as mis le temps. J'en ai assez des photos pseudo gothiques, des gamines de 12 ans dans des poses pires que suggestives, des geeks auto-proclamés, des garçons et des filles qui se ressemblent, de cette mode qui consiste à s'habiller en moche, des ex qui ne perdent pas espoir (bande de cons), des histoires malheureuses où tout le monde fait tout pour être malheureux, sans une once de bonheur.
Je vais pas prétendre que je suis mieux. Mais sous ses yeux, je me prends des décharges de 100 000 volts de bonheur, une joie brute, passionnée, sauvage, animale, à l'en dévorer, à me mettre à ses pieds.
Et dans le fond, qu'est-ce que je le comprends, qu'est-ce que j'aime sa folie et ses côtés malsains, et qu'est-ce que je me sens heureuse quand je le vois tellement beau que j'en perds presque un oeil. J'aime son ambigüité, ses paradoxes, ses grands gestes dans les airs, son air d'enfant, sa main qui m'attrape la nuque, ses ordres, il est fait pour ça, pour partir, sans ça, je ne l'aimerais pas. J'aime sa voix quand il se raconte, même quand il dit des mots horribles, quand il me chuchote des histoires terribles en me tenant dans ses bras, sa bouche près de mon oreille, j'aime cette folie, ce pari idiot, stupide. Et à chaque fois, avant de le retrouver, je dois ralentir mes pas pour calmer mon palpitant qui tente de me péter les côtes et reprendre mon souffle, tellement je suffoque.
J'en ai assez de lui, quand même, parfois, je crois que personne ne m'a jamais agacée comme ça, je me sens trop enfantine face à lui, ingénue et bête.
J'en ai assez de moi, surtout, par dessus tout ça, ce qui m'énerve, ce sont les espoirs des autres et les illusions, leur capacité à se mettre des oeillères quand je me prends tout dans la face, en fait, vous voyez, je suis jalouse de ceux qui savent se laisser tranquille, et de ceux qui ont des rêves, oui, en réalité je suis envieuse parce que je n'ai ni rêve, ni but, ni espoir, et que je ne suis ni heureuse, ni malheureuse, que je ne pleure plus et que je souris sans joie. Je ne sais plus que balancer les faits comme ils sont, je ne sais plus que les vivre comme ils sont, tellement je suis indifférente souvent face aux autres, juste les décharges de joie et une plénitude jusqu'alors inconnue lorsque je suis avec lui. Je suis jalouse de la naïveté et de l'innocence, jalouse de lui aussi, jalouse de sa force et de son autorité.

Vendredi 29 octobre 2010 à 16:37

Je regardais par ta fenêtre, je voyais la morgue éclairée.
Je savais qu'il restait du café chaud à l'intérieur, je pensais à la chaleur du radiateur qui m'accueillerait quand j'aurais traversé le petit bout de cimetière, je savais aussi que tu y étais. Tu devais probablement être vautrée contre le dossier du fauteuil, tes pieds sur la table, en train de tirer sur ta roulée, le regard dans le vague.
J'ai su que ça ne durerait pas toujours, qu'un jour tu ne vivrais plus là, que la morgue ne serait plus un lieu de retrouvailles, que le cimetière ne serait plus le lieu de nos cache-cache.
J'ai enfilé mon manteau, mon écharpe, je suis sortie. Le ciel était vide.
Mes bottes crissaient sur le gravier, je marchais entre les tombes, je savais que tu m'entendais approcher. J'ai tourné la poignée, tu m'as jeté un coup d'oeil, tu as souri, et dit : "Un peu de café ?" Je me suis laissée tomber sur la chaise en face de toi.
Tu avais l'air fatiguée, ça m'a frappée à ce moment-là, tes cernes. Je sais que tu prends des somnifères, mais même ça, ça n'a pas l'air de beaucoup t'aider.
Nous parlions, et dans la conversation, tu as dit :
"Il est malsain... Il a un côté trop pur.
- T'arrêtes pas de dire que je suis trop pure. Ca veut dire que je suis malsaine aussi ?
- .... "
J'ai pris les verres, je suis partie faire la vaisselle dans le petit évier, et pendant que mes ongles parfaitement vernis trempaient dans la mousse et l'eau froide, j'ai eu soudain la conscience aigüe que ça ne durerait pas toujours, que tout a une fin.
Il faisait nuit depuis longtemps, il était bien plus de minuit.
J'ai tiré sur mon short pour cacher le haut de mes bas, j'ai remonté mes hautes chaussettes, tiré sur mon pull pour cacher mon tatouage, recentré le collier qui serre et rase mon cou. J'étais toute en noir, seule mon collier et mes ongles brillaient d'un rouge sombre.
Toi, je me souviens, tu portais une chemise à carreaux avec un pull noir sans manche, ton short en jean avec une ceinture à carreaux, une chaîne pendant sur le short, des leggings, des bottines à talons avec le revers à carreaux également. Tes longs cheveux détachés tombaient jusqu'à tes reins, tu avais maquillé tes yeux verts, et l'anneau à ta lèvre brillait dans la lumière du néon.
Je suis partie dans la nuit, mes cheveux étaient ondulés par je ne sais quel caprice, et masquaient à moitié mon visage. Je me suis dit qu'heureusement mon manteau était long, sinon on aurait vu le haut de mes bas.
Je marchais au milieu de la route, j'avais glissé du punk dans mes oreilles, je marchais dans la nuit si peu froide, les poings dans les poches.
Arrivée chez moi, j'ai continué une longue lettre qu'il ne lira jamais, et je me suis glissée sous les draps.
Moi aussi j'ai eu besoin de somnifères.

Jeudi 28 octobre 2010 à 13:57

J'ai fait un rêve étrange.
J'étais dans une maison abandonnée, en ruines, la lumière entrait à flots à l'intérieur. J'étais avec un ancien ami à moi, on discutait. Je savais qu'il était en colère, mais il n'élevait pas la voix, il ne disait rien de particulier, il se contentait de me fixer de ses yeux bleus et glacés tout en bavardant.
Un homme entrait, il était très grand, bien plus que moi, habillé tout en noir. J'en avais été follement amoureuse, avant, et je l'avais quitté. Je ne voyais pas son visage mais je sais qu'il était extrêmement beau. Lorsque je le voyais, j'étais terrorisée, je me mettais en colère, lui demandant ce qu'il foutait là, lui disant que je ne voulais jamais plus le voir, que je pensais avoir été assez claire. Il me demandait d'une voix sourde comme un grondement ce que je foutais là, seule dans une maison avec un garçon qui n'était pas lui. Je disais que c'était un ami, mais que de toute façon ça ne le regardait pas, que je voulais qu'il disparaisse.
D'un geste brusque, il m'attrapait par le poignet. Je jetais un regard à mon ami, lui demandant de l'aide sans un mot. Il me fixait étrangement, souriait, s'en allait sans rien dire, sans se retourner, sans faire un geste. Je levais la tête vers l'homme, ses cheveux longs et bruns cachaient son visage. Il me renversait quelque chose dans le dos de sa main libre, quelque chose qu'il versait aussi sur ma main. Ça me brûlait, je sentais ma peau former des cloques, je savais que mon corps était marqué pour le reste de ma vie. L'homme dit simplement ces quelques mots : "De la soude."
Je me laissais glisser sur le sol, prostrée, vide. Après quelques instants, l'homme s'agenouillait, se penchait sur moi, me serrait dans ses bras, et me disait avec une douceur infinie : "Maintenant que je t'ai marquée, tu seras à moi à tout jamais, car seul moi sait quelles marques tu as et pourquoi tu les as. Il n'y a plus que moi qui peux t'aimer telle que tu es, tu es à moi." Alors je me laissais aller contre l'homme en pleurant, apaisée, soulagée que ma fierté ait été brisée, reconnaissante. Des chats noirs nous entouraient, passaient en nous frôlant et en ronronnant.

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