Dimanche 21 novembre 2010 à 23:57

"Nous avons tout mélangé
Les jours avec les années
Les désirs avec les regrets
Le café avec le lait."

Cette phrase dans le métro, je l'ai lue et relue certains soirs lorsque je montais les escaliers.
J'ai claqué la portière de ta voiture, après toute une nuit qui a mélangé des choses étranges comme Manu, des pintes de bière, le Noctilien, la pluie froide, le vol d'une écharpe, un oeil au beurre noir et une bouche en sang, nos corps emmêlés et nos doigts enlacés, des fous rires improbables. J'ai juste dit "A plus" et j'ai claqué la portière.

"Tu veux pas me rejoindre aux Etats-Unis ou au Canada ?
- Non."

"Je sais même pas quand t'es sincère ou quand tu mens...
- Tu devrais le savoir, depuis le temps...
- Non, en cinq mois, je sais toujours pas quand tu joues et quand tu joues pas... D'ailleurs t'en a pas marre de ce putain de jeu ?
- Quel jeu ?"

Je n'ai pas joué, non.

"Est-ce que je suis fou ?"

Oui. Tu es fou à lier, tu es taré, malade, incontrôlable.
Je peux vivre sans toi, je le sais, je le sais. Mais tant que tu n'es pas trop loin, je n'ai pas la volonté de dire "Stop".

La pluie de novembre dans les nuits de Paris, il faisait si froid. Et ton rire rauque.

"Au plaisir, jolie demoiselle des ténèbres. On se revoit dans les limbes."

Tu vas me manquer, tellement me manquer que si je n'étais pas aussi fière je pleurerai déjà.
C'était tout ou rien. On ne pouvait pas avoir tout, ça aura été rien. Je n'ai pas su te dire.

A plus.

Samedi 20 novembre 2010 à 11:54

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Lorsque l'on peut compter les heures de sommeil sur les doigts d'une main.
J'ai une migraine qui me cisaille le crâne, je n'aurais pas du boire autant hier. Ni avant-hier. Je peux même déjà dire que demain aussi, j'aurais une gueule de bois de compétition.

Il me voit comme indépendante et libre, fatale, c'est ça qu'il me dit : "Maïa, tu es une femme fatale.", il dit ça quand j'ai les jambes croisées sur son canapé, les cheveux en vrac sur les épaules, ma jupe un peu retroussée sur le haut de la cuisse, et que mes lèvres rouges tirent sur ma cigarette.

Je n'ai jamais éprouvé le désir ni le besoin qu'il soit là pour me consoler ou me rassurer, je ne me suis jamais dit que je ne pourrai pas vivre sans lui, ni qu'il était mon grand amour.
Mes grands emportements n'étaient que des réactions d'enfant. Bien sûr, je vais être triste, je vais même sûrement pleurer. Mais alors que je ne suis plus qu'à quelques heures de ce moment, je me sens calme et sûre de moi.
Quand je marche seule la nuit, je sais que je peux vivre sans sa présence. Je sais que son départ ne changera pas grand chose à mon quotidien, que je ne serai pas plus heureuse ni malheureuse, et je sais qu'il m'a rendue plus forte, plus libre, plus indépendante, et l'admiration dans son regard parfois.
Je ne me suis tout de même pas débarrassée de ce désir que j'ai de l'attacher dans mon jardin, mais tant pis. Ce n'est pas si important, dans le fond. Peut-être qu'il gardera plus de moi que je ne le crois.

Après tous ces mois, je n'aurai pas l'égoïsme de lui demander de rester, ce serait purement stupide. Ce sont son rêve et sa vie, et non les miens. Je le respecte trop pour lui voler ça, et je suis trop fière pour jour les chiennes fidèles. De toute façon, il est libre, il est fait pour l'être.

Depuis le début, nous savions que ça finirait comme ça. Alors, est-ce réellement si triste ? Je ne pense pas. Il reviendra.

Je crois qu'en fait il ne me reste qu'un mot à lui dire :

Merci.

Vendredi 19 novembre 2010 à 16:47

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Des tonnes de petites choses à faire en attendant demain, comme recoudre mon jean noir, trouver avec quoi porter ma chemise de soie noire, me revernir les ongles, me racheter des clopes.
Le temps est tellement gris.
Trois nuits d'insomnie, et pourtant je ne sens pas la fatigue.
Me racheter des collants noir aussi.
Ce qui nous amène au calcul suivant : comment faire pour acheter un paquet de tabac et des collants avec 10 € ?
La vie est décidément bien compliquée depuis la hausse du tabac.

Sur mon bureau traînent des cartes de visite accumulées en deux ans, photographes ou vieux dalleux. Je les garde, petite collection inutile mais flatteuse pour l'ego.
La bouteille de vin traîne toujours dans ma chambre, quelques dessins d'Angie, de vieux photomatons, mes livres et mes vêtements éparpillés par terre.
La nuit tombe et je ne bouge toujours pas.
Assise à tapoter.
A tenter de retenir un peu le temps.

Je crois que cette nuit, j'aurai encore du mal à dormir. J'ai maigri, aussi.
Hier, à 16h, la bouteille de vodka était sur la table, et mes ongles tapotaient mon verre, mes doigts suivaient les rayures de la table en bois, tripotaient mes cheveux, nerveuse, impatiente, intenable.

C'est que, voyez-vous, demain je lui dis au revoir.

Mardi 16 novembre 2010 à 19:25

Elle était très brune, avec de grands yeux bleus, elle était fine et belle, tellement belle que je ne pouvais pas quitter des yeux son visage à la peau si pâle orné d'une jolie bouche ciselée de lèvres roses.
Plusieurs personnes étaient dans la salle, à écouter ce que je devais dire, là, ridicule, plantée devant eux dans l'uniforme de mon école, à ne pas savoir quoi faire de mes mains, et elle me fixait, et j'ai parlé comme si il n'y avait qu'elle. Elle écoutait comme si cela était important, alors que ça ne l'était pas. Elle n'a pas posé de questions, je n'ai pas entendu le son de sa voix, ni même su son prénom.

Je crois que ce jour-là, j'aurais du laisser tomber tous ces papiers entre mes mains, toutes ces fiches de renseignements, je crois que j'aurais du l'inviter à prendre un café et lui demander comment elle s'appelait, parce qu'elle n'est jamais revenue.

C'était il y a presque deux ans.


Une petite poupée qui dit oui, oui tout le temps, une petite poupée trop docile qui agace car on sait qu'elle est fausse.
C'était à ça que tu ressemblais, quand je t'ai rencontrée, à une poupée sage. Et jamais je n'ai pu te raconter cette histoire qui n'en est même pas une, cette absence d'histoire, juste cette fille tellement belle. Tellement plus belle que n'importe laquelle.
C'est marrant qu'après tout ce temps c'est à toi que je pense.
Des années et des années avant d'arrêter les frais, sale petite poupée. Bien vilaine en vérité, avec tes lèvres obèses et tes yeux glauques. Et tes cernes, toujours les cernes.La dernière fois que je t'ai vue tu étais tellement maigre que j'aurais pu te casser en deux, et en vérité, ce n'était pas l'envie qui me manquait.
Tu rabâchais les mêmes histoires sur Swann, toujours, toujours tu disais qu'il était un salaud. Oui, c'était un salaud. Mais quand je le revois, portant ses costards, c'est un salaud qui a de la classe, un très beau garçon, le genre de gars dont tu sais tout de suite qu'il ne faut pas t'approcher si tu n'es pas capable de dire non. Mais toi, Poupée, tu ne disais que oui. Oui, baise-moi. Oui, encore. Oui, continue. Oui, mens-moi. Oui, M., je sais que t'as raison, je sais je le quitte. Oui, attends, je reviens, je suis désolée, Swann, désolée.
Swann, il s'en foutait. Je l'entendais chaque jour parler d'autres filles et c'est vrai que j'avais envie de le frapper. Il ne me faisait plus d'avances depuis que je le défiais, hautaine, qu'est-ce qu'il a pu m'en faire, pourtant, mais il te disait que non, alors c'était non.
Mais quelque part, je n'ai jamais réussi à lui en vouloir avec constance, j'avais des bouffées de haine et de colère, oui, j'éprouvais ce genre de choses, mais je portais une certaine gourmette à mon poignet, et c'était grâce à lui. Et puis, je t'avais avertie.
Poupée, je crois que tu n'as jamais su que tu ne connaissais même pas son vrai nom, ni même son vrai prénom. Tu ne savais même pas qu'une des chansons qu'il te chantait, c'était une des chansons de Blondy-boy.
Swann, en réalité, il était fauché, et son appart' dans le XVIè, c'était une chambre de bonne. Et son père qui voyageait à travers le monde et lui laissait de l'argent, tout l'argent qu'il voulait, c'était aussi du flan. Son père, il tenait un resto, et il sortait pas de l'Hexagone.
Tu ne connaissais rien de Swann, mais tu refusais de le connaître.

Mais Swann, c'est un débrouillard, un menteur, un arnaqueur, Swann fume des cigares en costard et des joints dans les chiottes, Swann brise les coeurs et les culs des filles, Swann a cette élégance des gens lâches, insouciants et sans remords.
Je me rappelle quand je les rejoignais pour quelques lattes de beuh, déjà vacillante sur mes talons à cause du Lexomil, et de son bras autour de mes épaules, j'étais la copine de Blondy-boy, la copine qu'on dragouille pour le fun mais qu'on ne touchera pas.

Il m'a reparlé de toi, récemment, Poupée.
J'ai presque eu envie de t'écrire un message pour te le dire, pour te dire qu'il est à Londres maintenant. Peut-être que tu aurais tout plaqué pour partir là-bas, ça aurait été drôle.


Il n'y a que moi qui t'appelait Poupée, et je me souviens, tu essayais tout le temps de me toucher. Les seins, les fesses, les hanches, tu étais jalouse de mes mecs, jalouse de mes amies, jalouse de tout. Si je n'ai pas rattrapé la brune, c'est que j'étais trop stupéfaite.
J'aurais du lui courir après, pourtant. Parce que ce jour-là, cette fille-là, j'aurais pu en tomber follement amoureuse.

Samedi 13 novembre 2010 à 12:32

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8h du mat' et la vodka, l'aube rosit le cimetière et se reflète sur le marbre lisse de certaines tombes.
Amy dort à côté de moi, puis se lève, puis s'en va.
"Un apéritif, mademoiselle ? - Mettez-moi un martini-gin."
Je me suis trompée rien n'a été réel, je me suis trompée.
Ce soir je me fais un déguisement de marquise.
Blue Lemon et Cervelle de Singe.
Ne pas dormir, ne plus dormir, sinon je passe plus de 12 heures sous la couette et je ne peux pas chercher du travail.
Dix-sept jours.
Un rêve, juste un rêve, ça n'a jamais existé, j'ai du tout inventer, oui, j'ai imaginé.
Les boucles d'Amy et les yeux verts d'Angie, et la moquerie de Guy.
Parfois, tard dans la nuit, le lac fume, et le vent pousse la fumée à sa surface.
Ce matin j'ai les cheveux bouclés. Pourquoi ?
Il y a le livre qui traîne dans un coin, ce livre, je l'ai lu et abandonné quelque part, je ne veux plus savoir.
Une laisse, un collier. Et du fil barbelé.
Des décharges sous les doigts, et le palpitant qui foire.
Angie, j'ai menti.

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