Dimanche 5 décembre 2010 à 15:37

Et des messages de six mots, juste six, pour dire mon corps, mon visage, et mon odeur dans l'hiver, si il joue avec les mots comme avec les décors je suis perdue.
Les aboiements des chiens fous, la neige paresseuse et les croix du cimetière qui s'écroulent.
Je sais, je sais ce qu'il y a, qu'on ne s'est perdus ni lui ni moi, que ce n'est pas parce qu'il est loin qu'il n'est pas là, mais la béance, immense, même Angie n'a pas les aiguilles pour me raccommoder.
Il dit : "Tu es glauque, Maïa, tu es glauque et maligne.", maligne comme une tumeur ? Mais il me ressemble, incroyablement, même. Pourquoi je le sais ?
Parce que c'est une histoire de silence, le plus important, ce ne sont pas les mots, mais quand il plante son regard en moi.
C'est une danse, un affrontement sournois et subtil.
Je l'ai piégé avec mon parfum, qu'il a retrouvé un soir près d'Orléans, seul au milieu de toute cette neige.

Ce soir, il est à Paris, et on ne se verra pas.
Nous n'avons pas besoin de nous toucher pour être fous.

Et je sais sa dureté et sa froideur, sa possessivité, sa domination, et aussi quand il se soumet parfois.
Et il le sait pour moi.

Il y a ses airs d'enfant pourtant, et sa pureté derrière tout ça.
Il dit la même chose de moi.

Jeudi 2 décembre 2010 à 14:31

Il y a les histoires montées à l'envers et la vacuité des autres, tous ces autres qui piochent à droite à gauche pour constituer ce qu'ils pensent être leur essence. Laissez-les seuls et il ne leur restera que le néant, ils ne se reconnaîtront plus, et ne s'aimeront plus. Il n'y aura personne pour leur suggérer quoi penser d'eux-mêmes.
Des copies de copies.
Oui, peut-être que je suis un brin trop dure ou méprisante. Mais la bêtise humaine suinte partout. Quoique l'on dise, quoique l'on raconte, il y a toujours quelqu'un pour faire le parallèle avec sa propre histoire et hop, on le plaint bien évidemment. Ca me fait toujours rire, les concours de vies de merde. Ca vous réconfortera de savoir que vous êtes les plus à plaindre ? De prendre conscience que le plus gros loser, c'est vous ? Oui, oui. J'ai bien dit loser. Tout simplement parce que pour être malheureux, il n'y a rien à faire, il suffit de rester là, dans son petit monde pourri. Être heureux, ça implique de bouger ses petites fesses.
Il y a également ceux qui sont là pour critiquer, mais pas dans la critique constructive. Juste la critique pour la critique. C'est marrant de se sentir plus intelligent trois secondes ? Probable.
Le drame, c'est que tout le monde se sent toujours obligé d'ouvrir trop grand sa bouche. Echanger, oui, je n'ai rien contre, quand c'est intelligent, intéressant, évolutif. Mais là j'ai bel et bien dit "trop grand", c'est à dire que l'on passe dans l'excès et donc l'inutilité. Ouvrir sa bouche pour l'ouvrir... un peu comme les poissons rouges, en fait, avec leur air stupide.

Ah ah. Nous vivons donc dans un gigantesque aquarium (oui cette comparaison me plaît décidément bien, étant donné que la mémoire des gens, sélectives comme celle des poissons pour l'heure de leur repas, ne dépasse généralement pas pour le reste les 7 secondes.)

Bon, alors peut-être que j'aurais le droit à des "Oui mais toi t'écris toujours des trucs tristes etc." ou encore "Pour qui tu te prends" ou je ne sais trop quoi, ou alors je n'aurais le droit à rien du tout, ce qui pour moi reviendrait à peu près au même.
Soit. Il est vrai. Je ne le nie pas. Encore que ces derniers temps, je ne trouve pas mes mots si négatifs. Et puis quand je me plante, je ne m'en prends qu'à moi-même, ce n'est pas le monde entier qui est ligué contre moi et qui complote pour ma chute, non, malheureusement, le Roi des Démons n'a pas l'air de m'accorder autant d'importance, et j'avoue que parfois me sentir si ignorée de lui me ferait presque monter les larmes aux yeux et me donnerait presque l'envie de hurler : "Pourquoiiiiiiiii mais pourquoiiiiiii ne t'acharnes-tu pas contre moi afin que je puisse susciter la pitié du monde entier ?" Mais bon, apparemment, il est totalement indifférent à mon existence, le petit salaud. Par conséquent, je tiens à dire que même pour les écrits qui ont désormais quelque chose comme euh... bientôt 4 ans et qui sont toujours présents ici : là aussi, c'était en partie ma faute. Non, je n'étalerai pas le reste. Chut.

De toute façon, comme dirait mon géniteur : "Quand on lance un pavé dans un troupeau de mouton, il n'y a que celui qui reçoit le pavé qui bêle".
Ah merde. Je parlais de poissons avant.
Remixons le proverbe : Quand on balance une pierre dans un aquarium, il n'y a que le poisson qui se la prend qui fait des bulles.
Effectivement, ça ne veut pas dire grand chose, alors ne soyez pas contrariants, acceptons le fait que les gens sont soit des poimoutons, soit des poissonton. Oui, parce que mousson ça existe déjà, et c'est autre chose.

Le pire, c'est que je suis d'une humeur absolument radieuse.

Si je suis insupportable ainsi, vous n'avez qu'une solution : invoquez le Roi des Démons afin qu'il se déchaîne sur moi et que je redevienne mélancolique, mais bon, je me trouverai moins drôle.

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Mardi 30 novembre 2010 à 20:41

Il fait beau et froid, nous marchons côte à côte.
Mon mouchoir tâché de rouge, hé, ragazza, ça va ? Oui oui. Ca va. Ne t'inquiètes pas. Fais attention à toi.

"Maïa, tu es unique, il n'y en a pas deux comme toi. Tu as l'orgueil de savoir qui tu es, tu n'es pas une fille mais une femme, une vraie femme."
"Parfois, oui, tu peux être glaciale, mais tu ne calcules pas."
"Tu sais, si on s'était rencontrés à un autre moment, on aurait été ensemble, vraiment ensemble."
"Être comme ça, dans notre relation, ça me rend bien plus heureux que dans mes histoires de couple. Au moins, toi et moi, c'est vrai."
"J'ai pas envie de partir, Maïa, j'ai plus envie..."
"J'ai envie de toi, tout le temps, tout le temps, même quand t'es pas là j'ai envie de toi, t'es tellement belle, même juste que tu me touches ça me suffit. Embrasse-moi."
"On trinque à quoi ? - A nous."

C'est tellement bon et tellement douloureux.

"Tu sais ce qu'on va faire ? Quand tu reviendras, tu me montreras tes photos, et moi je te ferai lire mes textes."

Et le serrer si fort dans mes bras, si fort.

Mercredi 24 novembre 2010 à 14:16

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"Mais Chloé chassait ses doutes, fuyait la réalité, marchait le nez en l'air, allait boire des verres avec ses amis, elle se disait vivante quand elle s'étourdissait de trop, alors qu'elle vivait à l'envers."


"Chloé était en guerre, contre elle, contre le monde entier, et Thomas la regardait en riant de ses grands yeux noirs."


"Elle et sa cambrure, ses jambes interminables, ses yeux si francs et si profonds... Désormais elle fuyait ses regards, ou les soutenait au contraire avec une insolence folle, l'air de dire « Tu vois ? Tu vois à quel point on peut s'abîmer ? » et son sourire si lumineux était un mensonge. Chloé ne se ressemblait plus, Chloé était le mensonge."


"Il ne saurait même pas mettre les épisodes de leur fausse histoire dans le bon ordre, tellement Chloé, enfant folle, brouille les pistes et détourne la réalité. Suivre la piste de Chloé, c'est se perdre, et Thomas se perd avec joie en elle."


« Tu vois, les gens, ils aiment tout, ils aiment tellement tout que dans le fond ils n'aiment rien... Tout le monde est ami de tout le monde, c'est ridicule, et dans le fond, c'est horriblement triste parce que c'est horriblement faux. On arrive plus à percer les façades, on arrive plus à deviner les faux sourires, on arrive même plus à se toucher. On devient anonyme. Ça, oui, ça me fait du mal. Imagines le bonheur d'être unique pour quelqu'un qui reconnaîtra ton pas, ta silhouette au milieu de cent autres, ta voix dans le brouhaha... »
(...)

« Tu ne sais pas, Chloé, mais je reconnais ton pas, et ta silhouette, et ta voix, et même ton parfum... Je ne sais jamais où tu es, où tu vas, où tu te perds, je ne sais pas dans quoi tu te débats, mais tu es unique. Tu es trop forte pour te faufiler dans les petites portes des silences, tu me perds, tu me fais du mal quand je t'aperçois avec un autre, mais je ne peux être loin de toi. Je sais, je te fais mal aussi, je ne sais pas pourquoi, je me sens si fragile, si démuni face à toi. Mais quand je vois tes longs cheveux bruns tomber en cascade dans ton dos, ton sourire en coin, l'ironie au fond de tes yeux, les fossettes à tes joues, quand tu m'embrasses ou que tu me repousses, j'ai envie de te dire que je t'aime. Je t'aime tout le temps, malgré ta violence et tes sarcasmes, ou peut-être grâce à eux. »


« Qu'est-ce que tu fous là ? Qu'est-ce que ça t'apporte ? Tu n'as pas d'autres nanas à aller voir, à qui offrir des cafés, à emmener au cinéma, à baiser ? Fous-moi la paix, Thomas. Lâche-moi. Je n'ai pas envie de te voir, comme ça, en sortant des cours. Je veux juste me casser, rentrer chez moi, dormir.
- T'es une menteuse, Chloé. Je sais que tu ne vas pas rentrer chez toi. Pas tout de suite en tout cas. Tu vas encore aller traîner à droite, à gauche, et puis c'est pas une façon d'accueillir les gens qui ont envie de te voir. Tu fais chier, putain, je te donne pas de nouvelles tu fais la gueule, je viens te chercher tu fais la gueule... Tu m'emmerdes. Tu crois quoi ? Que je suis amoureux de toi peut-être ? Non mais regarde-toi, un peu ! T'es qu'une bonne copine, j'avais juste envie de discuter un peu avec toi, et tu m'envoies dans le mur.
- Si je suis qu'une bonne copine, alors on peut discuter... si tu m'offres une bière. »

"Thomas ne voulait pas abandonner sa vie, il ne voulait pas ressembler à ces autres qu'il voyait, ne voulait pas de la routine et du silence, de la violence de l'indifférence qui s'installe, il ne voulait jamais penser Chloé acquise, de peur qu'elle ne se réveille un matin et n'ait plus besoin de lui, de peur que quelque chose se brise."

"- C'est quoi que t'as pas compris dans ma phrase ? Je t'ai dit de te casser. J'ai aucune envie de dormir avec toi, aucune envie d'être avec toi, aucune envie de te donner mon numéro de portable ni que tu me laisses le tien, et même connaître ton prénom, c'est déjà trop pour moi. Tu t'attendais à quoi ? Je débarque dans le bar, tu m'aguiches, je t'invite chez moi, tu acceptes, je te prends comme une chienne sans me préoccuper de te faire jouir et tu ris, et tu voudrais dormir chez moi ? Tu connais un seul type qui dort avec sa poupée gonflable, toi ?"


"Il sortit, prit le métro, alla jusque sur les bords de la Seine, du côté de St Michel, s’assit sur le pont où un des tous premiers soirs il lui avait demandé de ne pas rentrer chez elle, de ne plus retourner voir l’autre, mais de rester avec lui. Il se rappelait de ses yeux heureux et inquiets, de son hésitation, de sa peau frissonnant dans le vent frais de la nuit malgré l’été, et surtout de son silence. Ils avaient ensuite parlé de tout et de rien, riant, il n’osait pas reposer sa question et Chloé faisait comme s’il n’avait rien dit. Il lui dit au bout de plusieurs heures que si elle voulait rentrer chez elle, il allait bientôt être trop tard pour le dernier train, et il voyait encore son regard espiègle, son sourire malicieux, le creux de ses fossettes quand, levant les yeux, elle lui avait demandé de quel train il parlait. "


"Il faisait si doux et la nuit était si belle qu’elle ne voulait même pas rentrer. Elle les avait orientés, ils avaient marché du Champ de Mars jusqu’à St Michel, enlacés, sans tellement se parler, il se rappelait de son regard perdu sur la Seine, dans les reflets des lampadaires sur l’eau, de la façon dont elle se serrait contre lui sans dire un mot quand la foule était trop dense, au loin. Il était alors facile de la serrer contre lui, d’embrasser ses cheveux juste au-dessus de son oreille, de déposer un baiser sur son front, sur sa joue, sur ses lèvres. Ils s’étaient assis à une terrasse au hasard, et avaient commandé chacun une bière. Elle allumait ses cigarettes à son briquet, et quand elle se penchait vers lui, elle repoussait ses cheveux derrière ses oreilles d’un geste rapide. Il avait finalement été trop tard pour reprendre le métro, et ils n’avaient pas eu le courage de chercher un taxi. Chloé l’avait alors entraîné vers l’hôtel. La chambre était au cinquième étage, dénuée de charme, vieillotte. A cause de la chaleur, Chloé avait enlevé son débardeur, se promenant en soutien-gorge, et assise sur l'appui de la fenêtre ouverte, elle fumait en sifflant les filles ivres qui passaient dans la rue, pour entendre rire Thomas."

Là, c'est tout de moi.
La photo aussi, prise à St Michel, la nuit après le feu d'artifice. Ce sont les seuls points communs avec Chloé et Thomas, autant les exploiter pour illustrer ces mots...
Elle me manquait, Chloé. Elle me manquait terriblement, en fait.


Lundi 22 novembre 2010 à 23:49

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Il regardait ses petits pieds, imaginant les orteils sous les bottines. Elle souriait, mais il voyait bien qu'ils n'étaient pas prêts de partir.
- Raphaëlle, fais-moi voir ton pied.
- Ca va, je te dis. On attend juste un peu et ça ira mieux.
- Fais-moi voir ton pied, bordel.
- Tu me soules. Ca changera quoi, hein ? Si j'enlève ma chaussure je pourrai pas la remettre. Tu vas me porter comme une princesse, peut-être ?
- Mais t'as besoin de boire autant avec des talons aussi hauts ? C'était sûr que t'allais te casser la gueule ! Et oui je vais te porter, parce que sinon on va manquer le dernier métro, et je paye pas un taxi. Elle est où, Eve ?
- J'en sais rien.
- Comment ça t'en sais rien ?
- Elle m'a dit de l'attendre dehors, alors je t'ai pris par le bras parce que je voulais pas être toute seule, on est sortis et ensuite je suis tombée, et maintenant je suis assise sous ce porche à me peler le cul et je sais pas où est Eve.
Elle sortit son paquet et entreprit de se rouler une clope, le filtre coincé entre ses lèvres, tout en râlant à cause de ses doigts engourdis par le froid. Exaspéré, il lui balança une blonde au visage.
- Dis pas "Merci" surtout.
- De rien.
- T'es vraiment une petite conne, quand tu t'y mets.
- Et Eve, elle est quoi ?
- Ce qui est déjà sûr et certain à son sujet, c'est qu'elle est pas là. Il faut qu'on la trouve, appelle-la.
Raphaëlle se mit à fouiller son sac à main, mais devant l'insuccès de ses recherches, elle entreprit de le vider. Trousse de maquillage, paquet de tabac, feuilles, filtres, calepin, stylo, fringues de rechange... Mais pas trace de son portable. Gabriel s'accroupit devant elle, attrapa le menton de Raphaëlle dans le creux de sa main, et l'obligea à le regarder.
- Bordel, Raphaëlle, c'est pas possible d'être aussi timbrée... Depuis quand tu mets ton portable là-dedans ? DEPUIS QUAND ? Tu le fais exprès ou quoi ?
- Lâche-moi, Gabriel. Lâche-moi tout de suite.
- Sinon quoi ? Tu vas me flageller avec le string qui dépasse de ton sac ?
Il éclata de son rire rauque, un rire de fumeur, lâchant le menton de la jeune fille pour glisser ses doigts dans ses cheveux et les ébouriffer, malgré ses protestations.
- Allez, fouille tes poches.

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