Mercredi 15 décembre 2010 à 11:58
J'ai construit un territoire, un territoire interdit aux autres, un territoire qui a tout de toi, sombre et chaleureux. Mon ami, mon amant, mon amour, mon voyageur aux milliers de mots et de photos, quelles ressemblances hurlantes entre toi et moi dans la façon de parler, débit mitraillette, cent mots à la seconde, nos façons de ponctuer nos phrases et de les laisser mourir, de suggérer et de taire, de faire machine arrière quand les mots ont couru trop vite.
Mon histoire idéale jamais avouée, histoire de silence, complicité tacite. Mon rêve éveillé.
Après ton voyage américain,
Reviens-moi.
La surf music, le punk, le rock, le hip-hop, le trip-hop.
Le rosé, la 1664, les grands verres d'eau en pleine nuit, le café ou le thé très sucré, les cigarettes, les joints, les pâtes blindées de beurre, les chats, la sensualité, la beauté du regard plutôt que celle des yeux.
South Park, Tarantino et Robert Rodriguez.
La fixation sur le ventre de l'autre : à toucher, à mordiller, à embrasser.
Le silence.
Les grandes questions existentielles, et refaire le monde.
"Je vais te manquer quand je vais partir ?
- Oui.
- Pourtant je pars que deux-trois mois. C'est pas très long.
- Je vois pas le rapport. Y'a pas besoin que ce soit long pour que tu me manques."
"Tu sais quoi, je vais demander si je peux t'emmener avec moi pour qu'on passe toute la semaine ensemble, enfin, dans la journée je bosserai mais toi tu ferais ta vie, piscine, hammam, sauna... et le soir on serait tous les deux, rien que tous les deux."
"Quinze jours qu'on ne s'est pas vus, et tu es toujours sarcastique, tu portes le même parfum, les mêmes bijoux, et toujours une mini-jupe... Tes cheveux sont juste un peu plus longs, tu as maigri et pris un peu des seins, ça te va bien, t'es belle."
En réalité c'est toi qui me vas bien.
9h, nous descendons. Devant ton immeuble, tu prends mon visage entre tes mains et m'embrasses furtivement. Je me rends compte qu'instinctivement je me suis blottie, et que tu m'a prise dans tes bras. Tu me couvres les joues de baisers, passes la main dans mes cheveux, m'embrasses une dernière fois sur les lèvres. Tu t'éloignes en laissant filer mes doigts entre les tiens.
C'est la première fois que tu t'en vas comme ça.
Tu as dit :
"Sans toi, ma vie serait bien vide."
Mardi 14 décembre 2010 à 13:20
Les yeux ouverts dans le noir, à ressasser les mêmes choses, non il faut arrêter, mais il fait froid, tellement froid, pourquoi d'ailleurs est-ce que je suis toujours gelée comme ça ?
Tout est vide et presque silencieux, de loin en loin l'écho des chats se battant dans la nuit.
Mes jambes me grattent tellement et je leur ai déjà fait si mal que j'appuie simplement ma paume contre la brûlure.
De temps à autre je regarde l'heure sur mon téléphone. 1h. 2h30. 3h30. 4h00. Et, alors que je soupire de fatigue, le téléphone vibre dans ma main. Je sais qui c'est, il n'y a qu'une personne qui peut m'écrire à cette heure-ci, car nous nous sommes parfois tenus compagnie dans nos insomnies. Et je l'admets j'ai envie de rire à ce moment-là, de dire qu'il faut qu'on arrête d'être si semblables pour certaines choses. Le photographe. Pourtant je ne souris pas, j'attends de lire ce qu'il m'écrit pour le faire. Il dit que c'est ok, qu'il me tient au courant pour l'heure.
Et bizarrement, je ne souris toujours pas.
J'étire mes membres ankylosés de m'être roulée en boule si compacte pour me tenir chaud, je pose mon téléphone sans répondre, dégage mes cheveux de mon visage. J'attrape le livre qui traîne par terre, Lolita de Vladimir Nabokov.
"Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois, contre les dents.
Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolores sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita."
Dans les environs de 5h, je sombre presque. Somnolente.
J'émerge toujours aussi gelée et surtout courbaturée. Il fait 14°C dans ma chambre, j'ai mal à la gorge. Il fait froid dehors et ce soir je vais à Montreuil, pour en repartir tôt demain matin.
J'en ai marre.
Ca ne veut rien dire, mais depuis le temps, l'absurdité s'est greffée dans mon cerveau. Je ne sourcille même plus.
Blondinet dit qu'il est désolé, qu'il a changé, qu'il voulait me rappeler, qu'il n'y a qu'à moi qu'il peut parler. Moi je ne dis rien, mais je pense en boucle : et pourtant si tu savais comme c'est ma faute, ma faute, ma faute, ma faute, ma faute, ma faute...
Je hausse les épaules devant cet accès de culpabilité. Ce qui est fait est fait.
Et basta, fucking bastard.
Jeudi 9 décembre 2010 à 0:43
Je déteste les guitaristes, et j'aime les bassistes.
Aux musiciens que j'ai tant aimés et qui m'ont tant brulée, je préfère le photographe.
A tous ceux qui sont restés, je préfère celui qui part.
Aux filles lisses et propres, je préfère Angie, ses piercings, ses tatouages, son cimetière.
Bizarre.
T'es une fille bizarre, toi, t'es étrange, t'es pas comme les autres, tu cultives ta différence, t'es arrogante, antipathique, t'es hautaine, distante, tu fais jamais rien comme les autres, pourquoi tu passes de Metallica aux Fugees, mais quand est-ce que tu mens ? Il serait tant que tu grandisses, mais t'es vieille et jeune à la fois, et tes piercings et tes tatouages, et surtout surtout
tu fais peur.
Avant j'aimais les yeux des garçons, mais toi, toi ce sont tes mains, tes mains je les aime tant, pourquoi ?
Au creux de moi désormais un territoire sombre et interdit, à déchiffrer du bout des doigts, une musique qui n'existe que pour nous et nous dansons à l'instinct.
L'amour, ce n'est pas un jeu, non, c'est une danse, qu'il soit spirituel ou physique, l'amour est toujours une danse, timide sensuelle violente sexuelle.
Je redeviens primitive, j'ai envie de mordre, de te mordre et de te griffer, je voudrais croquer dans ta chair, te dévorer, c'en est obsédant. Et quand je te mords fort tu ne dis rien, tu n'enlèves même pas ton bras, tu attends, et les marques rouges de mes dents, rouges voire violettes dans ta peau claire.
J'ai trop de choses dans la tête, trop d'histoires, j'absorbe tout ce qui passe à ma portée, partout des textes d'enfants paumés. Et je n'écris que des filles qui ne sont pas encore des femmes et des garçons troubles ; il y a déjà Chloé, Emma, Suzie, Eve, Raphaëlle et demain il y aura peut-être Victoire ou Eléonore. Et toi, toi aussi je voudrais te donner un prénom de fille tellement je m'approprie mieux ce qui est féminin.
Ou alors un nom de chien.
Malsaine, t'es glauque, ragazza, et pourtant l'innocence dans les yeux, coucher avec toi en devient sale, mais t'es tellement belle j'y peux rien, t'es fatale.
Pourtant je suis heureuse.
Angie dit que je suis la fille qui agace par excellence, et que c'est pour ça que dans un groupe je suis toujours détestée, parce que je n'ai pas peur de parler ou d'être indifférente, parce que je lance mes blagues sales, parce que je suis toujours féminine, Angie dit que j'incarne ce que les autres ne sont pas.
Aux musiciens que j'ai tant aimés et qui m'ont tant brulée, je préfère le photographe.
A tous ceux qui sont restés, je préfère celui qui part.
Aux filles lisses et propres, je préfère Angie, ses piercings, ses tatouages, son cimetière.
Bizarre.
T'es une fille bizarre, toi, t'es étrange, t'es pas comme les autres, tu cultives ta différence, t'es arrogante, antipathique, t'es hautaine, distante, tu fais jamais rien comme les autres, pourquoi tu passes de Metallica aux Fugees, mais quand est-ce que tu mens ? Il serait tant que tu grandisses, mais t'es vieille et jeune à la fois, et tes piercings et tes tatouages, et surtout surtout
tu fais peur.
Avant j'aimais les yeux des garçons, mais toi, toi ce sont tes mains, tes mains je les aime tant, pourquoi ?
Au creux de moi désormais un territoire sombre et interdit, à déchiffrer du bout des doigts, une musique qui n'existe que pour nous et nous dansons à l'instinct.
L'amour, ce n'est pas un jeu, non, c'est une danse, qu'il soit spirituel ou physique, l'amour est toujours une danse, timide sensuelle violente sexuelle.
Je redeviens primitive, j'ai envie de mordre, de te mordre et de te griffer, je voudrais croquer dans ta chair, te dévorer, c'en est obsédant. Et quand je te mords fort tu ne dis rien, tu n'enlèves même pas ton bras, tu attends, et les marques rouges de mes dents, rouges voire violettes dans ta peau claire.
J'ai trop de choses dans la tête, trop d'histoires, j'absorbe tout ce qui passe à ma portée, partout des textes d'enfants paumés. Et je n'écris que des filles qui ne sont pas encore des femmes et des garçons troubles ; il y a déjà Chloé, Emma, Suzie, Eve, Raphaëlle et demain il y aura peut-être Victoire ou Eléonore. Et toi, toi aussi je voudrais te donner un prénom de fille tellement je m'approprie mieux ce qui est féminin.
Ou alors un nom de chien.
Malsaine, t'es glauque, ragazza, et pourtant l'innocence dans les yeux, coucher avec toi en devient sale, mais t'es tellement belle j'y peux rien, t'es fatale.
Pourtant je suis heureuse.
Angie dit que je suis la fille qui agace par excellence, et que c'est pour ça que dans un groupe je suis toujours détestée, parce que je n'ai pas peur de parler ou d'être indifférente, parce que je lance mes blagues sales, parce que je suis toujours féminine, Angie dit que j'incarne ce que les autres ne sont pas.
Mardi 7 décembre 2010 à 17:16
J'ai la gueule de bois. Mon seul repas jusque là aura été constitué de deux madeleines, le jus d'orange ayant malheureusement choisi de reprendre sa liberté après une visite éclair de mon estomac.
Je repasse le fil de la soirée.
Le photographe me rappelle, demandant pourquoi j'avais essayé de le joindre.
"Pour rien.
- Comment ça ?
- Pour rien, j'ai dit.
- Il t'es rien arrivé de grave ?
- Non. Ah si, j'ai écrit.
- Lis.
- Non.
- Allez, lis.
- Non.
- Ok, tu me l'envoies alors ? Et je le lirai.
- Oui. Peut-être, je sais pas.
- Tu veux venir avec ta copine Angie ce soir ? Vous prenez la bagnole et vous vous ramenez.
- Bof.
- Allez, venez, on va se faire un truc posé.
- Ok, je l'appelle et on voit. Je te rappelle.
- Hé, Maïa...
- Quoi ?
- Je t'embrasse."
Il raccroche et je shoote dans la neige, agacée. Je sais que je vais devoir passer ma prochaine heure au téléphone, à faire la jonction pour parvenir à une quelconque organisation. Et cet enfoiré a raccroché alors que je lui ai bredouillé un truc totalement stupide, enfin, ça arrive. Je motive Angie, qui accepte, tente de le rappeler, ne laisse pas de message. Il finit par me dire qu'il n'est pas motivé finalement, bien que je soupçonne plutôt son pote d'avoir fait foirer cette sympathique soirée entre amis, il m'écrit aussi que la semaine prochaine il viendra me voir, il viendra chez moi, ça me fout en colère et pourtant je ne dis pas non. Je lui dis de me redire ça dans le courant de la semaine. Je me fous un peu de ne pas le rejoindre ce soir-là, puisque les autres étant là, je n'aurais pas pu dormir avec lui, mais Angie est énervée et me dit de lui envoyer un message de sa part, lui disant d'aller se faire sodomiser à la scie sauteuse.
Elle passe quand même me chercher à 21h, et on se dirige vers un supermarché parce que j'ai envie de boire, et qu'on est pauvres. On prend une bouteille de vodka, un pack de bières et deux briques de jus. Nous nous en tirons honorablement pour même pas 15€. Elle se gare dans le cimetière et nous nous enfermons dans la morgue, il s'ensuivra une longue conversation sur la manipulation et les moyens d'arriver à ses fins. On parle, on fait des vidéos débiles, on parle encore, et on décide de prendre la bagnole, dedans on gueule et on chante. J'allume deux cigarettes et en tend une à Angie.
Il est 5h du matin, nous sommes en haut de la côte, dans un parc, et tout Paris est à nos pieds, nimbé de brouillard. Je dis en riant : "Si aux alentours de 20 ans, tu n'as pas bu un verre dehors au mois de décembre avec Paris à tes pieds, tu as raté ta vie." Je me tiens campée face au garde-fou, les pieds plantés dans des restes de neige gelés, j'ai une cigarette dans une main et mon verre dans l'autre. Il fait tellement froid qu'on en a mal aux mains.
On remonte dans sa bagnole, la musique à fond, et nous allons au bord du lac pour finir les bières, et vider la dernière goutte de vodka. On parle de sexe, bien évidemment, et je lâche : "Remarque, quand je suçais la queue d'un de mes ex, c'est juste que j'étais extrêmement polie, c'était un remerciement pour l'alcool qu'il me fournissait éventuellement, et puis ça rendait service." Elle se marre, me demande duquel je parle, quand je lui dis elle rigole encore plus et acquiesce entre deux hoquets. Je lui parle du photographe et de cette merde noire, et de ce bonheur incroyable. Je dis que contre toute attente, lui et moi on est heureux.
Elle me demande si elle peut dormir chez moi, je lui dis que ça marche, qu'elle dormira avec moi. Je lui passe mon t-shirt des Sex Pistols pour la nuit, on se couche et je la prends dans mes bras, nous emmêlons nos jambes.
Je m'endors le nez dans ses cheveux. Il est 7h du matin.
Il est à présent 17h, j'ai toujours mal au crâne même si je n'étais pas réellement ivre, je crois juste que mon corps en a assez de ce que je lui fais subir, de ces nuits absurdes, du manque de sommeil.
J'ai passé l'après-midi à lire dans mon lit, et mon chat est jaloux parce que je n'ai pas dormi avec lui.
Le photographe est muet. Et en route pour Orléans, accessoirement.
Angie est rentrée chez elle, je suis descendue lui ouvrir la porte vers 12h. Quand je suis remontée, ma chambre sentait la cigarette et son parfum.
Je me suis connectée sur Facebook par habitude, et toujours rien d'intéressant. J'emmerde les réseaux sociaux, en réalité.
Au final, je picole, je fume, j'ai une amie et un amant.
Et bientôt 22 ans.
Lundi 6 décembre 2010 à 16:00
Qu'est-ce que tu baragouines entre tes dents serrées, tes lèvres plissées, tes yeux ébréchés ?
Tu es amère comme l'absinthe, consommable avec un sucre pour les faibles, cul-sec pour les forts fous. Et si ta tête creuse un trou dans la table, crois bien que cela fera un choc si terrible que de ton front pur couleront tes rêves sans un bruit, si le silence se fait le plic-ploc de ta cervelle sur le sol carrelé de blanc, veiné de noir, éclaboussant les escarpins de femmes dégoûtées et les souliers d'hommes intrigués.
J'imagine tes longs cheveux répandus en couronne, et tes mains si pâles étalées sur la table, les doigts un peu recroquevillés, comme pour se refermer sur des mots d'amour trop vite passés. Et les bagues à tes doigts, les breloques à tes poignets perdront tout sens, oubliés de tous et de toi seule, alors je te tresserai les cheveux, je redresserai ce corps à caler contre le dossier de ta chaise branlante, passerai ma paume sur tes paupières violettes, et presserai ma bouche à tes tempes moites de sueur.
Une goutte suinte à ta joue, et tes yeux d'émeraude balbutient.
De tes lèvres desséchées s'échappe un souffle, je me penche, tu éructes :
"Une cigarette, bordel."
Tu es amère comme l'absinthe, consommable avec un sucre pour les faibles, cul-sec pour les forts fous. Et si ta tête creuse un trou dans la table, crois bien que cela fera un choc si terrible que de ton front pur couleront tes rêves sans un bruit, si le silence se fait le plic-ploc de ta cervelle sur le sol carrelé de blanc, veiné de noir, éclaboussant les escarpins de femmes dégoûtées et les souliers d'hommes intrigués.
J'imagine tes longs cheveux répandus en couronne, et tes mains si pâles étalées sur la table, les doigts un peu recroquevillés, comme pour se refermer sur des mots d'amour trop vite passés. Et les bagues à tes doigts, les breloques à tes poignets perdront tout sens, oubliés de tous et de toi seule, alors je te tresserai les cheveux, je redresserai ce corps à caler contre le dossier de ta chaise branlante, passerai ma paume sur tes paupières violettes, et presserai ma bouche à tes tempes moites de sueur.
Une goutte suinte à ta joue, et tes yeux d'émeraude balbutient.
De tes lèvres desséchées s'échappe un souffle, je me penche, tu éructes :
"Une cigarette, bordel."